Vie

Aires Libres : Village vert

De l’avenue Papineau à la rue Berri, la plus célèbre artère commerciale du centre-ville est le théâtre d’une bien étrange manifestation cet été. À Aires Libres, les piétons tiennent le haut du pavé tandis que le Village passe de rose fuchsia à vert écolo.

Nonobstant les automobilistes obligés d’emprunter une autre voie pour aller rejoindre le pont Jacques-Cartier et quelques terrassiers mécontents de devoir servir de la Labatt, les piétons tiennent le haut du pavé de la rue Sainte-Catherine depuis la semaine dernière. De fait, un bon kilomètre de la célèbre artère commerciale (entre Papineau et Berri) est le théâtre d’une bien étrange expérience cet été.

"C’est une piétonisation environnementale", lance d’emblée Bernard Plante, directeur général de la Société de développement commercial du Village (SDC). Né d’une concertation entre la SDC, l’arrondissement Ville-Marie (et son ambitieux maire Benoît Labonté) et l’Association des résidants et des résidantes des Faubourgs de Montréal, le projet Aires Libres se veut davantage qu’une simple rue fermée à la circulation automobile. Des dizaines de sculptures envahies de végétation – une cinquantaine de silhouettes humaines "plantées" tête première dans d’immenses pots à fleurs et une trentaine de carcasses de voitures – tiennent lieu de décor verdissant.

Christian Bélanger, l’un des codirecteurs artistiques du projet, explique: "Pour moi, dès qu’on ferme une rue, il s’agit d’un geste politique, social et écologique. Ce n’est pas juste des gens qui consomment de la bière sur les terrasses. Avec Aires Libres, nous avons surtout voulu donner aux gens l’occasion de vivre une expérience artistique." Ainsi, les structures mi-métalliques, mi-végétales parsèment ces Aires Libres: "L’auto végétalisée, c’est un clin d’oeil pour dire que la nature doit reprendre ses droits, tandis que l’homme avec la tête dans le pot, c’est une façon de dire qu’il faut arrêter de se cacher la vérité. Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme nous le faisons, sans égard, ou si peu, pour l’environnement."

ÉCOLO ET RIGOLO

Jusqu’au 1er septembre prochain, Aires Libres offre toute une gamme d’activités à faire dans le Village, en pleine rue et dans le parc Amherst, transformé pour l’occasion en véritable quartier général et environnemental. Ainsi, en plus de casser la croûte en buvant une Bud Light (ou une Stella Artois) sur l’une des quelque 50 terrasses disposées à cet effet sur Sainte-Catherine, on peut, par exemple, assister gratuitement à des conférences sur les changements climatiques, l’agriculture biologique et le compostage, une gracieuseté des organismes Équiterre et Environnement Jeunesse. Toujours au parc Amherst, un certain Docteur Poubelle procède périodiquement à l’autopsie d’un sac à ordures sous les regards ébaubis des badauds.

Entre autres activités ludiques, Aires Libres fait également une large place au cinéma, gratuit et en plein air. Tous les mercredis de l’été, le parc Amherst se fait ciné-parc sans voitures. Aussi, kinoïtes et autres amateurs de courts métrages seront ravis d’apprendre que les soirées des jeudis 7 et 14 août seront consacrées à des projections Kino. Enfin, il paraît que pour rien au monde il ne faut manquer le Vélo Drag Tour offert tous les dimanches après-midi par la sémillante drag-queen et cycliste aguerrie Tracy Trash. En balade à vélo et en humour, celle-ci promet de nous faire découvrir ou redécouvrir – et surtout voir sous un nouveau jour – divers secteurs de la Métropole.

Plusieurs autres activités viendront égayer ces Aires Libres au cours de l’été, dont quelques braderies (appelées "marchés libres") organisées par les commerçants de la rue Sainte-Catherine et des parties d’échecs géants au parc Émilie-Gamelin. Sans oublier la tenue des incontournables événements hauts en couleur qui reviennent dans le Village chaque été, tels le Festival International Montréal en Arts (du 3 au 6 juillet) et le Festival Divers/Cité (du 29 juillet au 3 août).

La programmation complète de la "manifestation artistique et écologique" Aires Libres est disponible sous la forme d’un magazine distribué gratuitement dans le centre-ville et les environs. En plus d’une liste exhaustive des différentes activités offertes pendant tout l’été, la revue est parsemée d’informations à haute teneur environnementale. On peut également consulter le site Internet Aires Libres qui, à l’image des sculptures vivantes dans la rue Sainte-Catherine, évoluera tout au long de l’été.

Du 20 juin au 1er septembre
Sur la rue Sainte-Catherine Est (entre Papineau et Berri) et au parc Amherst
Info: www.aireslibres.com