Vie

Journée portes ouvertes : Chaud devant, les showrooms de Saint-Laurent

Les showrooms de la Main, c’est comme la Semaine de mode. Ouverts aux professionnels et fermés au public, ces mini-entrepôts chic abritent les vêtements qu’on portera l’automne prochain. Intrigués par l’aura de mystère qui les entoure, on s’est organisé une journée portes ouvertes pour forcer celles de cinq marques qu’on aime.

MAVI

On est au 3981, boulevard Saint-Laurent, près de Duluth et loin de Chabanel. L’immeuble abrite plusieurs showrooms (Mavi, m0851, Touch of Me) et une agence de mannequins (Specs). Autant dire qu’on est dans un îlot de la mode. Et chez Mavi, on est comme sur un îlot tout court. L’endroit est décoré dans des tons bleus et blancs méditerranéens, et les échantillons sont disposés le long des murs comme dans une boutique. Flatteurs, confortables et bon marché, les jeans de la compagnie turque moulent les fesses de nombreuses vedettes d’ici. Dont celles des Trois Accords, de Karine Vanasse et d’Hélène Bourgeois-Leclerc, qu’on a croisée au showroom. "Quand j’aime quelqu’un, je l’aborde", dit simplement Renée Mathieu, la représentante de la marque. Pour les amis et employés de la compagnie, une porte du fond s’ouvre sur une caverne d’Ali Baba: un grand loft tout équipé pour passer une nuit ou quelques semaines. Mme Mathieu est contente d’être loin de l’agressivité très business de Chabanel: "Au 5555 Chabanel, on ne peut pas prendre un café avec un client sans que le représentant d’une autre compagnie essaie de l’accrocher", dit-elle. Info: www.mavi.com.

TOUCH OF ME

Quelques étages plus bas, les bureaux et l’atelier de la marque Touch of Me sont tout en doux tons pastel. Un peu comme la collection elle-même, qui s’articule autour de tricots féminins souples et confortables. Julie Magnan y accueille les acheteurs des boutiques spécialisées et les clients majeurs pour lesquels elle dessine des collections (Simons, RW&CO., Reitmans). Pour l’instant, Touch of Me ne génère que le quart du chiffre d’affaires de la compagnie, mais c’est évidemment dans ce créneau que la designer s’éclate le plus. "Ce qui m’intéresse, c’est de créer un look des pieds à la tête, dit cette ancienne styliste d’Elle Québec. L’industrie de la mode canadienne est beaucoup basée sur la copie. Moi, je pars d’un dessin et non pas d’échantillons d’autres marques. Je crée un univers cohérent, pas seulement une collection de tops." Info: www.touchofme.com.

M0851

Les sacs en cuir de veau doux comme les fesses d’un bébé, c’est eux. Mais rares sont ceux qui connaissent le nom abracadabrant de la ligne de Frédéric Mamerbachi, qu’on croirait inventé exprès pour qu’on l’oublie. Ce qui est un peu le cas: "Dans une industrie où tout le monde crie, ce sont les plus silencieux qui sont remarqués", croit M. Mamerbachi. Leur centre de création est aussi sympathique que leur philosophie. Grands espaces ouverts, tables en bois monumentales, un chandelier antique échoué çà et là entre les appliques blanches modernes. L’endroit a une âme. "Ce n’est pas un showroom, c’est notre maison", dit Frédéric Mamerbachi avec ses yeux rieurs d’enfant dans un visage mûr. "Il n’y a pas de décor ici, il n’y a rien d’aménagé, dit-il. Je ne prends pas d’architectes, je dessine tout moi-même. Un architecte fait un design pour impressionner, alors que moi je veux un design qui se fait oublier." Le côté organique et vivant (dans son bureau, un grand divan blanc peut servir de lit à un enfant d’employé, le temps d’un après-midi) côtoie la haute technologie: sur un ordinateur, on suit en temps réel les caméras des boutiques m0851 à Paris, New York et Toronto. "Nous sommes une compagnie libre, dit-il encore. Cela peut devenir chaotique si on n’a pas la technologie pour suivre." Info: www.m0851.com.

MSIAMO

Accueilli par une réceptionniste peu loquace et juchée sur des talons aiguilles, le visiteur de la Mgalleria du 4200, boulevard Saint-Laurent peut avoir l’impression de déranger. Mais la sensation s’évanouit dès l’apparition de Marisa Minicucci, créatrice de la ligne. Petite, élégante et très chaleureuse, elle nous guide avec simplicité à travers sa magnifique boutique-atelier. Dans ce grand espace qui donne sur le mont Royal, les clientes composent leur garde-robe de l’automne prochain en essayant les échantillons déjà disponibles. Deux ou trois mois plus tard, elles recevront les morceaux commandés dans la taille et la couleur qu’elles souhaitent. Il s’agit de l’un des rares showrooms ouverts au public sur rendez-vous. "C’est une autre façon de faire du shopping, affirme Mme Minicucci. Il y a des clientes qui se sentent intimidées, mais il y en a d’autres qui aiment. Ici, elles peuvent voir la collection au complet, au lieu d’avoir à choisir parmi les pièces pré-sélectionnées par une boutique." Info: www.msiamo.com.

ÇA VA DE SOI

Plus haut sur le boulevard Saint-Laurent (au 5158), on entre dans le showroom de Ça va de soi comme on entrerait dans un bateau. L’espace – conçu par l’architecte Andres Escobar – est tout en rondeurs. Vitres, réception, colonnes, angles, tout est arrondi. Au deuxième étage, les morceaux très simples créés par cette compagnie familiale sont disposés le long de murs de brique. Laine de mérinos extra-fine, cachemire, coton égyptien – les matières respirent la douceur et le luxe. "On était sur Chabanel au début, puis on a décidé de venir ici parce qu’on aimait le quartier, explique Kinza Nasri, la toute jeune et très jolie chef de produit qui nous fait faire le tour du propriétaire. On aimait les librairies, les restos, les bars du coin. Et puis, on est quand même sur le chemin vers Chabanel." Les jaloux pourront toujours se consoler en visitant leur nouvelle boutique du 1062, avenue Laurier Ouest. Info: www.cavadesoi.com.