Souvent, qui dit antiquités dit collectionneurs. Et, des collectionneurs, il y en a pratiquement pour tout type d’objets. "Il y a des collections de tout ce que vous pouvez imaginer", lance l’ethnohistorien Michel Lessard, auteur, notamment, de la Nouvelle Encyclopédie des antiquités du Québec (Éditions de l’Homme). Au fil des rencontres, il aura pratiquement tout vu: des chapelets aux horloges, en passant par les coffres à outils et bien, bien d’autres choses. Des objets parfois placés théâtralement, sur un socle en plexiglas par exemple, question "d’apporter une touche émouvante dans l’intérieur d’une maison".
Mais, parfois, il s’agit aussi d’un choix d’aménagement: pour agrémenter une maison ancienne, certains décident de jeter leur dévolu sur des objets d’autrefois. "Ces gens-là veulent retrouver le parfum d’antan avec des objets anciens", note M. Lessard. Des objets utilitaires ou décoratifs qui, de plus en plus aujourd’hui, sont choisis pour leur aspect esthétique plutôt que pour leur valeur identitaire liée à l’héritage associé aux objets. "Les gens acquièrent des objets parce qu’ils trouvent que ça leur parle sur le plan de la forme", remarque-t-il.
Les considérations esthétiques amènent toutefois les intéressés à aller puiser dans plusieurs périodes, du classicisme à la postmodernité. Toutefois, il semblerait qu’au Québec, il y ait un préjugé favorable pour la période de la Nouvelle-France et le 18e siècle rural. "Cette période-là a été beaucoup chassée par les collectionneurs, mais on ne l’a quand même pas épuisée. Les greniers sont encore remplis, mais, aujourd’hui, les gens sont beaucoup plus éveillés qu’ils ne l’étaient par le passé quant à la valeur des choses", indique Michel Lessard.
ET LE 20E SIÈCLE?
Par ailleurs, une autre période est tranquillement en train de devenir de plus en plus populaire chez les amateurs: le 20e siècle. "Il y a des gens qui achètent des maisons des années 1910, 1920, 1930 ou encore des bungalows des années 1950-1960 et qui veulent retrouver le parfum de ces époques", souligne M. Lessard. Au-delà de l’aménagement, c’est aussi les électroménagers que l’on cherche, répare, remet en état de marche. Mais, malgré la demande croissante, il n’en reste pas moins que le Québec y arrive avec un certain retard. "On s’ouvre au 20e siècle, mais on s’y ouvre tardivement, bien après les États-Unis", explique-t-il. Cela, bien entendu, a également une influence sur les prix… Par exemple, un fauteuil Morris vendu presque 4000 $ US à New York pourra se trouver pour la modique somme de 200 $ dans la Belle Province.
D’ailleurs, question de s’assurer de la valeur des choses, Michel Lessard recommande de consulter des sites Internet comme eBay, où l’on pourra voir le prix d’achat d’un grand nombre d’antiquités. Ou encore de consulter plus d’un antiquaire en ce qui concerne la valeur de l’objet.
Mais, malheureusement, même si le 20e siècle gagne en renommée, certains types d’objets ou certaines périodes, peut-être plus récentes, restent de grandes oubliées. Le rotin. L’art déco. Et plusieurs autres. "Trop souvent, le passé proche et les productions culturelles ne sont pas salués chez nous", déplore M. Lessard. Ainsi, aujourd’hui, c’est aussi l’international qui s’ouvre plus à certaines productions québécoises, anciennes ou récentes…