Jeanbart et Linso Gabbo sont au chic hôtel Place d’Armes, en train de poser dans une suite luxueuse avec de faux verres d’alcool à la main. La mise en scène convient bien aux deux membres d’un groupe qui s’est rendu célèbre par ses paroles trash et ses affirmations provoc (ils aiment plus que tout l’argent, les fringues et les filles). Ils sont là parce qu’ils ont répondu "présent" à l’invitation de 33 Mag, un webzine relié à l’industrie de la musique alternative et des sports extrêmes. Pour sa deuxième édition de "ModPop", le magazine a organisé des shootings de mode urbaine avec des personnalités choisies. Parmi elles, la chanteuse Marie-Mai, le rédacteur en chef du webzine, Alexis Brault, un couple de mannequins, Sabine et Emanuel. Et Omnikrom, bien sûr. Les photos et le making of des séances seront ensuite mis en ligne, et l’événement sera célébré par un vernissage (c’est-à-dire: un gros party). Ça tombe bien: les membres d’Omnikrom sont eux-mêmes de fervents adeptes de mode urbaine (et de partys). L’expression est un fourre-tout pour désigner le phénomène du streetwear qui s’inspire de la musique, du sport, de l’art urbain. Dans leur clip Danse la poutine, les membres d’Omnikrom en font une éclatante démonstration. Plus fluo que ça, il faut se téléporter dans les années 80 pour trouver. Comme eux, les adeptes de mode urbaine portent souvent des chandails à capuchon de couleurs criardes et des espadrilles qui ont coûté les yeux de la tête. Parce que ce sont des éditions limitées.
L’ARGENT, LES CHAUSSURES, L’IRONIE
Les gars d’Omnikrom aiment les éditions limitées, eux aussi. "Pour l’exclusivité", précise Linso Gabbo. "Pour se faire remarquer dans une soirée" et pour "être frais", aussi. Et ils adoooorent les fringues: la collection de chaussures de Jeanbart se chiffrait à 54 paires au moment de notre conversation, tandis que celle de Linso Gabbo dépassait les 70. "On a tout ce qu’il faut / On en a même de trop", chantent-ils dans Été hit. Matérialistes, les gars? Et comment! Leur ambition avouée est de devenir riches et célèbres. Sans blague. "Moi, je sais que j’aimerais ça, être vraiment riche, dit Jeanbart. Des fois, quand je me couche le soir, je regarde mes 54 paires de chaussures et je me dis: putain, j’exagère. Sauf que le lendemain, je vais en acheter une autre paire pareil. Et j’aime ça!" Côté mode comme côté musique, Omnikrom ne fait pas dans l’ironie. Leurs paroles simplettes et leurs casquettes, ils assument. "Souvent, les gens nous excusent en disant que ce qu’on fait, c’est correct parce que c’est ironique au fond, dit Jeanbart. Mais je ne pense pas qu’on se cache derrière l’ironie ou le sarcasme. Dans la vie de tous les jours, on est comme ça pour vrai. On ne dit pas qu’on veut être riches parce qu’on rit du rap qui fait ça." "Dans Omnikrom, on exagère tout le temps, renchérit Linso Gabbo. Des fois, j’écris quelque chose, je le relis après et je me dis: esti que c’est cave. Mais je suis quand même content parce que je trouve ça drôle et que je sais que ça va divertir. Je m’attends à ce que le monde dise que c’est n’importe quoi, mais ça divertit quand même."
En effet, Omnikrom sait divertir. Son public est jeune et de plus en plus nombreux. Et il s’habille souvent comme les membres du groupe: "Ce qu’on porte se répercute beaucoup sur notre public", admet Jeanbart. Leur look est désormais lié à leur musique. "C’est un truc d’ado, explique Linso Gabbo. Quand j’étais jeune, j’aimais vraiment les vêtements chers, mais je n’avais pas d’argent pour les acheter. Quand tu vieillis, tu gardes le goût d’avoir de beaux vêtements et d’être différent des autres, mais là t’as les moyens de te les acheter… C’est une histoire de bébé lala, dans le fond."
Omnikrom, en spectacle aux FrancoFolies (le 30 juillet au Métropolis)
ModPop: www.33mag.com/modpop
Vernissage: le 16 mai à l’hôtel Place d’Armes. Des photos de ModPop seront mises en ligne exclusivement sur le blogue Lèche-vitrine de Voir.ca le jeudi 8 mai.