Vie

Semaine de mode : Révolution tranquille

Dans la morosité ambiante, les créateurs de mode soignent leurs collections. En 2009, été comme hiver, qualité et continuité seront les maîtres mots, et les accessoires seront bonbons pour faire passer la pilule de la crise. Petite revue des tendances en coulisse de la Semaine de mode.

L’industrie de la mode n’échappe pas à la crise. Parce qu’ils veulent nous gâter cette année, les créateurs misent sur la qualité des matériaux et de la coupe et peaufinent ce qui a fait leur image de marque. L’année n’est pas aux ruptures, mais au virage en douceur, au perfectionnement, aux détails d’importance. Le noir est roi, mais qu’on se rassure, les couleurs flashy tendance eighties se déclinent par touches, particulièrement dans les accessoires.

SOBRIÉTÉ ET NONCHALANCE

Chez Dubuc, on conserve la silhouette longiligne et on "déconstruit". Philippe Dubuc, de retour sur les podiums de la Semaine de mode montréalaise après trois ans d’absence, mise sur les nouvelles matières et élargit l’univers de sa collection en proposant un style "hybride". Les complets qui ont fait la marque du designer sont encore présents, mais la maison casse certains codes.

Exit les épaulettes, bienvenue les épaules et les poches rondes, les jeux de pinces sur les pantalons. On conserve les coutures apparentes, mais on joue aussi beaucoup sur les trompe-l’oeil, avec des surpiqués, "pour l’aspect artisanal". Côté matériaux, Philippe Dubuc refuse les compromis question qualité mais explore de nouvelles avenues et introduit des matières plus souples et plus "sportives", comme le coton lavé, ou l’alliage de laine et de coton froissé.

"J’avais envie de mélanger des matières très confortables et moelleuses et des matières plus craquantes, qui amènent aussi une luminosité particulière." La ligne printemps-été reprend également les codes maison et les détourne. Le look sportif domine. Le créateur s’autorise des écarts de conduite avec des pantalons inspirés des sarouels, ressort les rayures du placard et libère les chemises de leurs cols austères pour les remplacer par des cols montants avec cordelette.

ACCESSOIRES

C’est du côté des accessoires qu’il faudra cette année aller chercher un peu de folie. Chez Dubuc, ils soulignent la tendance au mélange des genres avec un esthétisme hyper-moderne et des détails de rusticité. Les bottes ont un aspect de "déjà porté", les anneaux des ceintures sont recouverts de cuir grossier, on ose même quelques touches de rouge. Chez Muse, on joue à fond la carte eighties en tablant sur l’aspect quincaillerie des ceintures et des boucles d’oreilles, matières plastiques et brillantes à l’honneur.

"Préciser l’image": c’est en ces termes que Christian Chenail décrit la nouvelle collection Muse. Là encore, pas de rupture de ton, mais un "repositionnement vers ce qu’on fait de mieux", avec une volonté de confectionner des vêtements "faciles à comprendre". La collection mise sur une relecture du début des années 1960, époque de glamour et de légèreté, voire de naïveté, ce qui ne peut pas nuire en période sombre. Références à Jackie Kennedy et Françoise Hardy, coupes minimalistes et près du corps, vestes menues, jupes droites, cols fins.

NOIR

Pour l’automne-hiver, le noir est toujours dominant mais se décline. Chez Dubuc, il se fait mat, irisé, ou se présente sous forme de fourrure. Chez Muse, les tons neutres – noir, gris anthracite et brun noisette – sont à la fête, mais on ose tout de même la couleur par petites touches. Fuchsia, rouge vin et prune seront de mise, accompagnés de quelques imprimés. Pour Marie Saint Pierre, le noir reste un must, quelle que soit la saison, mais on l’agrémente cet été de roses romantiques ou fuchsia, façon eighties, et pour l’automne-hiver, de bleu électrique.

La créatrice a tenu cette année à gâter ses clientes. "En période d’incertitude, on doit être plus créatif, dépasser ses propres frontières." Pas de rupture de ton dans le look qui a fait sa marque, mais des matières confortables, douillettes, comme le jersey ou le cachemire, et un soin toujours plus maniaque apporté aux détails: encolures en matières somptueuses, manches près du corps et jeux de pliages. Pour sa collection automne-hiver, Marie Saint Pierre offre du ludique, avec des vêtements qui se replient sur eux-mêmes au gré de l’inspiration.

LOOK URBAIN

"En état de crise, en général, on reste sage. Il faut justement faire le contraire", lance Faye Mamarbachi, responsable des communications chez M0851. La marque qui a fait sa réputation mondiale avec ses sacs en cuir aux lignes épurées lance une nouvelle famille de produits à base d’un nouveau matériau: le talmigo. La matière se veut "attachante" et pratique, pour son côté facile à entretenir. Et côté style, on se rapproche de l’équipement urbain, avec, détail non négligeable par les temps qui courent, une gamme de prix plus abordable.

Le bleu sera aussi à l’honneur chez M0851 cet hiver, avec une nouvelle teinte de cuir turquoise pour les sacs. Et pour ce qui est des couleurs vives, il faudra là aussi regarder du côté des accessoires, avec une ligne de foulards en lin qui osera le fuchsia, le mauve, le jaune, l’orange, le rose ou encore le blanc.

www.dubucstyle.com
www.m0851.com
www.mariesaintpierre.com
www.muse-cchenail.com