Contorsionné dans une position dont on n’aurait jamais imaginé notre corps capable, le coeur palpitant, le souffle qui s’emballe mais qu’on doit maîtriser, on maintient la pose malgré nos jambes qui ont envie de trembler. Puis hop! On saute pour entrer dans une autre posture tout aussi improbable, qui sollicitera des muscles jusqu’alors insoupçonnés. Pas de doute, on sue, ainsi tordu sur notre petit tapis adhérent. Et ce n’est pas la faute du chauffage… éteint.
Que celui qui a dit que le yoga ne mettait pas en forme réaligne ses chakras. Certes, quelques "variétés" mettent l’accent sur l’intériorisation et la relaxation. Mais assurément pas le yoga athlétique qui, lui, vise d’abord et avant tout à faire travailler le corps.
En Inde, où il est né, on l’appelle "yoga des jeunes", car il est enseigné aux enfants et aux jeunes adultes pour assurer leur sain développement. "Les jeunes doivent dépenser plus d’énergie et ont moins besoin de relaxation, une étape qui permet de récupérer", explique Annette Kerckhoff, propriétaire du Centre de yoga Québec et professeure certifiée, qui revendique d’ailleurs l’invention du terme yoga athlétique.
Bien sûr, cette approche n’écarte pas l’objectif de base du yoga: unifier le mental, le corps et la respiration par le biais de diverses postures. Ces dernières sont seulement plus intenses et enchaînées par des sauts énergiques. "Elles demandent beaucoup d’élasticité et de vitalité dans les tissus, de la force musculaire et de l’agilité", précise la professeure. Nombreuses, donc, sont les postures debout et les inversions – des positions où on a la tête en bas, comme la chandelle, la posture sur la tête ou le chien tête en bas. On a chaud, et rapidement. Tant mieux: c’est l’idéal pour assouplir le corps, qu’on pourra alors pousser plus loin sans risque de blessure.
Mais attention, ce n’est pas tout. Question d’augmenter la difficulté d’un cran, il faut aussi harmoniser son rythme respiratoire avec ces mouvements exigeants. La respiration doit demeurer lente et fluide en tout temps. D’où la sollicitation importante de notre cardio: réprimer l’essoufflement lorsque notre coeur pompe, c’est loin d’être évident.
Une séance de yoga athlétique n’a cependant rien d’une scène de torture, soyez sans crainte. Respecter ses limites afin d’éviter toute douleur est un principe de base du yoga. Vrai que c’est exigeant, mais très payant. Après seulement quelques séances, on sent déjà que nos muscles (ceux des jambes particulièrement) ont gagné en force et notre corps en souplesse. Les tensions qui nouaient notre dos et nos épaules ont presque disparu, une nouvelle énergie nous anime et on arrive mieux à contrôler notre respiration – un bénéfice très apprécié des sportifs.
En prime, le yoga athlétique nous détend et améliore notre capacité de concentration. "Les gens décrochent complètement pendant la séance, car ils ne pensent à rien d’autre qu’à accomplir les postures correctement, à bien les enchaîner, à maîtriser leur souffle, relate Mme Kerckhoff, qui ajoute que cette approche renforce aussi l’ego. "Faire des sauts redonne confiance. Le yoga athlétique a parfois un effet saisissant sur les gens timides, anxieux ou introvertis; ils deviennent plus sûrs d’eux."
Et malgré ce que laisse croire son nom d’origine, cette activité ne s’adresse pas qu’aux jeunes: elle convient à tous ceux qui sont en bonne forme physique. Même aux néophytes. Au Centre de yoga Québec, le yoga athlétique est le seul cours "avancé" auquel on peut s’inscrire sans expérience préalable. Une excellente porte d’entrée, donc, pour ceux qui souhaitent s’initier au yoga mais qui redoutent de s’ennuyer dans les approches plus méditatives – notamment les hommes, qui recherchent souvent un défi physique plus intense. À vos tapis, prêts, inspirez!
Centre de yoga Québec
1355, 3e Avenue (Limoilou)
418 525-9642
www.yoga-quebec.net
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NUANCE SOUS CONTRÔLE
Bien qu’ils soient tous axés sur le travail physique, on ne doit pas confondre yoga athlétique, power yoga et ashtanga yoga. La principale différence réside dans le contrôle respiratoire, présent uniquement dans le yoga athlétique. Dans les deux autres approches, on laisse la respiration s’accélérer librement, ce qui les rend moins exigeantes d’un point de vue cardio-vasculaire et respiratoire.