Vie

Le Souk et Petits Pains « Show » : Artisanat urbain

Franchement, qui a encore envie de jouer du coude dans les allées surpeuplées des grands magasins? On se comprend. On ne cède donc pas à la facilité, et on sort des sentiers battus. Direction le Souk et Petits Pains "Show", pour y magasiner des créations contemporaines montréalaises. Ça va, pas trop déboussolé?

SORTIR DU CENTRE COMMERCIAL

"Mais c’est le souk ici!" Peut-être Azamit a-t-elle souvent entendu cette réflexion, vu qu’elle a choisi ce terme pour son événement annuel devenu, au fil des années, un incontournable du genre. À l’origine du projet, l’envie d’aider des potes artistes qui n’arrivaient pas à vivre décemment de leur passion. "Moi, comme styliste, je pouvais voyager pour mon travail, pas eux." Né d’un besoin, soit celui d’avoir une vitrine à proposer à ces créateurs, le Souk a su, en cinq années, s’imposer dans ce milieu. Pour la prochaine édition, près de 400 personnes ont soumis leur projet à un jury. Qu’est-ce qui différencie un appelé d’un élu? "Il faut que les produits n’aient pas l’air d’avoir été faits par un manufacturier. À produit égal, c’est la qualité ou l’originalité qui priment."

Le Souk, donc, rassemble, selon les années, de 60 à 100 exposants à la SAT. Contrairement aux salons du type métiers d’art, les créations ne sont pas circonscrites à un kiosque attribué. Le concept dont s’est inspirée Azamit, c’est plutôt celui, new-yorkais, de The Apartment. On peut prendre un café dans la place, puis décider d’acheter la tasse dans laquelle on nous l’a servi. L’environnement est donc plus moderne, moins formel, les artistes se mêlent aux visiteurs, un échange se crée. Luminaires, accessoires de mode, confitures, toutous irrévérencieux, tous ces produits ont un dénominateur commun: la qualité. "C’est très important, car jusqu’à ces deux ou trois dernières années, le public ou les proprios de boutiques associaient la qualité à des produits étrangers. Certains avaient parfois eu de mauvaises expériences." Celle qui porte ce projet à bout de bras voit une évolution réelle de l’événement depuis sa première édition. "Au début, ceux qui venaient magasiner au Souk étaient les amis d’amis, surtout de jeunes francophones. Désormais, on a une clientèle de l’Ouest, et tous les âges sont représentés. Du côté des artistes, certains font des collections exclusives juste pour l’événement!" Ce qui la rend la plus fière, c’est que certains créateurs aient pu lâcher un job alimentaire pour vivre de leur art, comme ces céramistes à qui un restaurateur a passé une grosse commande.

MARCHANDS DU TEMPLE

Promouvoir les designers et artisans indépendants, c’est aussi le mandat que s’est donné Jocelyne Bourgeois, elle-même artiste. "Il y a beaucoup de talent à Montréal!" s’exclame celle qui a travaillé à l’Arterie et au Pop Shop, ajoutant: "La communauté d’artisans d’ici est éclectique." Elle a donc mis sur pied l’événement Petits Pains "Show", Hotcakes Craft Sale en anglais, qui réunira des artistes anglos et francos, pour une troisième édition, à l’église Saint-Enfant-Jésus du Mile End. "Ils sont doués, mais n’ont pas toujours de lieux où vendre leurs créations." Là encore, il faut passer l’étape de la sélection pour être du nombre – limité – d’exposants, soit une soixantaine. Certains présentent des produits d’Amérique du Sud issus du commerce équitable, comme des vêtements en alpaga. Tout le monde gagne à fréquenter l’église Saint-Enfant-Jésus. On magasine des cadeaux pas mal plus perso, uniques (et pas contaminés à la mélamine…), on appuie un artiste local qui, lui, profite de la visibilité. Ici aussi, la diversité est à l’honneur: mode, bijoux, nourriture, produits de beauté, accessoires de maison. "On ne veut pas avoir 50 personnes qui font des mitaines ou des bijoux avec des boutons!" De fait, l’originalité est reine… "Une artiste proposait des toutous en bouteille. Je n’étais pas certaine qu’elle en vendrait beaucoup, mais ç’a été un succès!"

Faire connaître les artisans, donc, mais aussi mettre de l’avant une autre façon de consommer. "L’idée, c’est de montrer qu’on peut rester chic sans forcément utiliser des matériaux neufs. Je pense par exemple à la compagnie Cokluch, qui fait des vêtements et accessoires en cuir recyclé. D’ailleurs, n’oublions pas que des couturiers comme John Galliano et Jean Paul Gaultier ont lancé la tendance!" Selon Jocelyne, le fait que le grand public soit de plus en plus conscientisé aide la cause des artistes locaux. "L’économie alternative n’est plus marginale. À long terme, j’aimerais vraiment créer un véritable réseau, bien visible, que l’événement se transporte à Toronto, New York ou Ottawa."

Voeu pieux ou vision éclairée, l’avenir nous le dira. En attendant, on file voir ce que nous proposent nos prolifiques créateurs à l’imagination débridée. Passer du Souk au Petits Pains "Show" se fait en un saut de puce. Et rappelez-vous, on n’y trouve pas que des bijoux!

Sixième édition du Souk
Du 12 au 14 décembre, à la SAT
www.souk.sat.qc.ca, et groupe souk @ sat sur Facebook

Petits Pains "Show" / Hotcakes Craft Sale
Du 12 au 14 décembre
Église Saint-Enfant-Jésus
5039, rue Saint-Dominique
www.myspace.com/petits_pains_show