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Le Paysage en action : Arrière-plans à l'avant-scène

Qu’est-ce qu’un paysage? Un ensemble de collines et de boisés ou des odeurs et des sons? Faut-il protéger nos paysages urbains et comment s’y prendre? Mais, avant tout, quels sont-ils? Autant de questions aux multiples enjeux qui seront abordées lors du premier forum public québécois consacré au paysage, Le Paysage en action.

UN FORUM PUBLIC POUR LE PAYSAGE

Les 16 et 17 juin prochains, l’Université de Montréal accueillera un tout nouveau forum des plus insolites puisqu’il se consacrera exclusivement au paysage, ou plutôt à l’idée que l’on s’en fait aujourd’hui. Le but de cet événement est en effet de faire le point sur la gestion de nos paysages et de souligner leur importance, tant sur le plan économique et social que culturel et patrimonial. Le forum est ouvert au public car, comme le souligne Philippe Poullaouec-Gonidec, titulaire de la Chaire UNESCO et de celle en paysage et environnement de l’Université de Montréal (à l’origine de l’événement), "c’est tout sauf un forum scientifique".

Pendant deux journées entières, le public pourra donc assister à une série de conférences données par différents représentants d’associations, de collectivités locales et du gouvernement, qui viendront témoigner de leurs initiatives pour protéger et mettre en valeur le paysage. La plupart des régions du Québec seront ainsi présentes, des Îles-de-la-Madeleine à la Montérégie, en passant par le Bas-du-Fleuve, les Laurentides, l’Estrie, la Gaspésie et Montréal.

L’IMPORTANCE DE LA NOTION DE PAYSAGE

On peut se demander pourquoi il est si important de s’attacher à cette notion moderne du paysage au point d’en faire un forum public. "Les enjeux liés au paysage non seulement touchent à notre cadre de vie et notre bien-être social, mais ils ont aussi une dimension économique et culturelle", explique Philippe Poullaouec-Gonidec. Ce qui fait l’identité d’une ville, c’est son paysage visuel, olfactif et sonore. Si l’on se sent bien quelque part, c’est en partie grâce à l’harmonie des stimulations sensorielles qu’on y vit. Or, pour gérer correctement une réalité, il faut la connaître. Et la notion de paysage est encore mal comprise des citoyens, comme des pouvoirs publics. C’est surtout vrai pour le paysage urbain, alors que, paradoxalement, depuis mai 2007, les villes concentrent désormais plus de 50 % de la population mondiale.

Au Québec, dans le cadre de la révision de la loi sur les biens culturels, le gouvernement provincial a retenu le paysage comme enjeu culturel. Mais quel est ce paysage? À Montréal, la seule protection qui est intégrée dans le Plan d’urbanisme est celle des vues sur le Saint-Laurent et le mont Royal. Pourtant, le paysage n’a pas de couleur. Il n’est ni vert ni bleu. La trame des rues, la succession de jardinets individuels, la présence de vieux bâtiments industriels sont autant d’éléments constitutifs du paysage urbain. Et que dire de nos paysages olfactifs et sonores? Si la Ville était plus consciente de l’importance de ces types de paysages, peut-être pourrions-nous éviter certains paysages olfactifs printaniers nauséabonds ou nos paysages sonores souvent assourdissants… Car, comme le souligne Philippe Poullaouec-Gonidec, "il ne faut pas voir le paysage urbain comme une donnée patrimoniale à préserver, mais comme un ensemble des caractéristiques d’une ville à faire évoluer. Et c’est en combinant les différents savoirs et perceptions du géographe, de l’historien, de l’élu et du citoyen que l’on pourra mieux le gérer".

Le Paysage en actions
Les 16 et 17 juin
À l’amphithéâtre Hydro-Québec, Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal
2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine
Info: www.paysage.umontreal.ca

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LA PETITE HISTOIRE DU PAYSAGE

La notion de paysage apparaît à la Renaissance, avec l’art pictural. On magnifie alors des scènes bucoliques. Puis, au 18e, la montagne et, plus tard, la mer deviennent des objets paysagers, alors qu’elles étaient auparavant considérées comme des no man’s lands faits de précipices et de tempêtes où périssent les plus aventureux. Ce sont les touristes de la bourgeoisie anglaise qui, en allant en villégiature en Italie et sur les côtes normandes, se lancent dans des descriptions lyriques des Alpes et de la Manche. Par la suite, les écrivains du 19e siècle choisiront souvent la ville comme toile de fond à leurs récits. Dès lors, la cité devient paysage.