UNE MAISON QUI CONSOMME PEU
Il y a quelques semaines, était présentée la Maison Productive House (MpH), un projet de trois maisons de ville et cinq appartements situé à Pointe-Saint-Charles, dont la construction devrait se terminer d’ici mars 2009. "MpH a été pensée de façon à produire plus qu’elle ne consomme", souligne Rune Kongshaug, le directeur d’Ensemble Terre-Ciel, promoteur du projet. D’ailleurs, celui-ci vise une certification LEED Platine, c’est-à-dire la norme la plus élevée en matière de développement durable.
L’orientation des unités au sud, la présence d’atriums vitrés sur deux étages et le choix d’un verre hautement isolant permettent d’utiliser l’énergie solaire passive pour réduire les dépenses de chauffage. Sur le toit, huit panneaux solaires sont destinés à chauffer l’eau, tandis que d’autres capteurs photovoltaïques fournissent l’électricité pour les pompes à eau et l’éclairage des parties communes. En outre, trois puits de 300 pieds de profondeur composent le système géothermique qui chauffe les planchers. Un système de secours utilise du bois neutre en carbone. Au total, les promoteurs de MpH prévoient des réductions de la facture énergétique de 60 % à 80 % par rapport à un bâtiment standard. Par ailleurs, grâce à l’utilisation d’appareils électroménagers et sanitaires à faible débit et à la récupération des eaux grises, la consommation d’eau devrait être réduite de 50 %. En effet, un système de filtrage et de recyclage des eaux grises (jusque-là réservé aux bâtiments publics avant-gardistes) permet de réutiliser l’eau des douches et des éviers pour alimenter les toilettes et un système d’irrigation souterraine.
POUR UNE REDUCTION DE L’EMPREINTE ECOLOGIQUE
On le sait, si tout le monde consommait comme nous, il faudrait trois planètes comme la Terre pour survivre. Or, la véritable originalité de MpH est de proposer à ses habitants de changer leurs comportements pour réduire leur empreinte écologique. Pour y arriver, il faut commencer par moins utiliser les transports polluants. Les unités de MpH sont donc conçues pour travailler chez soi, avec une entrée particulière pour la partie bureau. Mais si le télétravail n’est pas possible, il y a la solution du vélo. Seize stationnements à vélo couverts sont aménagés, contre seulement deux pour le covoiturage, sans oublier que le métro est à deux pas.
Consommer, c’est aussi se nourrir. Or, le transport des denrées participe largement à l’émission des gaz à effet de serre. MpH a donc prévu un environnement comestible. Dans le jardin, on cueillera les épices et les fruits qui pousseront. Des potagers seront aménagés pour les résidents, ainsi qu’un jardin horticole sur le toit. Pour finir, un système intégré de compostage sera mis en place pour fonctionner toute l’année. "Nous estimons qu’ainsi, l’empreinte écologique de MpH sera réduite de 50 %", conclut Rune Kongshaug.
UNE MAISON ECOLO, MAIS PAS GRANO
Bien que cette MpH épouse entièrement la cause écologique, elle n’a pas pour objectif de revenir aux communautés idéalistes des années 70. Le soin que les promoteurs ont voulu mettre dans la qualité du bâtiment et de son design est d’ailleurs révélateur du souci de privilégier le confort de vie de ses résidents, plutôt qu’un objectif écologique. "On ne veut pas imposer un comportement écologique, mais le suggérer. On a créé un environnement haut de gamme dont les propriétaires peuvent être fiers. L’idée est de donner à chacun les moyens de réduire son empreinte écologique, mais pas au détriment de son bien-être", précise Rune Kongshaug.
Dans la mouvance de groupes comme ZEDfactory en Angleterre, l’idée derrière MpH est donc de proposer une solution pour répondre au slogan de son promoteur, l’Ensemble Terre-Ciel: "Sauver la planète: un art de vivre". Ce concept de maison abordant le développement durable sous l’angle à la fois de la construction, du transport et de la nourriture était au départ le sujet de maîtrise de Rune Kongshaug, alors qu’il faisait ses études d’architecture à l’Université McGill. En 2005, il créait l’Ensemble Terre-Ciel, une firme qui se lancera non seulement dans la conception et la construction de bâtiments écologiques, mais également dans des recherches en agriculture urbaine, en sol et en utilisation d’eau durable.