Musée d'art contemporain de Montréal (MAC) : Espaces réinventés
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Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) : Espaces réinventés

L’art nous donne parfois une relecture de l’espace, qu’il soit naturel ou bâti. Avec deux expositions de nature très différente, le MAC (Musée d’art contemporain de Montréal) nous invite à réinventer une certaine idée de l’architecture et du paysage.

REPENSER LES ESPACES CODIFIÉS

Chaque environnement architectural induit un type de comportement spécifique. On s’attend à voir des danseurs dans une salle de bal, un public et des athlètes dans un stade, des présentateurs dans un studio de télévision… Or, Lynne Marsh aime prendre le contre-pied de ces évidences, pour remettre en question la codification des espaces. À travers trois installations vidéo, présentées par le MAC et le Musée régional de Rimouski, l’artiste nous invite à redécouvrir des lieux en y introduisant un personnage féminin filmé dans une mise en scène décalée.

Créée en 2004, la première vidéo, Ballroom, offre une vue fixe d’une salle de bal londonienne des années 1950. Au lieu des danseurs habituels, seule une femme, suspendue la tête en bas, occupe l’espace. Tournant lentement sur elle-même, juste au-dessus d’un lustre monumental, elle anime l’espace de mille petits points lumineux, à l’instar d’une boule miroir de night-club.

Réalisée en 2008, la vidéo Stadium – Final Cut nous invite à revisiter l’Olympiastadion de Berlin. Utilisant des techniques de plongée et d’angles de vue qui ne sont pas sans rappeler celles inventées par la cinéaste Leni Riefenstahl pour filmer les Jeux olympiques de 1936, Lynne Marsh nous entraîne dans un univers mécaniste en noir et blanc. Pourtant, loin de la foule et des athlètes des films de propagande des années 1930, c’est une figure féminine qui, comme perdue, évolue au milieu des gradins, offrant un nouveau regard sur un lieu conçu à l’origine pour exalter la beauté virile du corps masculin.

Tournée dans un studio de télévision de Berlin, Camera Opera a été présentée pour la première fois l’été dernier, lors de la Triennale du MAC. Dans cette capsule vidéo, au lieu de monopoliser l’attention comme il est d’usage sur le plateau d’une émission d’actualité, la présentatrice devient une figure anonyme. Ce sont les caméras qui, tour à tour, deviennent sujets. Plutôt que de subir l’espace, elles nous en livrent une interprétation spontanée.

L’IDÉE DE PAYSAGE

Qu’est-ce qu’un paysage? Une scène bucolique? Un bord de mer? On l’a vu en juin, avec le forum "Le Paysage en actions" de l’Université de Montréal: la notion de paysage a beaucoup évolué. Parti du lyrisme épistolaire de quelques vacanciers du 18e et de la verve des poètes du 19e, le paysage prend aujourd’hui de multiples formes (urbain, olfactif, sonore…). C’est cette approche polysémique que Josée Bélisle a adoptée pour son exposition Idées de paysage.

Genre consacré dans la tradition de la peinture, le paysage est toujours présent dans l’art contemporain. Mais, au lieu de sacrifier à une représentation traditionnelle, il prend une forme plus conceptuelle. Comme l’écrit la commissaire du MAC, "plutôt que dans la réappropriation créative et efficace de repères reconnaissables, c’est vraiment dans l’accumulation sous-jacente de multiples couches de sens que se joue la polysémie de tous ces paysages d’idée, lieux de discours et d’expérience".

Après une première exposition en 2000, Josée Belisle a donc réuni de nouveau une trentaine d’oeuvres de la collection permanente du musée, afin d’illustrer les multiples formes que peut prendre cette "idée de paysage" dans l’art contemporain. On y verra d’abord des oeuvres, comme celles de John Lyman et de Jean-Paul Lemieux, qui proposent une représentation plus traditionnelle de l’idée qu’on se fait du paysage. Puis, on glissera vers des paysages célestes, à l’image du "caniche" stellaire de General Idea. Plus loin, le tout est évoqué par l’unité, que ce soit naturel (le tronc d’arbre stylisé de Laurie Walker) ou urbain (la balançoire de Stephen Schofield). Ailleurs, des maquettes monumentales rêvent de cités antiques (Anne et Patrick Poirier) ou rétrofuturistes (Patrick Coutu). Finalement, il s’agit parfois de simples allusions à la matière (la sculpture de Christiane Gauthier) et l’espace (les disques métalliques tronqués de David Rabinowitch).

Lynne Marsh
Du 6 novembre 2008 au 8 février 2009

Idées de paysage / Paysages d’idée 2
Du 6 novembre 2008 au 4 janvier 2009
Au MAC