La première fois que j’ai communiqué avec Jean-François Brideau, je ne connaissais rien du Seitai, à part son origine japonaise. J’avais plus ou moins tout essayé dans ma vie: physio, ostéo, chiro, masso, pilates, yoga… Rien n’avait réglé définitivement mon problème de malaise avec mon corps, comme si j’étais dans une enveloppe trop crispée qui faisait parfois de mes journées des enfers.
Sa réponse me déstabilisa: au lieu de me donner rendez-vous, il me demandait de réfléchir à quelques questions, et de lui répondre le plus sincèrement possible: en quoi cette situation était gênante pour mon corps? Que voudrais-je à la place?… Voilà de bien étranges questions! En préambule, il me disait: "Ce qui fait la force du Seitai, c’est que je vais mettre la balle entre tes mains et te guider vers l’autonomie. Tu découvriras ainsi comment faire émerger ton bien-être toi-même." Étrangement, le seul fait de réfléchir à ces questions a fait en sorte que, dès le lendemain, je sentais une énergie nouvelle qui circulait dans mon corps. J’ai donc décidé de me lancer dans l’aventure.
LE CHEMINEMENT PLUTÔT QUE LE RÉSULTAT
En japonais, Seitai veut dire, littéralement, "rajuster le corps". Jean-François Brideau a découvert cette approche alors qu’il pratiquait la massothérapie. Il était devenu, au fil des ans, de plus en plus insatisfait. "Je trouvais qu’il manquait quelque chose, confie-t-il. Je suis tombé là-dessus par hasard et, du coup, ça m’a fait oublier tout ce que je faisais avant! Je suis tombé dans la marmite…"
Alors, c’est quoi, le Seitai? "C’est un art qui permet d’éveiller la sensibilité du corps. On va observer tous les aspects de la vie d’une personne pour voir ce qui fait qu’elle a perdu son centre, que la maladie se développe ou qu’une douleur devient chronique." Car dans cette pratique japonaise, corps et esprit sont considérés comme un tout. Après observation, le praticien peut donner des taïsos (exercices) à faire, qui vont aider à éveiller le corps et à lui faire retrouver son centre. Un des premiers exercices qu’on apprend consiste à respirer par le ventre pour relâcher les tensions qui s’y sont formées.
Car le ventre, en Seitai, est considéré comme le siège des émotions… et comme le responsable de bien des tensions! "L’idée, c’est d’arriver à fonctionner de façon détendue, d’apprendre à gérer les impératifs de la vie avec le ventre relax. Le corps réagit beaucoup par le ventre; quand les choses nous affectent, c’est là qu’on les ressent et ça en vient à créer des tensions", explique M. Brideau
Le Seitai, au contraire de plusieurs autres pratiques, ne vise pas le soulagement des maux, mais la prise de conscience, l’éveil. "On ne pratique pas le soulagement, mais on met plutôt la personne au pied du mur avec ce qu’elle ressent pour qu’elle le rajuste d’elle-même. On va aller réveiller les parties du corps qui sont engourdies parce que la personne n’écoute pas son corps. Souvent, on pense régler le problème en soulageant la douleur, comme si c’était l’ennemi à détruire. Mais pour nous, la douleur n’est pas l’ennemi mais le messager."
À cet égard, le praticien de Seitai est donc moins un guérisseur qu’un éveilleur. "J’aime dire qu’on fait du guidage. On porte tous des lunettes fumées assez épaisses qui nous empêchent de voir la réalité. Mon rôle, c’est d’aider à voir ce qu’on peut voir en enlevant les lunettes. Donc, la guérison ne devient pas nécessairement le but ultime; il s’agit plutôt de se réapproprier ses valeurs et sa personne."