Vie

Griffintown, témoignages : Ce qu'en pense…

Griffintown: ils y vivent, y travaillent ou y investissent.

MARC PEETSMA, COPROPRIÉTAIRE DU CAFÉ GRIFFINTOWN

Musicien professionnel, Marc Peetsma a racheté il y a quelque mois, avec deux autres partenaires, ce pub-restaurant qui est une véritable institution dans le sud-ouest de Montréal. Inconditionnel de son quartier, il habite au coin des rues Ottawa et Murray depuis plus de 10 ans. Il est ravi de voir le développement dont profite le secteur ces derniers temps. Il croit d’ailleurs que la tendance va se poursuivre, incitant notamment de jeunes professionnels à s’y installer. Ceci dit, pour lui, le projet Devimco "manque de transparence", et il craint de voir apparaître une barrière au milieu du quartier, faite de stationnements et de gros magasins. "Ma peur, c’est que le promoteur ne développe pas le quartier pour les gens, mais qu’il en fasse un grand centre commercial."

JACQUES VINCENT, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU PROMOTEUR IMMOBILIER PRÉVEL

Fort d’une expérience concrète, avec le Lowney qui en est à sa cinquième phase, le promoteur jette un regard lucide sur l’avenir de Griffintown. "Du fait de sa proximité avec le centre-ville de Montréal, le potentiel de développement du quartier est important. Mais, il est encore trop tôt pour savoir quel sera le futur visage de Griffintown. Tout dépendra des infrastructures (alimentation, restaurants, etc.)." Pourtant, il ne pense pas que l’offre de services générée par le projet de Devimco y jouera un rôle, estimant que celui-ci aura une vocation plus régionale que locale. Selon lui, Griffintown devra développer une vie de quartier en capitalisant sur des rues comme Notre-Dame et sur son patrimoine. L’avenir du quartier, il le voit sous forme d’un espace urbain assez dense en général, peuplé de jeunes couples et célibataires, résolument urbains. "Un Soho à la new-yorkaise", dit-il. Ici, il n’y aurait ni de trop vieux (il ne pense pas que les personnes âgées souhaiteraient s’installer loin de leur environnement d’origine) ni de trop riches (pour lui, le marché ne pourrait pas supporter une offre exclusivement haut de gamme).

CHRISTOPHER GOBEIL, RÉSIDANT DE GRIFFINTOWN

Ce résidant de Griffintown habite une ancienne maison d’ouvrier, datant de 1857, qui devait être détruite dans le projet de Devimco, mais qui semble avoir obtenu un sursis. Lui, qui est également porte-parole du Comité pour le sain redéveloppement de Griffintown, ne cache pas son inquiétude quant au développement de Griffintown. "On n’a pas besoin de mégaprojets comme celui de Devimco. En outre, il n’existe pas de lien entre les différents projets actuels (Devimco, centre de tri postal, autoroute Bonaventure…). Il est regrettable que la ville ait abandonné sa fonction de planificateur urbain au profit des promoteurs." Selon lui, le projet Devimco s’adresse aux consommateurs et non pas aux citoyens. "Le centre d’achats va tourner le dos au quartier." L’avenir est, pour lui, celui de tours d’habitation, avec des condos de luxe et des logements pour personnes âgées et étudiants, qui ne sera propice ni aux piétons ni aux vélos.