Vie

Choisir un cours de danse : Retour aux sources

Difficile de choisir un cours de danse parmi la pléthore de ceux proposés. Certains sont déjà bien installés, rassemblant autour d’eux une communauté de passionnés; d’autres, pour le moins mystérieux aux yeux des non-initiés, méritent d’être décodés.

AUX RACINES DE LA PERLE DES ANTILLES

Mohammed Mhirit a soufflé, en septembre dernier, la première bougie de Studio Danse Montréal. "L’idée de promouvoir les cultures par la danse est à la base de notre projet. La communauté haïtienne, par exemple, est très importante à Montréal. Sa culture est très riche, variée, mais paradoxalement peu connue."

Shérane Figaro y enseigne justement l’afro-haïtien depuis janvier 2008. "Ça fait partie du patrimoine culturel de mon pays et s’inspire, entre autres, du vaudou, du culte que pratiquaient les esclaves." Rien d’effrayant ici, puisqu’il existe une différence dans la façon de battre le tambour, que l’on danse dans une cérémonie ou pour la scène. "Et ce n’est pas le même engagement dans le mouvement", de préciser Shérane.

Quelle est la différence avec un cours de danse africaine? "Les tam-tam sont toujours là, mais les rythmes sont différents. Et on fait beaucoup moins de sauts. Même si nous avons un tronc commun, car l’afro-haïtien est né avec les esclaves béninois, togolais et nigériens, il reste que l’influence des danses françaises et espagnoles, comme le menuet ou la contredanse, marque une distinction."

EXOTISME ASSURÉ

Annick Brault est titulaire d’un baccalauréat en danse de l’UQAM. Elle a appris les danses balinaises en Indonésie, où elle a vécu. "Il y a beaucoup de similarités avec la danse indienne. Elles sont exigeantes physiquement, surtout au niveau musculaire postural, car il faut tenir les positions longtemps. On incarne des personnages très typés, dans leur masculinité ou leur féminité par exemple, très colorés." Annick performe aussi dans le groupe de gamelan (ensemble instrumental traditionnel de musique indonésienne) Giri Kedaton, depuis 2002. Que lui apporte la danse balinaise? "En tant qu’interprète, j’ai juste à entrer dans le moule des chorégraphies déterminées depuis longtemps, à m’amuser avec les éléments de la danse. L’ego n’a pas vraiment sa place! En contemporain, ça demande plus de vulnérabilité."

Mais, qui suit ces cours qu’Annick donne au Studio Danse? On imagine aisément une cohorte de danseurs nés ici de parents balinais, qui souhaitent ainsi reconnecter avec leur culture d’origine. Loin s’en faut. C’est la saine curiosité qui attire les élèves, dont la majorité n’ont aucun lien direct avec ce pays.

SENSUALITÉ CANAILLE

Le tango, au fil des années, s’est bien implanté dans notre métropole. À la Tangueria, voilà 15 ans qu’on l’enseigne. Depuis peu, on offre aussi des leçons de canyengue, "une des formes primitives du tango de salon, pratiquée dans les années 20 et 30", précise Paul Montpetit. Si, ici, la forme est moins connue, elle gagne en popularité à Buenos Aires. "Après la crise économique de 2001, les Argentins ont effectué un retour aux sources. Désormais, les jeunes se réapproprient la culture traditionnelle." Puis, se levant pour esquisser quelques pas, "ça se danse sur le côté, et le croisé de la femme n’existait alors pas. C’est un peu plus brut, en somme". Le canyengue est né dans les quartiers populaires. "Cette variante est plus proche de la culture noire, de l’essence même du tango." Ce cours a-t-il été pensé pour les pros des milongas (soirées de danse), qui souhaitent passer à un autre niveau? "Absolument pas. Ça peut même être une porte d’entrée vers le tango." Et au-delà de la danse, Paul Montpetit voit, dans son enseignement, un moyen extraordinaire de faire connaître la culture argentine. Traditionnellement vôtre!

CARNET D’ADRESSES /

Danses balinaise et afro-haïtienne
www.studiodansemontreal.com

Groupe de gamelan Giri Kedaton
www.girikedaton.com

Tango canyengue
www.tangueria.org