Ce coin de Montréal étant le quartier touristique par excellence, on est forcé de demander: les touristes ne tapent-ils pas sur les nerfs des résidents? "Non, ils sont tous gentils, les touristes! Ils sont même utiles. Grâce à eux, il y a des calèches et grâce aux calèches, je peux marcher en plein milieu de la rue sans me faire klaxonner par les voitures, prises derrière les chevaux", répond Jean, un Vieux-Montréalais, humoriste de surcroît.
D’ailleurs, en emménageant dans le Vieux-Montréal Jean a trouvé des gens dignes de son humour: "Ce qu’il y a de plus étonnant ici, c’est la bonne humeur des gens! Le voisinage est toujours souriant. Personne n’est snob. Mon voisin est un directeur de banque et il arrose mes fleurs avec plaisir lorsque je m’absente… J’ai habité sept ans sur le Plateau et je ne connaissais même pas mes voisins."
À part d’être enjoués et amicaux, il y a fort à parier que les résidents du quartier sont également tous très bien nantis. "Non, ce n’est pas vrai, c’est comme lorsque l’on dit que tous ceux qui habitent le Plateau sont des artistes. Ici, il y a plein de genres de monde…" On veut bien le croire poliment, mais doutons tout de même qu’il y ait beaucoup d’assistés sociaux qui partagent l’étage de son immeuble, rue Saint-Paul à l’angle de Saint-Sulpice…
VIRÉE DANS LE VIEUX
Jean est un bon vivant, il aime siroter – ou siffler – des Jack & Cokes en bonne compagnie. Il prend un vilain plaisir à faire la fête, quoi! Comment pourrait-il en être autrement puisque depuis son appartement, il a vue sur la terrasse du Verses Bar, campée sur le toit de l’Hôtel Nelligan, rue Saint-Paul. "Il m’arrive même d’y voir des amis de chez moi… je vais souvent les rejoindre. L’endroit est hyper-sympa et il s’y fait de très bons partys. Surtout pendant la Formule 1, car plusieurs touristes et coureurs y dorment. L’été dernier, on a célébré abondamment sur la terrasse jusqu’aux petites heures."
Autre hôtel, autre bar, même style chic: la Suite 701 de l’Hôtel Place d’Armes, rue Saint-Jacques. C’est beau, ça y brille de luxe et la fête est au rendez-vous. "Les jeudis, vendredis et samedis, il y a énormément de monde. Du beau monde… et de la bonne musique." Si c’est trop bondé – ou s’il n’y a pas assez de belles proies à son goût -, Jean n’est pas en reste. Il va droit au Confessionnal, rue McGill. "C’est un bar très agréable, il est populaire depuis qu’il a ouvert l’été dernier, je suis convaincu qu’il sera aussi rempli cet hiver. L’ambiance est très désinvolte, c’est définitivement une place "pas catholique"."
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Jean n’est pas un mec qui ne se nourrit que de drinks et de clopes. Il apprécie aussi la cuisine de bon nombre de restaurants du quartier, à commencer par le Holder, rue McGill. "C’est un incontournable pour bouffer à toute heure. C’est toujours plein à craquer. C’est aussi une excellente place pour des 5 à 7 les jeudis et vendredis." Un peu plus bas, sur la rue Saint-François-Xavier, siège un autre resto que Jean fréquente régulièrement, Le Garde-Manger. "C’est une cuisine du terroir très conviviale. Ils ont un petit menu qui change tous les jours. Et le soir, ça finit souvent en gros party!" Décidément, bouffe et bamboula, pourquoi pas!
ooo
MON DEUX-ÉTAGES DANS LE VIEUX
Chose certaine, dans son appartement de 1700 pieds carrés sur deux étages, Jean ne se marche pas sur les pieds, même en titubant. Aires ouvertes sur chaque étage, deux magnifiques salles de bain au look ultramoderne, déco minimaliste… pour peu, on se croirait dans un des chics hôtels du coin. D’autant plus que la vue sur les quais du Vieux-Port est digne des cartes postales vendues dans les boutiques voisines. Mais sans dénigrer la beauté du paysage, la véritable attraction chez Jean est son divan: immense, unique et impressionnant! Dans des tons de vert, rose et orangé, non seulement l’agencement des couleurs est à couper le souffle, mais les tissus également. Pas d’imprimés, que de la broderie. Il s’agit là d’un véritable objet de collection. "Je l’ai fait faire sur mesure, exactement comme je le voulais. La structure a été fabriquée par un matelassier et une couturière, Manon Bourcier, s’est chargée de confectionner les coussins, qui sont interchangeables… J’adore vraiment mon divan!" Hélas, l’histoire ne dit pas s’il arrive à cet oiseau de nuit de passer des soirées bien calé dans son sofa.