Dans la mode masculine, les changements sont lents. Rien à voir avec la mode féminine, qui évolue à la vitesse des météores. Alors, quand le traditionnel complet-veston raccourcit ou rallonge de quelques millimètres, on peut parler d’une révolution tranquille. Pas si tranquille que ça, en fait: depuis que Justin Timberlake, Interpol et Alice Cooper se sont mis à en porter, le suit est devenu très, très cool. Pas seulement chez les rockeurs: dans la culture hip-hop aussi, le complet impec a repris du terrain occupé par le survêtement ample. "Le prêt-à-porter est de plus en plus influencé par la tradition du sur-mesure, affirme Alon Freeman, directeur des ventes chez Holt Renfrew. Le sportswear est désormais moins à l’avant-plan que les pièces plus structurées comme le veston, le gilet, la cravate ou le pantalon étroit. On ne les porte plus seulement parce que c’est la tenue de bureau obligatoire, mais parce qu’on aime les porter." Selon lui, le complet a gagné en popularité auprès des jeunes consommateurs: "La culture du vêtement et les connaissances vont en augmentant chez la clientèle plus jeune, dit-il. Le plaisir de collectionner des chaussures Nike en édition limitée s’est transformé en celui de posséder des pièces sur mesure exclusives."
UN MODÈLE IMMUABLE?
Si le complet est aujourd’hui plus in que jamais, la tradition d’en porter, elle, remonte à loin. À la fin du 19e siècle plus précisément, selon Cynthia Cooper, conservatrice de la collection de costumes du Musée McCord. Le modèle de cette époque ressemblait déjà sensiblement à celui qu’on voit dans les magasins aujourd’hui. "Avec les débuts de la bourgeoisie, les tenues masculines sont devenues beaucoup plus sobres qu’avant, dit-elle. Le statut social ne se voyait plus à la flamboyance d’un vêtement, mais à la qualité des coupes et des tissus." Comment expliquer que le suit soit resté actuel malgré les années passées? Cynthia Cooper croit que cela a à voir avec les connotations viriles du costume, qui en ont fait l’habit privilégié du milieu des affaires. Au moment où son usage s’est répandu, les modèles traditionnels de masculinité et de féminité se sont enclenchés: "Les qualités qu’on associait à la masculinité étaient le pouvoir, l’intelligence et l’industrie, tandis que les femmes avaient pour rôle d’exprimer la richesse et le statut social de la famille." Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts… ou pas. Quoi qu’il en soit, les complets à la mode aujourd’hui évoquent davantage le nerd preppy tout droit sorti d’un collège privé que l’homme d’affaires viril aux épaules rembourrées.
À LA SÉCHEUSE, LES COMPLETS!
Il y a quelques saisons, quand le designer Thom Browne s’est mis à rétrécir les vestons, couper les manches et montrer des pantalons qui avaient de l’eau dans la cave, il a pris l’univers de la mode masculine de court. Depuis, son influence commence à se faire doucement sentir. "Il y a beaucoup de pantalons dont l’ourlet se termine en haut de la cheville cette saison, affirme Denis Lemieux, directeur mode et styliste pour plusieurs magazines. Ça permet de mettre en valeur les chaussures et les chaussettes, ou alors on les porte pieds nus." Les vestons, eux, sont moins longs qu’avant. Quant au moment où les hommes porteront des complets à manches courtes ou trois quarts, tel que vu sur les passerelles de Thom Browne, il faudra encore attendre. Et au rythme où les tendances évoluent, chez les hommes…
Merci à Véronique Beaupré (coiffure), Catherine Perron (stylisme) et Maxime Poulin (maquillage) ainsi qu’au Salon Pure.
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LES TENDANCES DE L’ÉTÉ
– Les matières simples et légères, comme le coton: "On utilise moins de matières précieuses comme la laine froide et le cachemire pour l’été, précise Denis Lemieux. Le coton, c’est ce qui va donner un look beaucoup plus simple, moins maniéré."
– Les couleurs pâles comme l’ivoire, l’écru, le mastic, le bleu ciel, le gris. Oubliez le blanc pur, à moins de viser le look Miami Vice.
– La prep attitude: le mélange du chic et du sport, c’est fini. Par exemple: le veston habillé porté avec un jeans, c’est à mettre de côté en même temps que l’album-souvenir de 2004. Désormais, on est chic ou on ne l’est pas.
– Se rappeler la règle d’or: faire attention aux proportions. "Les revers étroits sont appropriés pour une chemise à col plus petit et une cravate plus étroite, indique Michel Brisson, qui dirige la boutique pour hommes du même nom. Quand les revers sont plus larges, on opte pour un col plus gros."
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Michel Brisson
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Boutique Philippe Dubuc
4451, rue Saint-Denis
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Kamkyl
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Holt Renfrew
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Duo
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