Selon Statistique Canada et les Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques, les élèves qui prennent une "sabbatique" ou qui font une pause après leurs études secondaires ne seraient pas pénalisés plus tard dans leur vie professionnelle.
L’étude, menée auprès de 26 000 élèves à travers tout le Canada, a débuté en 1999 et suit encore le parcours de ces mêmes personnes depuis leurs études secondaires jusqu’à leurs études collégiales ou universitaires, et ensuite sur le marché du travail. Les découvertes précoces publiées récemment sont basées sur des résultats obtenus entre 1999 et 2003, mais les chercheurs ont aussi l’intention de publier les résultats qu’ils auront obtenus après 10 ans d’observation.
Fait intéressant, les hommes seraient plus enclins que les femmes à faire une pause au cours de leurs études, au dire de Patrice de Broucker, chercheur pour Statistique Canada. On a aussi remarqué un taux beaucoup plus élevé d’arrêt d’études temporaire chez les personnes qui ne sont pas nées au Canada. Aussi, le nombre d’élèves ayant fait une pause d’au moins quatre mois au cours de leurs études postsecondaires est considérablement plus bas au Québec, où 55 % des jeunes passent directement du secondaire au cégep.
On remarque en outre que le taux d’arrêt d’études temporaire est plus élevé dans les autres provinces, sans doute à cause des frais de scolarité élevés, ce qui oblige souvent les jeunes à dénicher un emploi qui leur permette de mettre de l’argent de côté pour leurs études collégiales ou universitaires. La recherche a aussi révélé que plus l’économie d’une province était florissante, plus cette effervescence provenait du bassin de jeunes travailleurs. "Environ 41 % des jeunes Albertains ont quitté le secondaire avec ou sans diplôme, passant directement au marché du travail", affirme de Broucker.
En 2003, 30 % des individus qui composaient l’échantillon étaient encore à l’école, alors que 9 % n’avaient pas terminé leur secondaire; 12 % avaient cessé leurs études après l’obtention de leur diplôme d’études secondaires et les autres avaient intégré le marché du travail.
Les résultats ont démontré que le taux de placement était plus élevé chez les élèves qui avaient fait une pause au cours de leurs études, a révélé de Broucker. "Il y a un écart de 8 % entre ceux qui ont fait une pause et ceux qui n’en ont pas fait, à l’avantage de ceux qui ont cessé de fréquenter l’école un certain temps." Cependant, on note que si le taux d’employabilité est meilleur, le salaire n’est pas nécessairement plus intéressant pour ceux qui ont interrompu leurs études. Les chercheurs prévoient d’ailleurs s’intéresser aux écarts de revenus entre les différents sous-groupes lors d’analyses statistiques plus exhaustives.
Même si les résultats obtenus entre 1999 et 2003 ne suffisent pas à expliquer pourquoi ceux qui ont fait une pause d’études ont décroché plus d’emplois, de Broucker émet l’hypothèse que c’est l’expérience acquise durant l’arrêt de leurs études qui aiderait ces jeunes à mieux intégrer le marché du travail après l’obtention de leur diplôme.