Vie

Boutiques de fringues seconde main : Seconde main? Seconde peau!

Jean Paul Gaultier écumait naguère les fripes de l’avenue du Mont-Royal, et depuis l’avènement du vintage au milieu des années 90, les boutiques de fringues seconde main pullulent. Mais qui sont donc ces bibittes qui les fréquentent et savent se composer des looks d’enfer en farfouillant parmi les racks? Rencontre avec deux d’entre elles.

Bien que plusieurs aient cru que la tendance allait s’éteindre à la vitesse d’un courant mode éphémère, la popularité des friperies perdure. La preuve: de nouvelles adresses s’emparent de Montréal et deviennent la caverne d’Ali Baba des thrifters (ceux qui s’adonnent à la ruée aux friperies). Récemment, Léora s’est installée sur la rue Rachel Est et, aux yeux des expertes en la matière, la marchandise a tout pour plaire. Normal, puisque la costumière et proprio Nicole Pelletier y a déballé de véritables trésors qu’elle accumule depuis 40 ans. Couture vintage en parfait état, lingerie faite à la main des années 20, robes cocktail fifties ou lunettes de résine surdimensionnées à la Bond girl (du temps de Sean Connery), tout y est.

Or, depuis que H&M nous propose, ici, des versions beau bon, pas cher des classiques stylés, on peut tout de même se demander pourquoi ces destinations ont toujours la cote? Peut-être est-ce le mouvement écologique qui nous pousse à réduire notre consommation et à tout réutiliser ou le désir d’avoir un style franchement différent? On a posé la question à deux spécimens montréalais.

LA COLLECTIONNEUSE

Marie débute dans l’univers du stylisme. Sa nouvelle profession lui permet de se déculpabiliser pour son amour des vieilleries qu’elle accumule sans limites et avec passion. Elle est fana de friperies et a bien l’intention de se monter sa propre banque d’accessoires, de vêtements et de chaussures vintage. "Les objets qui ont du vécu, ça va bien avec ma personnalité et mon tempérament." À l’école secondaire, Marie voulait aller à contre-courant des tendances dominantes: les chaînes de magasins commerciales. Elle souhaitait être originale, se démarquer. Elle a alors découvert l’univers des friperies et y est restée accrochée!

En matière de fripes, les critères qui guident ses choix sont l’exclusivité, l’originalité et les bons prix. Par contre, il lui arrive de débourser de plus grandes sommes pour des morceaux qui, selon elle, valent leur pesant d’or. Parmi les bonnes adresses de la jeune styliste compte Eva B, sur la rue Saint-Laurent. La panoplie de morceaux vintage des années 1950 à 90 vaut le détour, et on peut aussi y louer les pièces. Le Local 23 de l’avenue Bernard, en plus de sa section de designers locaux, tient une impressionnante collection de vêtements d’époque que Marie reluque fréquemment. Son coup de coeur rayon bijoux va à la boutique Maskarade au coin de Parc et Mont-Royal. Mais, par-dessus tout, sa destination chouchou est, et restera, le bazar de sous-sol d’église de quartier. Elle aime se mesurer aux montagnes de vêtements et est une championne pour y dénicher la robe qui rendra ses copines jalouses.

L’ADDICT DE VIEILLERIES MODE

Camille est étudiante en commerce de mode au Collège Marie-Victorin. Au début, ce qui l’a menée vers les friperies, c’est le désir de trouver LE morceau tant convoité, et ce, à bon prix. Elle prend un plaisir à fouiller parmi les reliques, tant et si bien qu’elle a fait une croix sur les centres commerciaux! "Avec le temps, j’ai développé des habilités en couture qui m’ont permis d’obtenir, en bout de ligne, exactement ce que je cherchais. C’est intéressant de donner une nouvelle dimension aux vêtements. Lorsqu’il se passe des heures avant de faire la trouvaille, tu apprécies le temps passé à modifier la pièce. Ça devient une passion", confie-t-elle.

Ses coups de coeur: les succursales de l’Armée du Salut de la rue Saint-Hubert et de la rue Sherbrooke Ouest. À la première, elle déniche parfois quelques morceaux originaux, mais surtout la majorité de ses costumes d’Halloween. Près de Westmount, Camille fait plutôt des découvertes griffées en bon état – ce qui est très rare dans l’univers des friperies -, comme son sac à main Chanel. À son itinéraire shopping, il y a aussi la Friperie Saint-Laurent. Là-bas, ce sont les pêches aux accessoires qui sont fructueuses. Lunettes de soleil, foulards et carrés de soie y sont offerts à bon prix. Enfin, c’est sur eBay qu’elle chine en pyjama. "Les gens n’y pensent pas toujours, mais il y a plusieurs liquidations de costumiers qui se déroulent sur ce site. C’est là qu’on peut trouver des vêtements d’époque à meilleur prix".

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SWAPARAMA, POUR TROQUER

Afin de satisfaire l’appétit de nos thrifters montréalais en cette période de transition saisonnière, le Marché MTL organise pour une deuxième fois son échange-mode. Vous êtes donc invité, jusqu’au 16 septembre (18 h), à déposer les vêtements, chaussures et accessoires que vous ne portez plus au 24, avenue des Pins Est. Le lendemain, soit le 17, on vous y attendra, vous et votre sac de shopping. Ne restera plus qu’à le remplir à votre guise, cocktails et cupcakes en prime. Du nouveau pour cette édition: la section VIP. Pour un coût d’admission légèrement plus élevé, vous ne ferez pas la file, et on vous offrira trois pièces des saisons précédentes ainsi qu’un sac-cadeau. Info: 514 907-2482; www.lemarchemtl.com

CARNET D’ADRESSES /

Armée du Salut
7066, rue Saint-Hubert, tél.: 514 276-0349
5762, rue Sherbrooke Ouest, tél.: 514 488-8714
www.armeedusalut.ca

eBay
www.ebay.ca

Eva B
2013, boulevard Saint-Laurent, tél.: 514 849-8246
www.boutiqueevab.blogspot.com

Friperie Saint-Laurent
3976, boulevard Saint-Laurent, tél.: 514-842-3893

Léora
859, Rachel Est, tél.: 514 792-5962

Local 23
23, avenue Bernard Ouest, tél.: 514 270-9333

Maskarad
103, avenue du Mont-Royal Ouest, tél.: 514 844-7676