Vie

Établissements verts Brundtland : La vie en vert

Publié en 1987, le rapport Brundtland, véritable pionnier en matière de développement durable, a inspiré une création québécoise: les Établissements verts Brundtland, ou EVB.

Chaque fois que vous déposez votre cannette dans la boîte prévue à cet effet, vous vous sentez mieux et c’est normal, car après tout, vous aussi vous souhaitez un monde meilleur, propre et sain.

C’est bien, mais c’est insuffisant. Vous ne croyiez tout de même pas qu’on allait vous donner une médaille parce que vous avez appris à vous ramasser! Soyons francs, notre problème, c’est qu’on consomme trop et mal. En deux mots, si on veut éviter les crises alimentaires causées par le remplacement de nos champs de maïs par des marres d’éthanol, il faut réfléchir, et la prise de conscience fait mal.

Une chance, plusieurs exemples, malheureusement souvent laissés dans l’ombre, s’offrent à nous. Tenez, en 1992, la Centrale des syndicats du Québec se donnait le mandat de valoriser, en leur offrant une vitrine, les actions en faveur de l’environnement auxquelles les jeunes et les moins jeunes participaient. Le mouvement des Établissements verts Brundtland voyait le jour. En 1994, 80 écoles bénéficiaient du statut d’EVB. En 2008, le mouvement est fort de plus de 900 établissements, la plupart scolaires, qui souscrivent aux quatre valeurs souches de cette initiative environnementale: démocratie, écologie, solidarité et pacifisme. Avis aux révolutionnaires de salon, vous vous faites donner une leçon de projet de société par des jeunes de 6 à 18 ans!

DANS UN CÉGEP PRÈS DE CHEZ VOUS

Se préoccuper de l’environnement ne se limite pas à une bonne gestion des déchets. Encore faut-il réfléchir sur notre milieu et sur la place que nous y occupons. Parlez-en à François Godbout, coordonnateur de la Direction des affaires étudiantes et communautaires du Cégep Limoilou. "Il y a des jeunes qui sortaient des écoles secondaires EVB et qui nous demandaient si on avait des plans d’action environnementaux. On avait des petits comités, mais pas de plan d’ensemble de la nature de celui des Établissements verts Brundtland. La direction a été emballée par la proximité entre le projet éducatif du cégep et la charte du mouvement EVB, qu’on a adoptée en 2005. Depuis ce temps-là, on est de plus en plus impliqués, raconte-t-il. On s’est aperçus qu’il y avait plusieurs initiatives personnelles très positives, mais sans encadrement. Par exemple, le Département de génie mécanique récupérait toute la poussière de métal, celui de cartographie conservait les sels d’argent, etc. Ensuite, on s’est demandé si on pouvait consolider toutes ces actions-là. Poser la question, c’était aussi y répondre, et la réponse a fait l’unanimité!"

Le mouvement EVB laisse beaucoup de place à la réflexion et à la discussion. "Pour plusieurs étudiants, l’environnement, c’est le carton, le papier et le plastique. On récupère tout ça et la vie est belle! Mais au-delà de la récupération, c’est les achats qui doivent diminuer, et ça, c’est tout un débat de société! À 16, 17, 18 ou 20 ans, on commence à profiter d’une certaine autonomie financière, ce qui n’empêche pas d’avoir de grandes idées, mais qui éclipse souvent les débats de société. Le gros de l’ouvrage est dans la sensibilisation et dans la réflexion", souligne M. Godbout.

Véritable leader dans ce domaine, le Cégep Limoilou parraine, avec le concours de l’Université Laval, le circuit des Grandes Rencontres. "On voulait donner à nos étudiants la chance de débattre avec des personnalités internationales des grands enjeux de l’environnement, de l’éthique aux nanotechnologies." Les Grandes Rencontres dépendent de l’enthousiasme de leurs organisateurs, M. Godbout et le philosophe Réal Roy, et d’activités d’autofinancement. Ayant accueilli certains penseurs comme Paul Ricoeur, Luc Ferry, Michel Serres ou Hubert Reeves, les Grandes Rencontres sont un véritable tour de force culturel. "Après 11 ans, on estime qu’on aura joint plus de 30 000 étudiants. Certains d’entre eux reviennent d’ailleurs travailler au cégep, et c’est très stimulant parce qu’ils trempent là-dedans, l’information est fraîche dans leurs esprits et ça dynamise beaucoup les discussions." Notez que la question environnementale rassemble les gens et les générations. "On a des équipes de techniciens qui prennent la route pour aller filmer des rencontres à l’extérieur de Québec, et on prépare un colloque avec nos retraités et nos aînés où Jacques Languirand a accepté de venir. On est en train de créer quelque chose de très spécial."

Établissements verts Brundtland
www.evb.csq.qc.net

Cégep Limoilou
www.climoilou.qc.ca/fr/