Vie

Pop-Cycle : Le cycle de l'habit

Porter des vêtements ou des bijoux recyclés ET avoir l’air de son temps: scénario utopique? Pas chez Pop-Cycle, une jeune entreprise de Québec menée par deux écodesigners allergiques au look baba cool.

Dans l’atelier exigu de Mélanie Pelletier et Catherine Charron-Béland, à Limoilou, d’innombrables pots de pilules s’alignent sur les étagères. Plutôt que des comprimés, ils contiennent un imposant éventail de perles, billes et boutons de diverses couleurs et grosseurs, qui finiront éventuellement sur un collier aérien ou des boucles d’oreilles singulières signées Pop-Cycle (prononcez popsicle). Assises au milieu de cette orgie de matière première, les deux écodesigners avouent être étonnées de la popularité subite de leur ligne. "Ça fait seulement six mois que Pop-Cycle existe officiellement, et déjà, on a de la misère à fournir nos points de vente", relate Catherine. "En même temps, c’est un beau problème", relativise Mélanie.

Les bijoux, vêtements et accessoires des deux anciennes artistes en arts visuels ont rapidement obtenu la cote auprès des amateurs de créations locales doublées d’un souci éthique, le tout à prix vraiment abordable (entre 5 et 15 $ pour une paire de boucles d’oreilles, qui dit mieux?). "Le recyclage rejoignait nos valeurs: on aimait l’idée de créer à partir de matières qu’on pourrait arracher à l’incinérateur, explique Mélanie. C’est pour ça qu’on utilise des objets qui ne se recyclent pas, comme des boutons et des vieux bijoux." Si les deux comparses devaient, au début, fouiner dans les marchés aux puces et ventes de garage pour dégoter des parures décaties, le bouche à oreille entre âmes charitables a vite fait son oeuvre. Les filles songent aussi à installer des boîtes dans des bureaux pour recueillir les dons démodés des employés.

Pour le textile, qu’elles travaillent dans leur atelier de Lévis, Catherine et Mélanie s’approvisionnent parmi les fringues classées dans la pile "vidanges" d’un centre de tri. Ce qui ne signifie pas qu’elles ramassent n’importe quoi. "On est super téteuses, on choisit méticuleusement les vêtements. On ne veut surtout pas que ça ait l’air vieux, usagé ou hippie! lance Mélanie. On veut que les gens qui portent nos créations aient l’air de vivre en 2008." Malgré l’inévitable patchwork qu’impose la récupération, les tuniques, cache-coeurs, capuchons-foulards et mitaines de Pop-Cycle ont un look urbain et actuel, à mille lieues du macramé et du style courtepointe. Des trucs tout simples mais efficaces permettent ce tour de force: les coutures à l’intérieur, des matières impeccables et des couleurs contrastées. "On aime bien marier une couleur flash avec du gris ou du noir. Déjà dans notre pratique artistique, le côté coloré et ludique était très présent", relate Catherine, qui ajoute que la récupération les amène vers des idées qu’elles n’auraient pas explorées autrement. Ces temps-ci, elles cogitent sur la façon d’intégrer des cordes de guitare, des dés et des jetons de bingo dans leurs futurs bijoux… Chez Pop-Cycle, la contrainte n’est pas un frein, mais un stimulant pour l’imagination.

Pop-Cycle
418 380-2688
www.pop-cycle.ca

Les créations de Pop-Cycle sont en vente chez Code vert, Comme le monde, Sophiori et les Ateliers Queue de chemise (Lévis).