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CIBL Radio-Montréal : Le cri de Montréal

Alors qu’elle annonce un projet de déménagement spectaculaire pour une radio communautaire, CIBL Radio-Montréal a l’intention non seulement de se relocaliser au coeur du Quartier des spectacles, mais aussi de créer la première Maison mondiale de la radiophonie communautaire.

Malgré des conditions matérielles souvent périlleuses, ce que d’aucuns peuvent constater (parfois avec étonnement!), c’est la volonté des bénévoles de CIBL de faire de la bonne radio. D’ailleurs, à l’instar des Monique Giroux et autres Marie-France Bazzo qui y ont fait leurs premières armes, beaucoup en feront leur métier. En outre, moins liée aux impératifs de rentabilité que les autres médias, CIBL peut se payer le luxe d’offrir une meilleure représentation de la diversité culturelle, économique et sociale de Montréal. C’est sur ses ondes qu’ont débuté Les Colocs, Richard Desjardins et autres Yann Perreau, alors inconnus du public.

LA RENAISSANCE D’UNE RADIO LIBRE

Malgré son importance sociale et culturelle, CIBL revient de loin. Après deux décennies pleines de promesses (ponctuées par les premiers délires de Rock et Belles Oreilles, les radiothons, les émissions aux Foufounes Électriques, les débuts de Jean-René Dufort …), la radio libre se retrouve au bord de la faillite en 2001. Les dettes se sont accumulées et ils ne sont plus que deux employés pour gérer quelque 250 bénévoles. Pourtant, alors qu’en 15 ans, 15 directeurs généraux se sont succédé, Éric Lefebvre, un jeune gestionnaire qui a mis sur pied la radio de l’UQAM CHOQ FM, reprend la station en main. Il épure les dettes et augmente les rentrées publicitaires. De 100 000 $ en 2001, elles sont passées à près de 400 000 $ aujourd’hui.

Actuellement, CIBL, ce sont près de 400 bénévoles, 12 employés et 140 000 auditeurs. La radio a aussi changé de positionnement. De "radio libre", elle est devenue "radio Montréal" (changement de nom en 2005). Limitée pendant 25 ans au quartier Hochelaga-Maisonneuve, elle veut désormais être la radio citoyenne de Montréal. Dans la logique de sa nouvelle vocation, il fallait donc que la station se rapproche du centre-ville, d’autant que ses locaux du boulevard Pie-IX devenaient trop exigus (et vétustes…). En janvier de cette année, coup de théâtre! CIBL dépose une offre d’achat pour acquérir un immeuble de trois étages en plein coeur du Quartier des spectacles, à côté de la SAT (Société des arts technologiques). Le budget minimum de 2,7 millions de dollars laisse rêveur pour les moyens d’une radio communautaire. Pourtant, cela n’a rien d’un coup de publicité. La campagne de financement, le montage financier et les contacts ne peuvent qu’impressionner par leur sérieux.

DES AMBITIONS À LA HAUTEUR D’UNE RADIO COMMUNAUTAIRE D’ENVERGURE

Fin avril, CIBL organisait l’événement "occupation des lieux" à la SAT pour présenter son projet de déménagement et lancer sa campagne de financement. Pour la première fois à Montréal, un OSBL émettait une obligation solidaire pour financer son développement. 20 000 $ furent obtenus en une seule soirée, sur un objectif global de 100 000 $. Lors de cette soirée pleine d’enthousiasme, CIBL a reçu l’appui de personnalités politiques comme la ministre Line Beauchamp (qui a été directrice générale de la radio), le maire de l’arrondissement Benoît Labonté ou les députés Louise Harel et Martin Lemay. En parallèle, la station est en pourparlers avec le ministère de la Culture et des Communications pour un financement à hauteur de 900 000 $ et entame des démarches pour trouver 800 000 $ auprès du privé (sous forme de dons, commandites et prêts sans intérêt).

Le sérieux de ces démarches est à mettre en rapport avec l’envergure du projet. En déménageant sur le boulevard Saint-Laurent, CIBL ne veut pas simplement se rapprocher de ses auditeurs et bénévoles, mais surtout créer le pôle radiophonique et citoyen de Montréal. Au sein d’un même édifice, trois organismes seraient ainsi réunis pour former une Maison mondiale de la radiophonie communautaire: l’Association des radiodiffuseurs communautaires du Québec, l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (regroupant 3000 radios communautaires dans le monde) et les studios de CIBL Radio-Montréal. Le rez-de-chaussée de l’immeuble deviendrait une agora où les citoyens pourraient assister et participer aux émissions publiques. La SAT souhaite créer une synergie avec ce regroupement en mettant en commun son réseau à haute vitesse. Deux bureaux d’architectes ont déjà entamé des études techniques et de façade.

Le projet est là et ses acteurs ont confiance en son potentiel et sa nécessité. Il lui faut maintenant l’appui de tous, entreprises privées, gouvernements et particuliers. Car CIBL n’est plus la voix d’une seule communauté; elle est en passe de devenir celle de Montréal.

Info: www.cibl1015.com

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LA SAT SE REFAIT UNE BEAUTÉ!

Les travaux de rénovation de la Société des arts technologiques (SAT) devraient commencer cet été, pour une inauguration prévue en juin 2009. Le réaménagement de la SAT, imaginé par les architectes de NOMADE, devrait se dérouler en deux phases. En août, le sous-sol de l’édifice sera transformé en sept ateliers pour artistes en résidence et trois studios spécialisés, et pour unifier les abords de la SAT, une seule entrée remplacera les trois (voire cinq) actuelles. En début d’année 2009, la création d’un escalier monumental donnera une lecture verticale globale des différentes missions de la SAT et, finalement, le toit accueillera une terrasse, en partie végétale, et la fameuse Satosphère, cette demi-sphère gonflable pour environnements immersifs. Info: www.sat.qc.ca.