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Saucier + Perrotte : Architecture québécoise à l'honneur

La démarche créative de Saucier + Perrotte a été récemment récompensée par le très prestigieux prix d’excellence de l’Institut royal d’architecture du Canada pour la meilleure firme d’architecture au pays.

Voir: Que représente ce prix pour vous?

André Perrotte: "C’est une grande fierté de l’avoir obtenu, d’autant qu’il récompense non pas la réalisation d’un édifice en particulier, mais la qualité de notre pratique dans son ensemble. Ce genre de reconnaissance est rare pour une firme relativement jeune comme la nôtre."

Pourquoi, selon vous?

A.P.: "Nous représentons cette vague de jeunes architectes des années 1980-90 qui sont venus remettre en question la suprématie des grands noms de l’architecture canadienne. Dès nos débuts, en 1989, nous avons été retenus comme finalistes au concours d’architecture pour la construction de l’hôtel de ville de Kitchener en Ontario, aux côtés de quatre incontournables de l’époque. Ça a intrigué tout le monde et ça a fait rêver les jeunes générations: il était possible d’être reconnu tout de suite!"

Devant votre reconnaissance à travers le Canada et même à l’étranger, certains sont surpris de ne pas vous voir plus présents au Québec…

Gilles Saucier: "Cela me surprend moi-même! Nous avons cette reconnaissance de nos pairs au Canada. Nous avons été retenus comme finalistes aux côtés d’architectes comme Jean Nouvel et Diller Scofidio pour la construction du futur Centre national de musique à Calgary. Je vais à Londres pour présenter un projet de village technologique au Nigeria, en concurrence avec Rem Koolhaas et Massimiliano Fuksas. Mais nous ne sommes pas retenus pour la nouvelle salle de l’OSM, ni pour le futur Planétarium, ni pour la prochaine transformation de la station-service de Mies van der Rohe en centre communautaire."

Comment expliquez-vous cela?

G.S.: "Il existe une étrange dichotomie entre la reconnaissance internationale d’un architecte québécois et le piètre intérêt qu’il suscite chez lui. On parle pourtant ici beaucoup de mise en valeur de nos designers. Marie-Josée Lacroix fait un travail remarquable avec ses ateliers de design urbain et ses Portes Ouvertes que j’ai personnellement soutenues comme porte-parole. Mais toutes ces initiatives ne semblent pas suivies par nos élus. Il faudrait que la Ville prenne ses responsabilités en valorisant la compétence de nos designers, plutôt que d’offrir les contrats aux plus bas soumissionnaires, comme dans le cas de l’OSM."

Du coup, vous travaillez plus en Ontario qu’ici?

A.P.: "C’est vrai qu’il y a un bouillonnement en Ontario depuis quelques années. Ils sont assez bons pour aller chercher de grands architectes comme Libeskind ou Gehry et assumer des réalisations audacieuses, capables de fabriquer le caractère unique d’une ville…"