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Voir la ville : Le nouveau visage de Québec

Au-delà des célébrations, le 400e sera l’occasion de redonner au fleuve Saint-Laurent sa place au coeur de la vie des citoyens de la capitale. Du bassin Brown à la baie de Beauport en passant par la promenade Samuel-De Champlain, Québec se révèle sous un jour nouveau.

La littérature ne saurait s’en passer, et on ne compte plus les chansons qui en font leur protagoniste principal: le fleuve Saint-Laurent, tel un vigile, témoin du temps qui passe et de celui qui s’étendra sur ses eaux, est à Québec ce que la Seine est à Paris. Symbole fort, voie d’accès au territoire, il est l’élément déclencheur de ces 400 ans d’histoire. Il était donc logique de redonner accès à ses rives aux citoyens pour cette occasion.

"L’objectif était de trouver un projet qui permette aux différents partenaires de se concerter pour améliorer quelque chose dans la vie de la population de Québec. L’axe qui a été retenu permettra à la population de sentir le fleuve, de le toucher, de le vivre. Les gens ont soif de s’approcher de l’eau", explique Ferland Martin, directeur de l’aménagement du territoire pour la Ville de Québec.

Parmi ces projets, deux d’envergure. Le premier est un cadeau du gouvernement provincial qui aura engendré des coûts de 70 millions de dollars: la promenade Samuel-De Champlain, qui cumule 2,5 km. On connaît le boulevard du même nom qui longe le fleuve et qui a rendu pendant tant d’années les rives du Saint-Laurent inhospitalières. Un souvenir qui devrait vite s’effacer des mémoires, selon M. Martin: "Je pense que le fleuve a été perçu pendant longtemps comme une zone industrielle. Et là subitement, avec la décontamination, l’ajout d’aménagements paysagers de très grande qualité, de fontaines et d’oeuvres d’art, les gens sont totalement émerveillés par la qualité des lieux et redécouvrent cette partie de la ville."

Ce secteur ne sera pas le seul à montrer un nouveau visage. Saviez-vous que le bassin Brown, où vient s’échouer le Cap-Blanc, est l’endroit où les troupes du général Wolfe sont débarquées en 1759? Ce lieu qui était sans vocation particulière depuis les années 70 a bénéficié d’un investissement du fédéral de 7,1 millions de dollars, notamment pour la construction d’une passerelle qui relie l’escalier qui descend des Plaines au Cap-Blanc jusqu’au fleuve. "Très peu de personnes à Québec connaissaient le bassin Brown, pourtant, c’est un lieu extraordinaire, affirme M. Martin. Du bout de la passerelle, on a une vue superbe sur les Plaines. Et, selon les spécialistes de la pêche, c’est un des endroits où l’on peut pêcher avec le plus de succès à Québec."

Le gouvernement du Canada ne s’est pas contenté de cet endroit, mais a également investi à la Pointe-à-Carcy et à la baie de Beauport pour léguer aux citoyens un cadeau à la hauteur de celui qu’ils avaient obtenu en 1908, soit les plaines d’Abraham… Un des investissements majeurs est l’Agora du Vieux-Port, qui pourra produire sans rougir des spectacles de haute qualité accueillant jusqu’à 3500 spectateurs assis. Quant à la baie de Beauport, les 19 millions de dollars qu’on lui a consacrés ont permis de mettre en valeur les qualités naturelles du site, en plus de le doter d’une plage et d’installations pour accueillir les fans de plein air.

LES FRUITS DE LA FÊTE

Cet été, Québec célébrera, mais demain? Que restera-t-il le lendemain de la veille? Derrière tous ces projets, on sent une volonté commune, celle du développement durable. Que ce soit l’eau recyclée des fontaines, les jardins, la décontamination des sols, la construction de bâtiments peu énergivores ou l’ajout de pistes cyclables un peu partout le long du fleuve et pour relier divers secteurs de la ville, l’effort est là. Un legs pour les générations futures, croit M. Martin. "Et ce n’est pas fini! Le secteur Pointe-aux-Lièvres est également voué à être un legs … La ville planifie de décontaminer l’endroit et d’y créer un espace public de grande étendue, en plus d’y construire de l’habitation, ce qui pourra profiter beaucoup à la population de Saint-Sauveur et des alentours."

Le 400e survivra-t-il à 2008? Si on en croit Ferland Martin, les retombées se feront sentir encore longtemps, et pas seulement les répercussions économiques: "On en a pour plusieurs années avant d’exécuter tous les travaux qui ont été lancés dans la foulée de 2008… Mais déjà, les gens de Québec voient et constatent l’amélioration de leur qualité de vie, et cela va porter des fruits pour plusieurs années."