Pascal, jeune professionnel dans la trentaine, habite la rue Dorion, en plein coeur du quartier gai. Il est mignon, sympa et… célibataire! Mais avis aux mecs intéressés: Pascal est un faux jeton, un vrai straight. Et il n’est pas le seul; beaucoup de gens, gais ou pas, décident d’acheter ou simplement de louer un appart dans le Village. S’il y a une vingtaine d’années le quartier était trash, ça n’est (presque) plus le cas aujourd’hui. On sent que le quartier est en constante progression; les nouveaux proprios, tel Pascal, rénovent et embellissent les environs. "Il ne faut quand même pas se leurrer, affirme le résident. Il y a parfois de petites passes illicites qui se déroulent aux coins des rues. Mais au même moment, il y a des gens qui promènent leur chien ou qui marchent avec leurs enfants. C’est vraiment un quartier très diversifié, avec des étudiants, des livreurs de pizza, des professionnels. Un drôle de mélange… et c’est ce que j’aime du coin."
Depuis un an qu’il y habite, Pascal a vraisemblablement appris à apprécier son quartier. Mais au départ, pourquoi a-t-il choisi de s’y établir? "C’est un point central pour moi. Je travaille dans la tour de Radio-Canada, qui n’est pas très loin. Le métro Papineau est à deux pas, et à quelques minutes de marche, je suis au métro Berri-UQAM."
L’autre facteur non négligeable qui l’a poussé à emménager ici: le prix. "J’habite face au pont Jacques-Cartier, c’est certain que s’il y avait une haie de lilas de l’autre côté de la rue, le prix de l’immeuble aurait été deux fois plus cher. Mais moi, il ne me dérange pas, le pont. J’aime le côté urbain qu’il évoque."
Eh, bien, s’il aime la vie en ville, monsieur est bien servi dans ce quartier! Ici, la nuit, c’est la fiesta! Les week-ends, la rue Sainte-Catherine est bondée. On vient de partout pour goûter au nightlife coloré du quartier gai. Pas étonnant que la Ville ait décidé de faire de la rue Sainte-Catherine une allée piétonnière cet été. Plusieurs résidents ont par contre chigné sur l’initiative verte et créative. Leurs arguments: moins de places de stationnement et plus de bamboches bruyantes. Pascal, lui, est plutôt comblé. Il n’a pas de voiture et aime bien faire la fête. "L’an dernier, la rue a été fermée aux voitures pendant deux semaines. Ça attire beaucoup de monde, c’est vraiment agréable comme ambiance."
BALADE DANS LE VILLAGE
Lors de ses balades, Pascal aime bien cette fameuse Sainte-Cat. "Ce segment de la rue n’a rien à voir avec celui du centre-ville. C’est beaucoup moins impersonnel par ici. On sent qu’il y a plus de résidents, des gens qui sont habitués d’y être. Ils se saluent, ils se parlent."
Et à part se pavaner sur la rue, que fait-on ici? Les amateurs d’espaces verts s’assurent d’être malheureux en emménageant dans le coin. Quoique le parc La Fontaine n’est pas très loin. Pascal aime d’ailleurs l’endroit, où il lui arrive d’aller jouer au tennis. Vaut tout de même mieux préférer la culture au sport. Les lieux culturels que le "Villageois" fréquente? "J’aime l’Usine C (avenue Lalonde). Ils ont une programmation éclectique et en plus, j’aime beaucoup l’architecture du bâtiment. Pour la musique, je vais souvent au National (rue Sainte-Catherine). On peut voir des groupes très intéressants pour environ 20 dollars. Ça vaut la peine."
Quand vient le temps de manger, Pascal fait son marché au supermarché Métro, face au métro Papineau. C’est à deux pas de chez lui, ce qu’il apprécie. N’empêche, il aimerait bien qu’il y ait plus de commerces spécialisés dans le coin. "C’est peut-être mon côté snob, mais je trouve qu’il manque de petites charcuteries, de poissonneries, de fromagers. Mais bon, on fait avec."
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MON TRIPLEX DANS LE VILLAGE
photo: Dominic Gauthier |
Pascal habite au rez-de-chaussée de son triplex, campé au coin des rues Dorion et Logan. Petite aire ouverte au centre, un bureau à l’avant et une chambre à coucher à l’arrière, jolie cuisine garnie de céramiques colorées… Pas de doute, c’est beau chez Pascal. On aime le mur de brique et la décoration sobre, mais on craque surtout pour son meuble de salon ultra seventies. Ce dernier est d’ailleurs parfaitement complété par d’immenses haut-parleurs beiges, également rescapés de l’époque Travolta. Le soir venu, il allume sa lampe-support-publicitaire, affichant une bouteille de Canadian Club avec le slogan "proud to pour CC" à l’appui. Gageons d’ailleurs qu’il lui arrive de se verser quelques scotch on the rock et d’aller les boire sur sa terrasse, un véritable havre de paix, enjolivé, l’été, par une vigne grimpante. La preuve que l’on peut se sentir en campagne, en plein coeur du Village.