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Vêtements de sport : Techno chaud

Les fabricants de vêtements de sport rivalisent d’ingéniosité pour créer des produits performants et confortables, qui gardent au chaud et au sec. Leur principal allié dans cette quête: la technologie.

Gore-Tex, HyVent, eVent, Omni-tech, Accu-Dri, Microban, Thermoflex, Thermolite… On se croirait dans un colloque de concepteurs de combinaisons spatiales de la NASA plutôt que dans un magasin de plein air… Ces marques qui ornent les étiquettes désignent en fait des tissus ou encore des membranes, des enduits ou des traitements appliqués sur les fibres afin de rendre les vêtements respirants, imperméables et résistants aux bactéries. Toujours perdus? Patience, les éclaircissements s’en viennent.

LES FIBRES

Ne cherchez plus de combines en coton sur les tablettes, elles ont disparu depuis belle lurette. Normal: comme cette fibre n’évacue pas bien l’humidité, du moment qu’on sue, le froid s’installe en deux temps trois mouvements. Performance rime dorénavant avec fibres synthétiques, en majorité dérivées du plastique, donc de produits du pétrole: polyester (dont une des formes bien connues est le polar), polypropylène…

Parmi les nouveaux chouchous: le PrimaLoft. Apprécié pour sa minceur et ses impressionnantes capacités isolantes, ce polyester conserve l’air et prend de l’expansion quand il fait froid. "C’est ce qui ressemble le plus au duvet, note Daves Raymond, directeur du département du vêtement chez Latulippe. Les compagnies haut de gamme comme The North Face et Chlorophylle l’utilisent. Les manteaux en PrimaLoft sont plus ajustés, ce qui est très apprécié, surtout par les dames…"

Encore une preuve qu’on n’arrête pas le progrès, la compagnie Schoeller a tiré profit des nanotechnologies pour créer c_change, une sorte de tissu "intelligent". Quand on a chaud, ses pores s’ouvrent afin d’évacuer l’humidité, et quand on a froid, ils se resserrent pour conserver la chaleur. Plus besoin d’apporter des pelures!

LES MEMBRANES ET ENDUITS

Laminés directement sur le tissu à l’intérieur du vêtement, les membranes et les enduits ont comme fonction d’évacuer l’humidité, de couper le vent et d’imperméabiliser. Première membrane imperméable ET respirante, le Gore-Tex, créé en 1978, est sans doute la plus connue de toutes. Constitué entre autres de téflon, il compte des milliers de pores assez grands pour laisser s’échapper la vapeur d’eau (la sueur), mais trop petits pour laisser entrer l’eau sous forme de gouttes (la pluie, la neige).

LES TRAITEMENTS IMPERMÉABILISANTS

Si les membranes garantissent une certaine imperméabilité, elles gagnent souvent à voir leur action complétée par un traitement déperlant, appliqué sur la face extérieure du tissu. "Si l’extérieur du vêtement est mouillé, la vapeur d’eau ne pourra être évacuée", explique Guillaume Pomerleau, conseiller chez Mountain Equipment Co-op. Le DWR (durable water repellent) est le déperlant le plus utilisé. S’il n’a pas été appliqué par le fabricant, on peut l’acheter sous forme de vaporisateur. Comme ces traitements ont une durée de vie limitée, on doit réactiver l’imperméabilité à l’occasion, soit avec un vaporisateur, soit avec des produits déperlants qu’on verse dans la laveuse, comme en proposent les compagnies Granger et Holmenkol.

La plume d’oie n’échappe pas aux traitements de ce genre. "On doit la rendre hydrophobe, car quand elle prend l’eau, elle tape et est donc moins chaude", explique Guillaume Pomerleau. Fait à noter: il faut laver les vêtements bourrés de plume d’oie avec des savons à duvet, sinon la plume perd son huile, se dessèche et devient moins isolante.

LES TRAITEMENTS ANTIMICROBIENS

Malgré leurs qualités respirantes, les fibres synthétiques souffrent d’une fort désagréable faiblesse: elles s’avèrent un nid de prédilection pour les odeurs corporelles. Et comme on peut puer même en plein air (oui oui!), les fabricants n’ont d’autre choix que de traiter leurs vêtements contre la prolifération des bactéries. Pour ce faire, ils utilisent souvent des ions d’argent, mais quelques compagnies comme Patagonia, avec ses dérivés d’acides aminés, ont développé des technologies plus écolos, non toxiques, hypoallergiques et non polluantes. Les traitements antimicrobiens ont eux aussi un défaut: ils disparaissent après une trentaine de lavages et sont non renouvelables. Il faut donc changer ses vêtements fréquemment si on ne veut pas se retrouver à jouer dehors tout seul…

ET L’ENVIRONNEMENT?

Vous l’aurez deviné, comme ces tissus et ces produits sont synthétiques ou chimiques, ils ont forcément un impact sur l’environnement. Certaines compagnies ont fait de grands pas pour pallier cette dimension moins réjouissante. Plusieurs vêtements Patagonia sont faits de polyester et de bouteilles de plastique recyclés. C’est aussi le cas des polars MEC. On peut d’ailleurs déposer nos vieux vêtements de polar au magasin pour recyclage ultérieur.

Entre performance et respect de l’environnement, la techno réussira-t-elle à trouver un juste équilibre?