DESIGN PATRIMONIAL
Samare, c’est le fruit hélicoïdal de l’érable. Mais c’est aussi un jeune collectif montréalais qui s’appuie sur des techniques et des matériaux ancestraux pour faire émerger un design à mi-chemin entre culture traditionnelle et modernité. S’ils se sont rencontrés pendant leurs études en architecture à Montréal, Laurie et Mania Bedikian, Patrick Meirim de Barros et Nicolas Bellavance-Lecompte ont ensuite pris des orientations différentes. Patrick et Mania ont poursuivi en architecture, tandis que Laurie a étudié à Londres en design d’intérieur et que Nicolas a fait une maîtrise en arts visuels à Berlin.
Forts de leurs expériences complémentaires, les quatre jeunes gens formaient, il y a deux ans, le collectif Samare: "Nous voulions nous appuyer sur notre histoire et notre culture nationale pour créer un design nouveau, à la fois porteur d’une identité forte et capable de s’adapter à d’autres environnements culturels", explique Mania Bedikian.
Pour ce faire, ils lancent leur première collection de meubles AWADARE, un mot aborigène qui signifie littéralement "nous y vivons".
DES MEUBLES EN BABICHE
Chaque pièce combine une structure métallique géométrique légère à un tressage en babiche, ces lanières de cuir naturel utilisées par les Premières Nations de l’Est du Canada pour la fabrication de raquettes. "Pour nous, la notion de développement durable est autant liée au choix des matériaux qu’à la sauvegarde de techniques artisanales ancestrales qui font partie de notre patrimoine culturel", souligne Laurie Bedikian. Outre cette importance de l’artisanat dans la démarche créative du collectif, la force évocatrice du matériau aussi compte pour beaucoup. "Lorsque nous avons fait nos premières présentations, il y avait toujours une personne pour nous raconter une histoire associée à la babiche", se souvient la designer.
Pourtant, les meubles de Samare vont au-delà de la simple réutilisation d’un matériau qui rappelle nos origines. En fait, leur vocation est de réinterpréter la matière en l’associant à un design moderne, utilisant le métal et des techniques de pointe (la coloration de certaines chaises est obtenue par des finis utilisés pour les motomarines et les motoneiges). Du coup, chaque pièce de la collection renvoie à une image iconographique. Il y a Mush!, la chaise longue qui évoque le traîneau à chiens, et le siège Capitaine qui réinvente le fauteuil en bois traditionnel d’origine britannique. De son côté, la chaise Territory, légère, empilable et au design minimaliste, matérialise la dureté de notre climat et la simplicité majestueuse de nos horizons nordiques infinis.
L’EXPOSITION CHEZ COMMISSAIRES
Samare a été sélectionné pour présenter sa collection au prochain Salon Satellite de Milan, ce tremplin de la jeune création internationale organisé dans le cadre du Salon international du meuble de Milan. "C’est la première fois en 12 ans qu’un collectif québécois est sélectionné", remarque Laurie Bedikian. D’ici là, la galerie Commissaires de Montréal nous donnera l’occasion de voir en avant-première ces meubles qui doivent partir pour l’Italie en avril prochain. "Il fallait souligner le fait que des designers ont réussi à se sortir de notre petit cercle local pour se donner une visibilité internationale, et ce, sous un branding très Canadian", commente Pierre Laramée, propriétaire de la galerie. Pour compléter l’exposition, ce dernier a invité plusieurs designers et artistes (Sylvie Laliberté, François Morelli, Guy Pellerin, Étienne Hotte, Michel Parent, les designers du collectif Rita et Guillaume Sasseville) à transposer dans leur univers créatif certaines pièces de la collection AWADARE.
Après Milan, les designers de Samare ont l’intention de profiter de leur présence en Europe pour organiser une tournée dans différents salons commerciaux et galeries, jusqu’en janvier 2009. Après cela, une nouvelle collection devrait voir le jour. "Nous allons continuer à faire revivre des matériaux traditionnels dans des objets au design international, afin de donner à ceux-ci une identité culturelle forte", prédit Mania Bedikian. Mais il faudra attendre l’an prochain pour en savoir plus…
Du 28 février au 8 mars
À la galerie Commissaires
Info: www.commissairesonline.com