REVITALISER LES FRICHES INDUSTRIELLES
Avec l’avènement des sociétés post-industrielles, les métropoles modernes se sont retrouvées avec de nombreux équipements et infrastructures industriels dont elles ne savaient plus quoi faire. Des quartiers entiers se retrouvaient sinistrés, collectionnant friches industrielles, bâtiments désaffectés et installations délabrées. Comme le souligne Gérard Beaudet, directeur de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal, "il fallait surtout se donner les moyens de relever le défi de la redynamisation et de la requalification de ces emplacements, dont plusieurs ont joué un rôle de premier plan du point de vue de l’urbanisation, du façonnement des paysages de la ville et de son développement économique".
À Montréal, le Vieux-Port est un bel exemple de la revitalisation réussie d’un ancien secteur industriel. Mais il y en a d’autres, comme le faubourg des Récollets (devenu Cité Multimédia) ou le projet prévu sur le site de l’ancienne gare de triage d’Outremont.
L’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal a voulu nous donner une image claire des enjeux de la revitalisation des anciens sites industriels de Montréal, à travers une exposition qui présente le travail d’un des acteurs majeurs de ce type d’intervention dans la Métropole, l’agence d’architecture et d’urbanisme Cardinal Hardy.
LE GROUPE CARDINAL HARDY
Né il y a une vingtaine d’années, le Groupe Cardinal Hardy s’est démarqué très vite par son approche multidisciplinaire de la ville. Dotée de sa propre équipe d’architectes, d’urbanistes et d’architectes-paysagistes, cette firme a eu l’originalité d’être capable non seulement de proposer une réflexion sur la ville, mais aussi de réaliser les fruits de cette réflexion.
Le Vieux-Port constitue le premier grand projet d’aménagement urbain de la société. Le plan directeur prévoyait de redonner à la population l’usage d’un territoire en friche, tout en lui conservant son caractère industriel, élément important de l’histoire de la Métropole. C’est ainsi que, plutôt que d’enlever les jetées, on en fit des promenades, et que les nouveaux pavillons adoptèrent les gabarits des anciens hangars. Plus à l’ouest, on réhabilita les vieilles écluses, et aujourd’hui, tout, dans l’aménagement paysager et le mobilier urbain, veut raconter l’histoire du premier port au Canada.
"Chaque fois qu’une étude préliminaire était faite pour un secteur donné, elle amenait l’agence à étudier un secteur adjacent, afin de dégager une vision globale de l’ensemble", explique Joanne Godin, architecte chez Cardinal Hardy et la conservatrice invitée de l’exposition. C’est pourquoi le réaménagement du Vieux-Port va déboucher sur la revitalisation du faubourg des Récollets, qui lui-même amènera à redéfinir l’ancien quartier de Griffintown (avec l’ETS), plus à l’ouest, puis les abords du canal de Lachine… Chaque fois, Cardinal Hardy est confronté au même enjeu: comment réhabiliter un existant tombé dans l’oubli, mais porteur de mémoire.
L’EXPOSITION
Pour l’occasion, le Centre d’exposition de l’Université de Montréal sera meublé de cinq grandes tables, présentant chacune les projets d’aménagement de cinq grands secteurs réalisés par Cardinal Hardy: le Vieux-Port, le secteur industriel du canal de Lachine, la gare de triage d’Outremont, le Vieux-Montréal et les faubourgs et le centre-ville.
Tout autour, des bannières murales donneront une vision macro de la localisation et de la configuration de ces territoires. En outre, des vidéos alimenteront le débat sur l’avenir de Montréal, à partir d’entrevues faites avec Gérard Beaudet et Georges Adamczyk, directeur de l’École d’architecture de l’Université de Montréal.
À travers cette exposition, nous aurons l’occasion de mieux comprendre la réalité de la revitalisation d’anciens territoires industriels, qu’elle soit réalisée (le Vieux-Port), en cours (le quartier Concordia) ou en projet (la gare de triage d’Outremont). Mais nous en saurons aussi davantage sur des projets plus ponctuels. Car, comme il est indiqué précédemment, le Groupe Cardinal Hardy s’est illustré non seulement par la réalisation d’études urbaines, mais aussi par la construction de bâtiments (recyclés ou non). Ce sont eux, par exemple, qui ont réhabilité les anciennes usines Redpath Sugar, sur les bords du canal de Lachine, pour en faire des lofts de luxe. Ce sont aussi eux qui ont dégagé avec brio le parvis de l’église St. James, sur la rue Sainte-Catherine.
Projet d’une ville – Territoires stratégiques (Les réalisations, les projets et les réflexions du Groupe Cardinal Hardy)
Jusqu’au 16 décembre
Au Centre d’exposition de l’Université de Montréal, pavillon de la Faculté de l’aménagement (2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine)