UNE CULTURE RETRO-FUTURISTE
Mais qui sont donc ces punks à vapeur dont on parle de plus en plus dans la blogosphère et les magazines de mode? Le terme s’est fait connaître par la plume de Paul Di Filippo, dont la fameuse Trilogie Steampunk se déroulait dans un 19e siècle fictif et technologiquement plus avancé que le vrai. L’auteur s’inspirait notamment des fabuleuses machines des romans de Jules Verne ou H.G. Wells. Depuis, une pléthore d’auteurs, de William Gibson à Neil Gaiman, en passant par Philip Pulman, ont contribué à ce genre qui a aussi fait des émules au cinéma, que l’on pense à Terry Gilliam et Jean-Pierre Jeunet ou à Guillermo del Toro et Joss Whedon.
UN CREDO: FAIS-LE TOI-MEME
S’inspirant du mouvement punk et de son éthique do it yourself, les steampunks les plus enthousiastes agencent leurs vêtements en pastiches hétéroclites des styles victorien et édouardien. Ils bidouillent leurs montres, en exhibent les rouages, recouvrent leurs laptops ou téléphones de caissons de cuivre, donnent à leur salon des airs de locomotive, de salle des machines de paquebot.
Par un étrange alignement des planètes, les steampunks se retrouvent aujourd’hui à l’avant-garde de la mode. Leur penchant pour les hauts-de-forme, queues-de-pie et crinolines est aujourd’hui exploité par les plus grands noms de la mode. "Le steampunk va être une des tendances majeures du printemps prochain", proclamait Barbara Atkin, v.-p. des achats chez Holt Renfrew, lors de son passage à Montréal le mois dernier. En effet, depuis plusieurs saisons, les grands designers, dont Nicolas Ghesquière, Viktor & Rolf et même le très sage Ralph Lauren, s’inspirent de cette tendance.
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UN BIJOUTIER STEAMPUNK
Daniel Proulx est bijoutier steampunk depuis dix mois. C’est en accompagnant sa blonde qui suivait des cours de confection de bijoux qu’il a décidé de se lancer dans l’aventure. "Je me suis très vite mis à faire des bagues qui avaient quelque chose de très mécanique, mais aussi de rétro dans leur fabrication. Un ami m’a dit que ce que je faisais était du steampunk." "Je ne connaissais pas le terme à l’époque mais je suis très vite tombé amoureux de cette culture." Ce qui lui plaît? L’approche bricoleuse, l’esthétique mécanique du genre. Aujourd’hui, il vit de ses créations qui font un malheur sur le Web. Toutefois, le succès de cette tendance lui fait un peu peur. "Il y a un véritable engouement pour le steampunk, mais j’ai peur que le mouvement ne soit détourné. Par définition, un objet fait à la chaîne n’est pas steampunk."
Je tiens à commenter cet article dans l’intérêt de cette sous-culture merveilleuse que j’ai découvert depuis maintenant presque 6 ans et qui me suit depuis ce moment. Il est vrai que tout ce que l’on voit regroupé sous le terme steampunk est né de la littérature de science-fiction, les auteurs mentionnés pourraient en effet être décrits comme les pilliers du mouvement littéraire steampunk. Toutefois, il y a de ça plusieurs années certaines personnes, des bricoleurs, des amateurs de science-fiction, de machinerie, des inventeurs des temps modernes qui passent leurs nuits dans leur garage à fabriquer des objets ont peu à peu transformé ce qui était de la fiction en une réalité bien tangible. Une esthétique certes, mais aussi une idéologie qui la complémente. Cette idéologie et ces valeurs associées au mouvement steampunk se caractérisent par un grand amour de la technologie, de quelque époque quelle soit, mais également par un regard critique sur celle-ci et sur les excès qu’elle engendre, les déchets qu’elle produit et cette esthétique sérielle dont elle est prisonnière de nos jours. Quand un steampunk modifie son ordinateur portable ou son lecteur mp3, c’est plus que pour le rendre attrayant, c’est pour le comprendre, se l’approprier et le transformer en un objet durable qui se rapproche des machines tellement plus durables d’une autre époque. Il en va de même pour la « mode » steampunk, qui est davantage une subversion et une appropriation personelle d’une mode d’un autre âge pour en faire un moyen d’expression, une manière d’exprimer ses intérêts et ses idéaux. Il ne s’agit pas de se costumer à l’occasion en steampunk et de peindre des engrenages sur ses vêtements griffés, mais bien de porter au quotidien des vêtements que l’on a faits, modifiés et qui exprime ce travail à la main et cet amour d’une époque pendant laquelle tout était fait avec plus d’application et de respect. Il y aurais encore beaucoup à dire sur ce mouvement et cette sous-culture fascinante qui a entrainé des créations incroyables mais je vais m’en tenir à ceci pour l’instant et j’aimerais aussi dénoter au passage que beaucoup de recherche reste à faire avant de pouvoir dresser un portrait juste de cette culture en aussi peu de mots.
Tommy