Vie

Galerie Monopoli : Montréal 2108

La galerie Monopoli expose aujourd’hui le résultat d’un an de réflexion des étudiants de l’École d’architecture de l’Université de Montréal autour de la vision d’un Montréal du futur.

UN OUVROIR DE PROJETS POTENTIELS

Qui a dit que l’architecture devait être sérieuse, voire ennuyeuse? Sûrement pas l’OUPROPO (OUvroir de PROjets POtentiels), cet atelier très spécial de l’École d’architecture de l’Université de Montréal qui invite, depuis sept ans, ses étudiants à partir dans des délires créatifs. Comme ses illustres prédécesseurs européens des années 1960 et 1970 (les OULIPO et autres OUXPO), l’OUPROPO s’inspire de la pataphysique, cette science des solutions imaginaires telle que la définissait l’écrivain Alfred Jarry. "Comme tous les ouvroirs, celui-ci n’est pas placé sous l’égide d’une autorité humaine (même compétente), mais sous la double autorité inhumaine de la règle auto-imposée et de sa transgression automatique", peut-on lire dans le manifeste de l’atelier.

Loin d’être un canular, il s’agit bien d’une démarche positive qui vise à aider les étudiants à remettre en question leurs habitudes de travail et leurs perceptions, afin de développer leur créativité et leur capacité à concevoir des projets originaux. "Le message que l’on veut passer est que les meilleurs architectes sont ceux qui sont capables de reformuler une commande, plutôt que de la subir", rapporte Jean-Pierre Chupin, responsable de l’OUPROPO.

CORRESPONDANCES

Chaque année, les étudiants travaillent sur un thème ouvert (la piscine comme lieu de rassemblement, l’architecture comme accompagnement thérapeutique, etc.), en adoptant une démarche pédagogique empruntée aux principes de la pataphysique. En particulier, on les amène à développer leur pensée analogique, à l’instar d’un Le Corbusier qui regardait un bâtiment comme une machine. "L’architecture doit répondre à des contraintes très différentes, esthétiques, spatiales, techniques, etc. La pensée analogique permet de créer les liens nécessaires à l’obtention d’une vision globale", explique Jean-Pierre Chupin.

Les exercices proposés peuvent être simplement d’aller au Dollarama pour réunir des objets qui vont aider l’étudiant à appréhender la complexité d’un projet en matière de formes, de matières, de couleurs, etc. Mais ils consistent aussi à retravailler les trois supports d’expression de l’architecte que sont le texte, l’image et la maquette. "Très vite, chaque étudiant prend l’habitude d’utiliser toujours les mêmes mots et les même formes pour exprimer une vision. On lui apprend à remettre en question sa pratique pour aller plus loin."

Le résultat de ces travaux donne des projections architecturales et urbanistiques aussi riches que curieuses, à l’image de ce que l’OUPROPO présente aujourd’hui à la galerie Monopoli, à partir du travail réalisé par ses étudiants en 2007.

ICI, DANS 100 ANS

Pour l’occasion, la galerie Monopoli est transformée en agence d’information touristique montréalaise de l’année… 2108. "L’idée était d’explorer une période trop lointaine pour être prévue avec exactitude, et donc de partir du principe qu’on allait se tromper!" précise Jean-Pierre Chupin. Au centre de la galerie, trône une grande maquette reproduisant un schéma d’un Montréal du futur, ironiquement défini à partir du projet initial du métro, tel qu’il était prévu en 1967. De nouvelles stations imaginaires renvoient à 16 projets détaillés sur de larges panneaux. Chaque projet fait référence à une thématique particulière. Car il ne s’agit pas simplement de bâtiments aux allures futuristes.

Au-delà de formes architecturales originales, ces projets nous présentent une vision du Montréal de demain, en filigrane de laquelle se dessinent des enjeux socioéconomiques donnés. On y aborde, par exemple, de nouvelles formes possibles de communautarisme, nées de la densification du tissu urbain. D’autres projets traitent des nouveaux rapports à la vie et à la mort. La réflexion porte également sur l’incidence que la pollution pourrait avoir sur la morphologie des villes. Une quatrième thématique, plus optimiste, part du principe que les technologies du futur permettront au bout du compte d’effacer les erreurs du passé. Finalement, au-delà d’une exposition en forme de délire créatif estudiantin, on verra se dessiner différentes problématiques liées à l’urbanisation de demain. "Il ne faut pas voir ces projets comme une vision naïve de l’avenir mais comme des projections critiques et parfois humoristiques de ce que nous faisons aujourd’hui." De quoi alimenter un début de réflexion (ou un délire?) personnelle sur la direction que prend Montréal en matière de design urbain…

16 beautés étranges: l’architecture de Montréal en 2108
Du 25 janvier au 8 mars
À la galerie Monopoli
181, rue Saint-Antoine Ouest à Montréal (métro Place-d’Armes)
Tél.: 514 868-6691