Méta-Morphose, c’est d’abord et avant tout un projet de recherche qui a pour objectif de prolonger la durée de vie de divers objets qui font partie de notre quotidien. À l’aide du prototypage rapide, une nouvelle technologie permettant de créer des modèles tridimensionnels à partir de fichiers numériques, l’équipe de chercheurs dirigée par Philippe Lalande et Martin Racine fait subir des métamorphoses de forme, de fonction, de texture ou de couleur à différents objets usuels pour en créer de nouveaux.
Ainsi, un thermos a été transformé en lanterne, un abat-jour s’est vite changé en bol à fruits, et un cellulaire sert maintenant d’alimentation pour la diode à haute intensité d’une lampe de travail. "Les mutations que l’on propose visent à accroître la durabilité des produits et offrent une option de rechange intéressante au modèle d’obsolescence esthétique et technique qui domine la paysage commercial contemporain, entraînant des conséquences néfastes pour l’environnement, explique le chercheur. Avec Méta-Morphose, nous travaillons toujours en ayant en tête un objectif de production durable tout en adhérant à des principes de bon design, c’est-à-dire la conception d’un produit esthétique, sécuritaire et performant", affirme Philippe Lalande.
D’ailleurs, les designers aimeraient éventuellement parvenir à faire évoluer les habitudes des consommateurs et les pratiques manufacturières vers ce nouveau principe de conception qu’est l’éco-design. Parce que, comme la plus insignifiante des chenilles peut devenir le plus beau des papillons, les créations de Méta-Morphose démontrent bien que même le plus simple stylo Bic peut se réincarner, avec beaucoup d’imagination et un petit coup de pouce technologique, en un produit avant-gardiste des plus éco-tendance.
S’INSPIRER DES GENS
Étrangement, une des plus grandes difficultés connues par les designers tout au long de leur projet a été la création elle-même. "Notre formation en design nous prépare bien à créer à partir d’un besoin, mais pas à essayer de trouver une nouvelle vie à un produit déjà existant, soutient M. Lalande. Nous avons été très étonnés de constater à quel point il était difficile de créer dans ce sens. Nous avons passé énormément d’heures à faire des remue-méninges et de l’essai-erreur."
Peut-être pour cette raison, ils ont décidé de faire appel au crowd sourcing, un principe de résolution de problèmes plutôt récent. "Au lieu de soumettre le problème à un expert dans le domaine, on le présente à la population en général. La quantité d’énergie cervicale appliquée à résoudre un problème très pointu permet parfois d’arriver à des solutions originales et personnalisées auxquelles un expert n’aurait pas pensé", explique M. Lalande. De toute façon, ne dit-on pas que deux têtes (ou plus) valent mieux qu’une?
Exposition Au-delà de l’image
Jusqu’au 20 avril
Au Musée de la nature et des sciences
225, rue Frontenac à Sherbrooke
Info: www.mnes.qc.ca