Jamil, qui habite le quartier depuis 20 ans, est fier d’observer la transformation de la Plaza. D’autant plus qu’il en est, en quelque sorte, le moteur. "La relance de la Plaza a réellement commencé en 2000, lorsque j’ai remporté le premier prix du concours d’entrepreneuriat de la SDC plaza St-Hubert. C’est grâce à cela que j’ai ouvert Le Petit Medley. Ç’a vraiment aidé à faire rayonner la rue."
Jamil n’a pas tort. Le Petit Medley, campé à l’angle de Bellechasse, jouit d’une excellente réputation. Que ce soit pour les Mardis Swing, la ligue d’impro Les Cravates, la salle de spectacles ou la piste de danse bondée des jeudis et vendredis soir, bien des jeunes trentenaires ont adopté l’endroit. Histoire de plaire aux sorteux un brin plus vieux (35-45 ans), Jamil a ouvert en novembre dernier un deuxième bar, Le Gainzbar. Situé presque en face du premier, celui-ci est plus tranquille. La musique est mise en arrière-plan, ce qui laisse toute la place aux conversations. Pas étonnant, donc, que ce soit à cet endroit que l’on ait rencontré l’homme. Mais après y avoir siroté un drink, Jamil s’est levé d’un bond. "Allez, on va se balader! Je vais vous montrer ma Plaza, mes voisins, mes amis!"
LES VOISINS, LES AMIS
En moins de deux, nous sommes devant la porte de la boutique Art Kéo, un véritable royaume pour la déco. "Bonjour Kéo! Je rentre dans ta boutique avec une clope au bec, tu devrais me mettre dehors!" lance le coloré Jamil alors que l’on passe la porte. Mais Kéo Kossal, artiste et proprio de la place, ne grince pas des dents. Il sourit plutôt en nous faisant visiter sa boutique, truffée de ses propres oeuvres d’art (de magnifiques créations contemporaines fabriquées à partir de matériaux recyclés) ainsi que de jolies importations venues d’Asie. "J’attends toujours que tu viennes me voir pour que je te donne des cours de peinture", rappelle Kéo au chanteur.
Mais celui-ci a déjà passé le pas, et on le retrouve occupé à saliver devant la charcuterie artisanale La Queue de cochon, située à deux pas. "C’est normal pour moi de vous emmener ici", dit Jamil. Pourquoi? Par allusion à ses chouettes chansons grivoises auxquelles il nous a habitués? Peut-être, mais c’est aussi parce qu’il aime la bonne bouffe. Il raffole de leur magret de canard, de leur chorizo, de leurs plats à emporter et, surtout, de leurs saucissons bio. "Si vous voulez savoir ce que c’est, du vrai saucisson, ça, c’en est!" dit-il la main armée de l’un d’entre eux.
Encore plein d’ardeur, Jamil nous présente la boutique Les Délires du terroir, située la porte voisine. Fromages, chocolats et autres gourmandises issus de notre Belle Province garnissent les tablettes. Cela dit, Jamil aime l’endroit avant tout pour la riche variété de bières artisanales que l’on y trouve. D’ailleurs, juste avant de quitter les lieux, après avoir jasé avec Sylfranc, un des proprios, Jamil lui lance: "Ah! j’oubliais de te dire: il est fort possible que l’on entre une pompe de la Délirante (une bière brassée exclusivement pour la boutique) au Gainzbar et au Petit Medley."
PARLE PARLE, JASE JASE
Cette confrérie entre les commerçants, voilà ce qui fait la beauté de la Plaza St-Hubert. "Ici, il y a beaucoup de commerçants-propriétaires. C’est un gros avantage pour les clients. Ça rend l’expérience chaleureuse et personnelle. Tu ne te fais pas vendre des choses par des gens qui sont payés à la commission. Ils sont passionnés, ils savent ce qu’ils font et de quoi ils parlent", soutient Jamil.
Parler. C’est bien ça que l’on a fait durant cette balade. On aurait d’ailleurs voulu placoter avec plus de commerçants, mais le temps file. En deux heures, on n’a réussi qu’à faire le tour d’une seule section – la jaune – parmi les quatre qui composent la Plaza, de Bellechasse jusqu’à Jean-Talon. Nous laissons Jamil chez Mademoiselle Gabrielle, une sublimissime crèmerie-chocolaterie. On a quand même pris le temps d’accepter un morceau de chocolat aux écorces de cacao. Et s’il n’y avait pas eu cette brise d’automne, on se serait sûrement gavé de glaces. Au dire de Jamil, elles battent toutes les crèmes glacées artisanales à cent kilomètres à la ronde. C’est noté. On reviendra. Cette fois, on s’assurera d’avoir plus de temps.
CARNET D’ADRESSES /
Le Petit Medley
6206, rue Saint-Hubert
514 271-7887
Le Gainzbar
6289, rue Saint-Hubert
514 272-3753
Art Kéo
6341, rue Saint-Hubert
514 277-2264
La Queue de cochon
6400, rue Saint-Hubert
514 527-2252
Les Délires du terroir
6406, rue Saint-Hubert
514 678-6406
Mademoiselle Gabrielle
6220, rue Saint-Hubert
514 759-7878