Vie

60 000 emplois à combler : Plein emploi à Québec

"Hausse du nombre de travailleurs". "Presque 60 000 emplois à combler d’ici 2011". "Plusieurs secteurs de pointe en nette progression"… Tout grand titre relatif à la situation économique de la ville de Québec peut se limiter à trois mots: tout va bien. Plus que bien, même.

C’est la diversification qui explique le succès de la région dans différents secteurs d’emploi et du développement d’entreprises. Il faut dire que, jusqu’à récemment, la fonction publique comptait pour 80 % des emplois dans la Capitale… Québec, ville de fonctionnaires? Plus maintenant. Le secteur manufacturier est en pleine croissance. Celui de la santé et des produits pharmaceutiques aussi. Sans parler des produits chimiques, des produits informatiques et électroniques, comme l’industrie du jeu vidéo, du secteur des services financiers et des assurances: il y a tout de même onze sièges sociaux de compagnies dans la région, contre seulement trois à Montréal. C’est ça, le nouveau visage de Québec.

"Dans les années 1990, des gens ont dit qu’il fallait diversifier l’économie de la région. On a favorisé l’arrivée de nouvelles industries, qui ont créé des emplois", indique Michel Gingras, directeur de la planification pour Emploi-Québec, région de la Capitale-Nationale. "L’attrait de Québec, il est issu de la volonté du milieu et de l’expérience qui s’est développée sur le plan de la recherche ou de la mise en place de produits innovateurs. L’arrivée d’entreprises comme Beenox ou Ubisoft, ça attire également l’attention d’autres entreprises. Ce sont des expériences qui font boule de neige et qui amènent un créneau à se développer au fil des ans", souligne Caroline Têtu, chargée de communication et de marketing pour PÔLE Québec Chaudière-Appalaches.

Avec le temps, PÔLE a ciblé cinq secteurs, question d’en favoriser le développement: technologies de l’information, alimentation et santé, sciences de la vie, technologies appliquées ainsi que tourisme, patrimoine et culture. "Pour ces secteurs, c’est clair que le développement n’est pas terminé. D’ici 2011, on prévoit une création d’emplois qui tourne autour de 13 000. Et il faudra combler 45 000 départs à la retraite. Ce sont des chiffres qui laissent croire qu’il y aura de l’emploi longtemps à Québec", note Michel Gingras. La popularité du Parc technologique du Québec métropolitain est d’ailleurs assez représentative de la croissance de la région. Après une vingtaine d’années d’activité, le parc compte aujourd’hui 93 entreprises et près de 5000 travailleurs. De ceux-ci, 90 % ont des études post-secondaires et 20 % occupent une fonction de chercheur.

Ainsi, à certains égards, la croissance de Québec risque-t-elle de dépasser celle de la Métropole? "Je ne sais pas si je m’avancerais jusque-là, mais je suis tenté de le faire… Il y a vraiment quelque chose qui se crée à Québec", lance Caroline Têtu. Le taux de chômage reste, de son côté, plutôt bas: 5,4 % à Québec, comparativement à 9,5 % à Montréal, ou à la moyenne provinciale de 7,8 %. "On a le taux de chômage le plus bas au Québec", note M. Gingras.

ET LA MAIN-D’OEUVRE?

En fait, le développement à Québec va si bien qu’on est plutôt face à une pénurie de main-d’oeuvre. Au point où il faudra trouver de nouveaux bassins de travailleurs à séduire, question de les amener ici. "La ville draine tout l’Est du Québec pour les études. On a un bon noyau. Il faut toutefois d’autres bassins que celui-là: l’immigration, employer les gens sur l’aide sociale ou au chômage", estime Michel Gingras. D’ailleurs, pour Éric Sinopoli, de l’agence SinAction qui fait dans le marketing de recrutement, l’attitude des employeurs a bien changé. Pour les employeurs qui font appel à lui, issus tout particulièrement du secteur manufacturier, c’est désormais l’entreprise qui doit convaincre l’employé de travailler pour elle. Pour ce faire: campagne de recrutement, speed dating d’emploi… rien n’est oublié. Mais la solution, selon lui, réside dans l’immigration. "Plusieurs entreprises de Québec commencent à recruter à l’international", constate-t-il.

Et pourquoi ne pas aller recruter plus à l’ouest, vers Montréal? "À moins d’aller à l’église tous les jours, ça m’étonnerait, tranche Éric Sinopoli. Quand des gens vivent à Montréal, ils ne viennent pas s’établir en région. Mais l’espoir fait vivre, alors on ne sait jamais… Pourquoi c’est plus difficile pour quelqu’un de Montréal de vivre à Québec que pour quelqu’un de Québec d’aller à Montréal? C’est un mystère qu’on ne risque pas d’élucider…"