Vie

Par camaraderie : Sur le tas

Ils s’apprennent à l’école, mais ils se transmettent également par camaraderie. Portrait de trois métiers appelés à changer, mais pas à mourir.

CES BOTTES SONT FAITES POUR RESTER

À la cordonnerie Tremblay, Christian Bussière, copropriétaire, répond promptement quand on l’interroge sur l’avenir de sa profession. "On n’est pas menacés du tout", lance-t-il. Son frère Bertrand nuance: "Tu ne te mets pas riche avec ça. Mais si tu veux une job diversifiée qui n’est pas répétitive comme dans une shop, c’est sûr que le métier de cordonnier permet ça, tu peux toucher un peu à tout." Toucher à tout, les frères l’ont appris auprès de leur père, qui lui aussi l’avait appris de son père. Sans nier l’utilité d’une formation en cordonnerie, Bertrand Bussière prévient les apprentis de la précarité du métier et explique que le cordonnier de l’an 2000 se doit d’être autodidacte et capable de répondre à toutes sortes de besoins pour survivre.

COMME UN POISSON DANS L’EAU

Sylvie Lemieux ne connaissait que très peu les produits de la mer le jour de son embauche au Marché de poisson Sherbrooke. "Je suis venue et j’ai appris au fur et à mesure. Je me suis beaucoup renseignée sur Internet." Jacques Gauvin, copropriétaire, souligne que les changements dans les goûts des consommateurs influencent le rôle du poissonnier. Moins nombreux qu’à une certaine époque, absents de bien des supermarchés, les poissonniers doivent maintenant diriger les gourmets à la recherche du produit spécialisé. "Avant, les gens ne mangeaient du poisson que le vendredi. Aujourd’hui, les gens ne mangent pas ça comme une pénitence. Il y a tellement de choix. Nos employés ont été formés en fonction. C’est comme une école."

DE VIOLON D’INGRES À LUTHIER PROFESSIONNEL

Hubert Chanon, luthier de Sherbrooke, a acquis les connaissances requises de classe de maître en classe de maître, de stage en stage. L’artisan a même déjà accueilli des professionnels d’expérience dans son propre atelier. "La formation sur le tas, c’est ce qu’il y a de mieux. C’est en travaillant avec un luthier que l’on peut apprendre le plus rapidement. Le problème, c’est les conditions économiques qui font que c’est très difficile de prendre un apprenti." Bien qu’il soit effaré par le nombre de diplômés qui sortent des écoles, monsieur Chanon serait enclin à avoir un poulain. "Je pense qu’allier l’école et l’apprentissage, c’est l’idéal, à condition de faire l’école quand on est assez jeune."