Vie

Mur végétal : Une bouffée d'air frais!

Nous le savons, notre société ne fait pas figure de proue en matière de développement et de protection environnementale. Le Jour de la Terre Québec – Alcoa et la Fonderie Darling sont à l’origine de l’idée d’un mur végétal conçu pour former une enclave de fraîcheur au milieu du béton. L’art qui rime avec l’ingénierie et la botanique, voilà peut-être une solution à la grisaille des grandes villes.

LE JOUR DE LA TERRE

C’est il y a presque 40 ans qu’est officiellement né le Jour de la Terre, et c’est à Gaylord Nelson, alors sénateur du Wisconsin, qu’on le doit. En effet, le 22 avril 1970 marquait le coup d’envoi des grands mouvements environnementaux tels qu’on les connaît aujourd’hui. C’est en encourageant les étudiants à mettre sur pied des actions de sensibilisation à l’environnement que Nelson a proposé la première protestation d’envergure du genre chez nos voisins du sud, afin de forcer l’inscription de la problématique environnementale à l’ordre du jour national. Les retombées positives ont été quasi instantanées et ont directement mené à la création de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA) et à l’adoption de la loi "Clean Air, Clean Water, and Endangered Species".

Au fil des ans, le Jour de la Terre est devenu l’événement le plus important de la planète en matière d’écologie et d’environnement, et aujourd’hui, c’est plus d’un milliard de personnes dans 184 pays qui y participent. Si le 22 avril en est le jour officiel, le mandat que s’est donné l’organisme est de stimuler l’action constructive auprès des individus et des entreprises – et pas seulement pendant le jour des célébrations. La thématique 2008-2009 est celle de l’"Écomunicipalité", c’est-à-dire une municipalité qui se préoccupe des questions environnementales dans toutes les sphères de son fonctionnement par le développement de projets concrets.

En partenariat avec le Jour de la Terre Québec – Alcoa, la Fonderie Darling est donc l’endroit d’accueil de cette idée ingénieuse qu’est ce mur végétal, enclave de vie posée au beau milieu du béton. Ombre de ville II présente la silhouette d’une ville adossée au mur de la Fonderie; la création artistique s’y mêle aux technologies de pointe de la végétalisation verticale. Selon Pierre Lussier, directeur du Jour de la Terre Québec, "cet Espace Fraîcheur est une fierté pour nous tous. En réalisant ce mur vert, nous démontrons qu’il est possible d’embellir les espaces où la nature a été écartée pour laisser la place au béton". "Ombre de ville", donc, parce qu’au pied de la structure s’étire l’ombre fleurie de cette dernière.

L’OEUVRE

Jean-Paul Ganem, artiste de land art et instigateur du projet, est visiblement très enthousiasmé par les nouveaux défis de l’urbanisation. Il a commandé l’oeuvre végétale à Eric Bond, président-fondateur d’EnviroZone et spécialiste international en la matière. Depuis plus de 15 ans, Jean-Paul Ganem utilise la végétation comme matériau, il la transforme pour la mettre en valeur et en souligner les caractéristiques en l’insérant dans différents lieux et paysages domestiqués par l’homme, par des oeuvres souvent de très grande envergure. Ainsi, depuis plusieurs années, Ganem a occupé des sites agricoles et urbains en France, au Canada et au Brésil.

Les techniques développées par Bond permettent désormais de s’affranchir des problèmes de poids du substrat et de la lourdeur des structures, tout en permettant l’utilisation d’une foule de variétés de végétaux qui laissent place, par leur texture, leur couleur et la forme que prend leur pousse avec le temps, à une grande liberté de création. Grâce à des observations en milieux naturels, les espèces ont été soigneusement sélectionnées, et ici, les végétaux sont placés dans de petites boîtes d’aluminium et organisés selon un agencement rappelant les géométries urbaines. L’installation est appelée à prendre davantage d’espace en rampant et occupera de plus en plus de place sur les murs du bâtiment. Tranchant avec le décor industriel environnant, l’installation crée un espace qui nous incite à envisager l’urbanité autrement.

La verticalité amène donc des possibilités nouvelles en architecture vivante. Pour Vue de ville II, de la sphaigne a été placée en surface des boîtes, préservant l’humidité du sol et protégeant les 13 sortes de végétaux contre les pathogènes. Son application au-dessus de chacune des boîtes superposées permet aussi d’assurer la dispersion de l’eau d’irrigation, qui s’opère via un système goutte à goutte contrôlé par des sondes d’humidité insérées à différents endroits dans la terre.