Comme ce sera bientôt le 14 février, on a pensé vous raconter une histoire d’amour. D’amour et de kitsch. Ça commence comme ça: la première fois qu’ils se sont vus, c’était à la boutique Cruella. Lui, c’était le propriétaire, elle, la cliente. Elle portait un pantalon noir avec une frange blanche western sur le côté. Lui était en look cuir total, la jambe du pantalon décorée de boucles de ceinture. Amélie (Thériault) et Richard (Goulet) se sont reconnus. Le coup de foudre a été immédiat, peu importe qu’elle ait eu 22 ans et lui le double. Ils étaient au même diapason, à 20 ans d’écart. Cinq ans plus tard, le couple a donné naissance à la boutique Kitsch’n Swell. Un prolongement de leur incroyable univers et de leur (encore plus incroyable) salon.
Le résultat ressemble à une caverne d’Ali Baba remplie des souvenirs de feu matante Gertrude, accro aux tapisseries fleuries, aux tables à pique-nique en formica rose et aux tapis tressés représentant des Indiens et des petits chiens… Enfin, si matante Gertrude avait tâté des drogues dures. Parce qu’il y a là aussi un coin tiki et un coin western, des photos de Betty Page et des lampes rococo, des imprimés zèbre et léopard, des accessoires décoratifs "mexicains" et des tableaux de jeunes filles chinoises… Amélie et Richard les ont trouvés dans des bazars, des sous-sols d’église, des ventes de garage. Ils les ont sauvés d’une mort certaine (certains se demanderont pourquoi) et leur ont redonné une nouvelle vie. "Le kitsch a une histoire, dit Richard. On préserve ainsi une partie du patrimoine québécois."
QUESTION DE (MAUVAIS) GOÛT?
Les objets qu’ils ont si amoureusement sauvés des ordures datent de l’après-guerre et vont jusqu’aux années 70. Une époque de consommation effrénée, où les "5-10-15" (les Dollarama de l’époque) offraient à tout un chacun la possibilité d’acheter des trucs moches à bas prix. Une époque où le "made in China" n’existait pas encore… parce qu’il y avait le "made in Japan". "Après la guerre, le Japon s’est mis à fabriquer des cochonneries d’un inconcevable mauvais goût, raconte Richard. Le "made in Japan" était synonyme de cheapette à l’époque. Tout le monde en achetait."
En faisant le tour de leurs trésors de guerre, Amélie et Richard rigolent franchement. Oui, ils aiment. Mais non, ils ne sont pas fous ni aveugles: "Il faut donner dans l’ironie pour aimer ça, explique Amélie. Il faut savoir ne pas se prendre au sérieux." "On trouve ça tellement laid que c’en est beau, renchérit Richard. Si on trouvait ça juste beau, on serait quétaines." Le mauvais goût est une question de contexte, disent-ils. Le pire serait d’avoir un objet kitsch dans un décor moderne… Le kitsch, pour eux, est "une exagération", "une surcharge", "une explosion". Et c’est un mode de vie aussi: ils sont habillés rockabilly (du moins à l’oeil du profane) sans s’identifier totalement avec ce mouvement marginal; ils roulent en moto vintage avec un side-car pour le chien; Amélie fait partie d’une troupe de burlesque, etc. Et comme c’est la Saint-Valentin, terminons sur une note amoureuse: ils prévoient se marier à Las Vegas bientôt. Avec des faux Elvis et une fausse Liza Minnelli (la soeur de Richard gagne sa vie comme sosie de l’actrice) comme témoins. Quétaine? On prononce plutôt "kitsch".
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CARNET "KITSCH" DE LA SAINT-VALENTIN /
Boutique Kitsch’n Swell
On y trouve des pasties à coller sur les mamelons, décorées de franges à faire tournoyer pour hypnotiser son homme. Fabriquées main par la pro elle-même, Mlle Oui Oui Encore.
3968, boulevard Saint-Laurent à Montréal
Tél.: 514 845-6789
La Fête de l’amour du Blue Light Burlesque
Une performance de la troupe de Mlle Oui Oui Encore au cabaret La Tulipe, les 14 et 15 février. Amélie en fait partie!
4530, avenue Papineau à Montréal
Billetterie: 514 529-5000
Info: www.bluelightburlesque.com
Cinéma L’Amour
Ça se passe d’explications.
4015, boulevard Saint-Laurent à Montréal
Tél.: 514 849-6227
Restaurant Jardin Tiki
"On n’y va pas pour la bouffe mais pour le décor", dit Amélie.
5300, rue Sherbrooke Est à Montréal
Tél.: 514 254-4173
Tom’s Coiffeur
Le plus vieux barbier en ville. "Il fait encore un dégradé parfait", affirme Richard. Une étape essentielle avant de sortir.
219, rue Saint-Viateur Ouest à Montréal
Tél.: 514 271-3442