Vie

Nathalie Guez : Chaises narratives

Elle fait d’étranges chaises qui racontent l’Afrique traditionnelle, des fauteuils qui évoquent la maternité. Nathalie Guez fabrique des meubles ergonomiques, métaphysiques et artistiques. Rien de moins.

Au dernier Salon International du Design d’Intérieur, elle présentait ses créations aux côtés d’autres artisans de l’espace Série Limitée. Pourtant, Nathalie Guez ne voit dans sa production ni de l’artisanat, ni du design, mais de l’art. Malgré tout, la fonctionnalité reste au coeur de sa démarche créative. "La fonction d’un objet est très importante pour moi; c’est mon côté rationnel." Mais si un visiteur s’aventure à essayer l’une de ses chaises, comme ce fut le cas au SIDIM, elle le rappelle à l’ordre pour éviter qu’il ne l’abîme. Ces chaises ne seraient alors fonctionnelles que pour le plaisir des yeux?

Née à Paris, c’est en Israël qu’elle passera la moitié de sa vie. C’est d’ailleurs là-bas qu’elle exercera son métier de base, l’architecture, pour lequel elle a fait des études en France. En parallèle, elle s’adonne à une passion qui remonte à l’enfance: la sculpture sur bois. Comme elle veut que ses créations soient fonctionnelles, c’est au design de chaises qu’elle va se consacrer pendant 10 ans. "La chaise, avec ses pieds, ses bras, son dos, est le meuble qui ressemble le plus à l’humain. Or, c’est l’être humain sous tous ses aspects qui motive ma démarche artistique", explique-t-elle. Alors elle se met à produire et à participer à différents concours et expositions, en Israël et en Europe. C’est à Montréal, où elle est installée depuis quatre ans, qu’elle présentera sa première collection, à la galerie du Victoria Hall, dans le cadre des portes ouvertes Art Westmount d’octobre 2008.

JEU DE RÔLE

Parmi ses créations, on est d’abord frappé par sa collection d’Afro-chaises, des chaises noires, à l’assise trapue et au dossier fin et élancé, qui représentent certaines tribus primitives. Les deux longues tiges qui constituent leur dossier sont agrémentées d’une forme évoquant un élément de parure rituelle qui caractérise chaque tribu. À côté de ces chaises narratives, les fauteuils veulent porter une dimension métaphysique (l’élévation spirituelle pour Asia et la maternité pour Myriam). Mais Nathalie Guez tient à ne pas se limiter aux symboles puisque ses créations sont aussi pour elle une façon de repenser une certaine ergonomie traditionnelle. Ainsi, son fauteuil Myriam propose un jeu de rôle permettant de passer alternativement d’une assise conventionnelle dans laquelle on est adulte à une position où l’on se retrouve enveloppé par le fauteuil lui-même, comme un enfant dans les bras de sa mère.

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