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Pecha Kucha : Agora de design

Pour la quatrième fois à Montréal, la soirée Pecha Kucha s’annonce inspirante et multidisciplinaire. Architectes, créateurs de mode, graphistes et designers de tout acabit, à vos porte-cartes, prêts? Réseautez.

C’est à Tokyo en 2003 que naît Pecha Kucha: une soirée-concept consacrée au design, à l’instigation de deux architectes britanniques installés au Japon, Astrid Klein and Mark Dytham. L’idée était d’offrir aux jeunes designers la possibilité non seulement d’exposer leurs travaux en public, mais aussi de "réseauter".

Si le but avoué des deux architectes était initialement de faire la promotion d’un nouvel espace événementiel qu’ils avaient créé, l’événement a rapidement pris de l’ampleur, au Japon et ailleurs. Aujourd’hui, on retrouve des émules de Pecha Kucha un peu partout dans le monde, de Tokyo à Pékin, en passant par Dubaï, Berlin, Paris, Madrid, Boston, Buenos Aires… En tout, ce sont quelque 80 villes qui se sont approprié le concept.

Le succès de celui-ci tient sans doute à sa capacité de fournir une vitrine gratuite aux designers (qu’ils soient dans la mode, l’architecture ou la conception d’objets). Mais il est aussi sûrement lié à son format. Car, pour éviter que certains orateurs soporifiques ne gâchent une soirée entière, on limite les présentations à 6 minutes 40 secondes, sur fond de 20 diapositives qui se succèdent automatiquement toutes les 20 secondes. Il y a aussi le fait que l’ambiance y est résolument décontractée. En japonais, pecha kucha signifie littéralement "le bruit de la conversation". C’est dire que pendant les présentations, on peut à loisir discuter avec son voisin ou se lever pour aller chercher un verre.

PECHA KUCHA made in MONTRÉAL

C’est un professionnel du multimédia, Boris Anthony, qui le premier, en juin 2007, eut l’idée de créer une soirée Pecha Kucha à la SAT (Société des arts technologiques), à Montréal. Séduits par l’idée, trois architectes montréalais se joignirent rapidement à lui. Marc-André Plasse a cofondé une jeune firme d’architecture, Nature Humaine, qui a remporté un prix au dernier concours Créativité Montréal, pour sa rénovation du café Quattro D. Nicolas Marier, en plus de son travail d’architecte, est impliqué dans Ekip, un collectif de jeunes concepteurs qui s’engagent dans des projets originaux, comme la construction d’une "habitation nomade" que l’on a pu voir en novembre dernier lors de l’événement État d’urgence de l’ATSA. De la même façon, Patrick Meirim de Barros est à la fois architecte et cofondateur de Samare, le collectif qui nous régale jusqu’au 8 mars d’une exposition de meubles en babiche, à la galerie Commissaires.

Bien sûr, les soirées Pecha Kucha de Montréal ne sont pas celles d’autres capitales. On n’y a pas encore vu les Toyo Ito, Rem Koolhaas et autres Ron Arad de ce monde. En outre, l’auditoire y est plus sage et discipliné. "Au Japon, les gens sont debout ou assis par terre et parlent volontiers pendant les présentations", rapporte Marc-André Plasse. Pourtant, les organisateurs ont tenu à conserver l’esprit qui a fait le succès de ces soirées dans le monde entier, d’abord en aménageant des pauses toutes les trois ou quatre présentations (pour que les participants puissent "réseauter"), et ensuite en privilégiant l’éclectisme de ces soirées (les intervenants sont en design de mode ou d’objets, architectes ou graphistes, et, pour un ou deux d’entre eux, n’ont rien à voir avec le design).

LA 4e PECHA KUCHA MONTRÉAL

Depuis ses débuts à Montréal, l’événement connaît un franc succès. Il faut dire que le cadre dénudé de la SAT s’y prête bien. Ajoutons aussi que si les présentations ne sont pas toujours d’égale valeur, sur le lot, on est toujours sûr d’avoir d’agréables surprises. Comme l’explique Marc-André Plasse: "Si on s’arrange pour avoir au moins une personnalité reconnue du monde du design par soir, ce que l’on recherche avant tout, c’est que les spectateurs s’attendent à de l’inattendu!"

Pour la soirée du 6 mars prochain, le grand nom sera sans doute celui de Nicolas Reeves, qui sculpte dans les nuages des mélodies architecturales. Et en matière d’éclectisme, nous serons aussi servis: Sancho Silva, un artiste en résidence à la Fonderie Darling, nous présentera ses installations architecturales. Le designer Alexandre Verdier viendra nous parler de sa vision de la bonne vieille Westfalia réinventée. Maxime Gagné nous invitera à découvrir son concept d’habitation urbaine écologique, tandis que Luce Beaulieu, qui fait d’habitude dans les sacs écolo-chics, nous présentera les résultats de son projet d’éco-design "Détournement". Design-o-vores? Nous savons où vous serez, le 6 mars prochain.

Le 6 mars
À la Société des arts technologiques (SAT)
Info: montreal.pecha-kucha.ca