Vie

Oclan : Portrait mode

Après 23 ans à la tête de la boutique Oclan, à Québec, Jean-François Renaud dresse avec lucidité un portrait mode du dernier quart de siècle.

Assis sur les marches de l’escalier de la section hommes d’Oclan, Jean-François Renaud nous accorde quelques minutes de son temps alors que la cohue touristique envahit son magasin.

L’homme en est aux constats à sa boutique de vêtements de milieu de gamme. Pendant de nombreuses années, il a vendu la crème des designers québécois: Marie Saint Pierre, Philippe Dubuc, Jean-Claude Poitras, Nadya Toto, etc. Aujourd’hui, il n’en a plus un seul. Lourde conséquence des effets de la mondialisation et de la concurrence asiatique. "Ça prend beaucoup d’argent en arrière d’une marque pour évoluer, pour faire la compétition avec toutes les autres marques internationales (Michael Kors, Karl Lagerfeld, G-Star, Energie, etc.) qui ont tellement de budget, explique le commerçant. Pour les designers québécois, c’est très difficile de survivre dans cette jungle-là. La seule façon d’y parvenir, c’est d’avoir leur boutique, une niche, une petite production pour leur clientèle très ciblée. Mais quand ils veulent passer à une autre étape de la diffusion, ça prend vraiment de gros sous." Et là, ils ne font pas le poids. Aussi, le client n’est pas toujours prêt à payer plus. Cul-de-sac à l’horizon.

MESDAMES, MESSIEURS

Au fil des ans, Jean-François Renaud a vu évoluer les habitudes. "Ça s’est raffiné avec le temps. Les gens voyagent beaucoup et cherchent à se différencier", affirme-t-il.

Fait nouveau, les hommes de moins de 30 ans magasinent dorénavant seuls! "C’est très rare qu’ils magasinent avec leur blonde alors qu’avant, ils se fiaient beaucoup à leur femme", révèle-t-il.

De plus, dans la clientèle des 18-25 ans, hommes et femmes se ressembleraient, ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans. "C’est une question de priorité, d’éducation, croit-il. Les jeunes savent vraiment ce qu’ils veulent. Ils sont au courant de la mode. Ils sont beaucoup sur le Web. Pour nous autres, comme acheteurs, c’est de plus en plus exigeant." Dorénavant, la mode est dictée par la clientèle.

Certaines choses ne changent pourtant pas. Alors que l’homme achète par nécessité et n’hésite pas à débourser davantage, la femme achète plus, par impulsion, à un prix plus bas.

Oclan
67 1/2, rue du Petit-Champlain et 52, boul. Champlain
418 692-1214
www.oclan.net