Les laboratoires Dermaglow, en association avec l’entreprise de biotechnologie Genesis Genomics, viennent de lancer sur le marché cosmétique un système capable de mesurer le degré de dommages à l’ADN de la peau, dommages causés par l’exposition aux rayons ultraviolets. Le but est évidemment de nous proposer une gamme de traitements visant à réparer les "peaux cassées". En d’autres mots, ce "système", appelé dermaDNA, est plus concrètement composé d’un test d’évaluation de l’ADN cellulaire, qui fait état de l’ampleur des dégâts tout en évaluant notre sensibilité aux rayons UV, ainsi que de traitements de réparation cellulaire et des protections solaires.
Le système complet, offert en pharmacies, impressionne par ses promesses: grâce au test d’évaluation, nous pourrions connaître le profil génétique de notre peau et son degré de sensibilité aux rayons UV et ainsi prendre en main le destin de notre peau, grâce à un traitement tout spécialement recommandé par les laboratoires Dermaglow.
Là où l’histoire se complique, c’est dans le fonctionnement du test d’évaluation dermaDNA. Pour obtenir nos résultats et recommandations dans les "14 jours ouvrables", il faut envoyer des échantillons de notre ADN (prélevés sur le nez et à l’intérieur de la joue, à l’aide de cotons-tiges fournis dans l’emballage) par la poste, dans une enveloppe préaffranchie.
Douteuse, cette idée d’expédier notre ADN par la poste? "Et comment!" s’exclame le docteur en génétique humaine Claude Laberge, aussi fondateur du Réseau de médecine génétique du Québec. "Non seulement il est dangereux de transmettre ces informations à n’importe qui, puisque l’ADN porte tout notre bagage génétique, notre individualité, nos maladies héréditaires et même notre passé criminel, mais il est aussi contre la Loi médicale de prescrire un tel examen diagnostique sans être médecin. Seuls les professionnels de la santé peuvent prescrire et analyser les résultats d’un test génétique."
La docteure en droit et éthique des biotechnologies Bartha Maria Knoppers est aussi d’avis qu’un tel test peut avoir un impact négatif sur le milieu de la santé: "Est-ce que notre système de santé est préparé à l’arrivée d’un test d’évaluation à domicile? Peut-être que les praticiens ne seront pas prêts à répondre aux questions de leurs patients par rapport à ce test. Et aussi, qu’est-ce que les laboratoires comptent faire de cet ADN, après étude? Ce n’est pas du tout indiqué, dans la promotion de ce produit, et ce devrait l’être."
On se doute bien que Dermaglow n’a pas comme objectif de perdre nos échantillons dans la poste ou même de nous cloner, mais n’empêche qu’une telle invention cosmétique a de quoi faire froncer les sourcils. "Effectuant moi-même des recherches biogénétiques poussées, je doute énormément que les recherches cosmétiques soit évoluées à ce point-là, pour inventer des tests de la sorte!" conclut le docteur Claude Laberge.