Vie

Street surfing : Surfer sur la chaussée

À défaut de vagues écumantes ou de pistes enneigées, les amateurs de glisse peuvent jeter leur dévolu sur un nouveau sport de rue: le street surfing, un hybride de skateboard, de surf et de planche à neige. Cet été, on ride autrement.

Drôle d’objet que la planche de street surfing, commercialisée sous le nom The Wave. Avec ses deux panneaux élargis et arrondis aux extrémités, elle a l’allure d’une pagaie de kayak à laquelle on aurait greffé deux roues de patins à roues alignées. Entre les deux plates-formes, une barre de torsion à ressort permet d’avancer. Car contrairement à sa proche parente la planche à roulettes, qu’on doit propulser avec des poussées du pied, la Wave est autotractée. C’est le mouvement du bassin et des épaules de celui qui la monte qui la fait bouger, grâce aux pressions exercées. La Wave ne se déplace pas toute seule, mais c’est tout juste. "On a vraiment un sentiment de glisse sur l’asphalte, c’est très fluide", affirme Michel Panagis, vice-président marketing de Vertigo HV, distributeur de la Wave au Canada. Et comme les roues tournent à 360 degrés, la planche est très maniable.

L’art d’onduler adéquatement du tronc s’apprend relativement rapidement: au bout de 15 minutes, la plupart des néophytes arrivent à avancer. "Je ne fais ni snow, ni surf, ni skate, et j’ai pogné la touch assez facilement", témoigne Patrick, vendeur chez Sports Experts Lebourgneuf.

Ce sport est-il plus accessible que le skateboard? Steve Bigeault, responsable du département de planche à neige chez Gagné Vélo-Ski et adepte du street surfing, croit que oui. Mais il s’empresse de nuancer: "C’est un peu plus facile à apprendre que le skate, mais si t’es pas smooth, la planche ne le sera pas. Faut que tu sois en symbiose avec elle. Et c’est tout un apprentissage, car aussitôt que tu changes un pied de place, la planche "réagit". Je te dirais que côté feeling, ça ressemble plus au surf et à la planche à neige qu’au skate, à cause du transfert de poids fluide et des virages secs qu’on peut faire. Quand je descends une côte, je me sens comme sur mon snow, mais pas attaché. Sérieux, la maniabilité est hallucinante. Et on peut presque faire du surplace en bougeant vraiment lentement!" À ce rythme au ralenti, le surfeur des rues a presque l’air de s’adonner au taï chi. Rien d’étonnant, puisque la planche a été inventée par un Coréen féru d’arts martiaux, qui s’en servait pour améliorer ses enchaînements et son équilibre. Des Californiens l’ont ensuite adaptée pour la rue, et sa popularité a explosé.

Côté possibilités, on s’amuse avec la Wave autant qu’en planche "normale": 360, ollie, body varial… Même la rampe s’y prête bien. Seule idée à déconseiller: la haute vitesse. "Le street surfing permet surtout de faire des tricks, confirme Michel Panagis. Le carving (virage couché) est aussi plus intense qu’en skate, se rapprochant de ce qu’on peut atteindre en planche à neige." Et comme il faut sans cesse bouger, ce nouveau sport sollicite le cardio à souhait, surtout quand on s’aventure à monter (!) une pente – légère, évidemment, du genre entrée de garage…

Le plus beau dans tout ça, c’est que la Wave peut servir toute l’année! Bien qu’elle soit née sous le chaud soleil californien, elle a déjà été adaptée à notre incontournable nordicité: un Québécois a créé des lames de patin à substituer aux roues. "Sur la glace, c’est vraiment le fun!, s’enthousiasme M. Panagis. La surface est tellement lisse! Et puis on peut "carver" plus car la lame mord vraiment." Mais comme on préfère vraiment ne pas trop penser aux patinoires pour le moment, on profite de l’été pour apprivoiser la chose sur le bitume, en tâchant d’éviter les nids-de-poule. Bonne chance…

Les planches The Wave sont en vente chez Gagné Vélo-Ski ainsi qu’aux Sports Experts des Galeries de la Capitale, Duplessis et Lebourgneuf. Le coût oscille entre 140 et 150 $.
Info: www.streetsurfing.com