Vie

Designers et graphistes : Faire sa marque

Une armée de designers et de graphistes colore l’environnement urbain. Ils sont souvent dans l’ombre des événements dont ils font la promotion, aussi les voit-on sans les entendre.

Il semble qu’il y ait plus de produits à vendre que de place pour en faire la publicité. C’est ce qui explique la pagaille qui règne sur les colonnes Maurice, les poteaux de téléphone, les murs des terrains vagues et des salles de bain publiques, etc. L’espace urbain est devenu le lieu d’un débat où chaque produit cherche à attirer votre attention et à gagner votre vote. Dans l’arrondissement de La Cité, la publicité officielle nous laisse froids la plupart du temps et, paradoxalement, les graffitis nous plaisent parfois plus.

Rencontré chez Platine, le disquaire souterrain de la rue Saint-Jean, Simon Sévigny, directeur artistique de la compagnie de design Cinquante-cinq, est branché à la fois sur le design urbain et sur la musique. "Mes deux grosses passions, c’est la musique et le design graphique. Je ne pourrais pas trouver quelque chose de mieux que de faire des flyers, des posters, des pochettes de disques. C’est la combinaison parfaite, le meilleur des deux mondes, et je voudrais en faire plus." Il est l’artisan derrière les maquettes des albums de Pascale Picard et des Batinses, pour ne nommer que ceux-là. Avec l’augmentation des ventes en ligne, ne craint-il pas pour son boulot? "C’est triste, mais c’est vrai que les ventes de CD ont baissé, et donc la nécessité d’avoir des belles pochettes. Mais d’un autre côté, il y a de plus en plus de compagnies qui impriment des vinyles en ajoutant des cartes qui permettent de télécharger l’album en ligne gratuitement. Or, les pochettes grand format, ça offre beaucoup de possibilités. Je m’ennuie un peu du temps où on avait le souci d’acheter un bel objet autant qu’un bon disque."

Sévigny s’inspire d’ailleurs de cette nostalgie en exploitant des thèmes plus anciens. "Je me sers beaucoup de textures, de vieilles illustrations que je réutilise dans un contexte plus moderne." Le travail du designer conjugue un monde visuel d’époque avec celui plus moderne d’une communauté de consommateurs plus attirés vers la scène musicale indépendante et les tendances d’avant-garde qu’on identifie souvent aux hipsters. "Ce sont des gens qui sont ouverts sur le côté artistique, donc ils s’intéressent plus à ces choses-là, et je crois qu’ils vont faire eux-mêmes leurs recherches. Ils ont de l’intérêt pour l’objet ou pour le produit et ils vont le respecter pour ça."

Malgré une popularité croissante, cette culture alternative reste souvent dans l’ombre d’une capitale vouée au tourisme et à la fonction publique, mais elle s’exprime toutefois à travers certains créateurs de la région. "Il y a plusieurs joueurs dans ce domaine-là. Par exemple, Transistor Design, Avive, Fokus et moi, on s’encourage tous ensemble. On collabore beaucoup et j’imagine que ça doit avoir un impact sur ce milieu-là."

www.cinquante-cinq.ca