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TOHU : TOHU-bohu

La TOHU fête ses cinq ans et nous gratifie d’une exposition relatant son histoire. Cinq années de revitalisation urbaine, sociale, environnementale.

On a beaucoup parlé de la TOHU d’un point de vue architectural: une salle de spectacles circulaire à géométrie variable unique en son genre au Canada, l’un des premiers édifices certifiés LEED au Québec, etc. Pourtant, la TOHU est bien plus qu’un bâtiment. C’est un projet original de réhabilitation d’un quartier défavorisé autant d’un point de vue environnemental que social. C’est cette triple dimension que veut souligner l’organisme avec son exposition D’une idée à une Cité: 5 ans d’équilibre. Comme l’explique son directeur général, Stéphane Lavoie, "la TOHU, c’est une idée d’équilibre qui émerge du chaos (ou tohu-bohu)".

UNE IDÉE D’ÉQUILIBRE

Ce chaos, c’était un environnement blessé par une succession d’exploitations abusives. À la fin du 19e siècle, on en fait une carrière de pierre calcaire qui produira pollution, poussière et de dangereuses projections de pierres à la suite de dynamitages mal contrôlés. À partir de la fin des années 1960, c’est presque pire, avec sa transformation progressive en dépotoir géant et son lot d’odeurs pestilentielles, de vermine et… de rats. À la fin du siècle dernier, elle deviendra le deuxième plus grand site d’enfouissement de déchets en milieu urbain en Amérique du Nord.

Ce chaos, c’est aussi la nature du quartier Saint-Michel, avec sa population composée de nombreuses communautés d’immigrants (la troisième plus grande concentration d’immigrants à Montréal), dont les deux cinquièmes vivent sous le seuil des revenus faibles.

L’équilibre, c’est la réhabilitation du site sous l’impulsion du cirque. Après le nouveau siège social du Cirque du Soleil (1997) et l’École nationale de cirque (2003), c’est au pavillon de la TOHU d’y ouvrir ses portes en 2004. Le site, rebaptisé Complexe environnemental de Saint-Michel (CESM), deviendra progressivement une vitrine de l’écologie montréalaise avec son centre de tri, sa centrale de récupération des biogaz produits par le site d’enfouissement et sa plateforme de compostage et de déchiquetage du bois. À partir de 2020, il se couvrira d’un parc de 192 hectares, comparable à celui du Mont-Royal. En parallèle, la TOHU s’impose comme un pôle majeur d’intégration sociale pour le quartier Saint-Michel. Sa vocation communautaire se traduit par des événements remarqués comme la Falla ou la Fête Éco-Bio Paysanne. Par ailleurs, elle met sur pied des programmes d’insertion professionnelle comme Cirque École (pour les jeunes à risque de décrochage scolaire) ou crée des postes pour des jeunes du quartier.

LE CIRQUE, LA TERRE, L’HUMAIN

La TOHU met en scène cette idée d’équilibre dans une exposition qui s’inscrit sous le signe de la simplicité, du symbole et du jeu. À l’entrée, un large écran tactile fait voyager le visiteur, par simple pression du doigt, à travers le passé, le présent et le futur du CESM. Les murs de l’espace d’exposition sont transformés pour l’occasion en tableaux pour que chacun puisse y dessiner ou écrire sa vision de la TOHU à un horizon de 5 à 50 ans. À l’intérieur, trois grands panneaux circulaires, évoquant la forme cylindrique du bâtiment, représentent chacune des facettes de son identité: le cirque, la terre et l’humain. En se glissant à l’intérieur de chaque espace qu’ils forment, le visiteur découvrira une brève synthèse de l’histoire de la TOHU, avec ses dates-clés et ses événements marquants.

Le récit visuel consacré à l’Humain débute avec le relais de la flamme olympique en juin 2004, pour parcourir les interventions sociales de l’organisme, comme les fêtes communautaires ou le programme d’emploi Saint-Michel, avant d’évoquer la programmation artistique avec des spectacles comme le Starmania version haïtienne de 2008. Sous le chapiteau virtuel de l’Environnement, c’est l’histoire du site qui est mise en scène, des débuts de la colonie au futur parc prévu pour 2020, en passant par l’inauguration de la TOHU, la Fête Éco-Bio Paysanne et l’exposition Mines d’ordures du photographe Paul-Antoine Pichard. Le dernier panneau célèbre la richesse de la programmation artistique (avec ses 300 représentations et plus de 225 000 spectateurs en 5 ans) et son rôle dans la promotion des arts du cirque.

Exposition D’une idée à une Cité: 5 ans d’équilibre
Jusqu’au 14 juillet
À la TOHU
www.tohu.ca