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Centre d’écologie urbaine de Montréal : La saga des toits verts

Il y a quelques jours, le Centre d’écologie urbaine de Montréal publiait un nouveau rapport pour relancer le débat public autour des toits verts dans la Métropole. État des lieux.

LA SAGA DES TOITS VERTS DU CENTRE D’ÉCOLOGIE URBAINE

Depuis 1996, un organisme sans but lucratif du nom de Centre d’écologie urbaine de Montréal (CÉUM) s’est donné pour mission d’aider la Métropole à adopter un mode de développement durable, selon une approche qui s’inspire de l’écologie sociale. En mars dernier, il publiait une critique du projet de Devimco à Griffintown qui, malgré son intérêt, est sans doute passée aussi inaperçue que l’avis défavorable remis à la Ville de Montréal en décembre 2007 par le Conseil du patrimoine… Parmi ses chevaux de bataille, l’OSBL s’est engagé depuis quelques années dans une campagne de sensibilisation en faveur des toits verts. En février 2005, il publiait son premier rapport, présentant un bilan de l’utilisation des toits verts dans le monde et une analyse de leur potentiel dans le contexte urbain de Montréal.

"Après cette première étude, nous voulions passer à l’action, pour montrer qu’il était possible de faire des toits verts à Montréal", rappelle Owen A. Rose, président du CÉUM. Dès l’été 2005, l’équipe de l’OSBL se lance dans un projet-pilote sur le toit de la coopérative La Petite Cité au 3518, rue Jeanne-Mance, dans le quartier Milton-Parc. L’opération reçoit une couverture médiatique extraordinaire et donne suite à la publication d’un guide de 60 pages sur les toits verts. Ce petit ouvrage, en vente au CÉUM pour 20 $, vulgarise le processus de création d’un toit vert, dans le but de le rendre accessible à n’importe qui.

Et depuis…?

ENGOUEMENT RELATIF

"L’engouement pour les toits verts est toujours manifeste. Encore aujourd’hui, on est contacté toutes les semaines par des personnes intéressées", estime Owen A. Rose. Celui-ci fait remarquer que de plus en plus de compagnies, comme Les Toits Vertige, se spécialisent dans la construction de toitures végétales. Le problème, c’est qu’il n’existe pas de statistiques dans le domaine, d’autant que les amateurs de toits verts ont tendance à fuir la publicité. "Les propriétaires d’un immeuble sur le Plateau, sur lequel on a fait notre deuxième toit vert en 2006, nous ont demandé de ne pas diffuser leur adresse, de peur d’être harcelés de demandes en tout genre", rapporte Owen A. Rose.

En outre, l’installation d’un toit vert peut être très couteuse, selon la capacité d’un immeuble à le supporter. Aménagé sur un vieil édifice, le jardin du projet-pilote de 2005 a finalement coûté 70 000 $, soit 70 $ le pied carré, dont la moitié pour consolider la structure! Sur de nouvelles constructions, qui prévoient ce genre d’installation, les coûts au pied carré sont seulement de 10 à 20 $. Cela reste pourtant un investissement non négligeable, surtout quand on sait que son intérêt pour le bénéficiaire est plus esthétique qu’énergétique. Paradoxalement, dans un monde où l’individualisme est roi, les toits verts profitent plus à la collectivité (réduction des îlots de chaleur et diminution du coût de traitement des eaux usées par la rétention de 50 % des eaux de pluie).

L’AVENIR DES TOITS VERTS À MONTRÉAL

Pour relancer le débat public autour de l’avenir des toits verts à Montréal, le CÉUM vient de publier un nouveau rapport écrit par Antoine Trottier, un étudiant à la maîtrise de l’UQAM. Abordant les enjeux des toits verts institutionnels en milieu urbain, ce rapport est aussi l’occasion d’évoquer l’absence de politique de la Ville de Montréal en la matière. Comme le fait remarquer Owen A. Rose, "la Ville fait mention de l’enjeu des toits verts dans son plan d’urbanisme, dans sa politique de mise en valeur des milieux naturels, dans son plan Montréal 2025, mais elle n’a pas encore mis en place de plan d’action concret". Le rapport rédigé en octobre 2006 par le Service du développement culturel, de la qualité du milieu de vie et de la diversité ethnoculturelle n’était qu’une série de "pistes de réflexion en vue de l’élaboration d’un plan d’action".

Le toit vert de la maison de la culture Côte-des-Neiges, inauguré en juin 2007, n’était qu’une action ponctuelle. Or, le rapport du CÉUM montre que la Ville peut stimuler la construction de toits verts par des mesures qui existent déjà ailleurs. L’Allemagne, référence mondiale en la matière, a mis en place un cadre réglementaire qui garantit la qualité de ce type de construction. En outre, la fiscalité du pays pénalise les propriétaires qui n’ont pas de toit vert. À Toronto, la ville canadienne la plus avancée en matière de toiture végétale, on offre une subvention de 5 $ du pied carré. Sans aller jusque-là, Owen A. Rose pense que la Ville de Montréal devrait au moins exiger que toute nouvelle construction soit capable de supporter un toit vert. "Cela ne coûterait rien à la municipalité et ça donnerait l’occasion aux futurs propriétaires d’installer des toits verts à des coûts raisonnables." La balle est lancée pour un prochain épisode de cette saga des toits verts à Montréal…

Toitures végétales: implantation de toitures végétales en milieu institutionnel
Étude de cas: UQAM
En vente, au coût de 40 $, au Centre d’écologie urbaine de Montréal
Info: www.ecologieurbaine.net