Vie

Coaching d’affaires pour femmes artistes : Une affaire de femmes

Difficile quand on est artiste de mener de front une carrière en terme de création et d’affaires. Lucie Laviolette a initié les coachings d’affaires pour femmes artistes.

Voir: Pourquoi avoir décidé de coacher spécifiquement des femmes?

Lucie Laviolette: "Pour plusieurs raisons, la plus fondamentale étant liée à mon propre parcours. Je suis entrepreneure depuis 30 ans, et j’ai été amenée à former sur le tas des femmes qui travaillaient pour moi, à les encourager pour qu’elles deviennent travailleures autonomes, ce qui n’était pas évident à l’époque. À l’époque, j’étais très engagée dans le féminisme, et par ailleurs j’étais (et je suis encore) aussi sculpteure. Quand on est venu me chercher pour élaborer une formation pour les femmes artistes de la relève, j’y ai vu l’opportunité de mettre à profit mes expériences. J’ai donc mis sur pied de toutes pièces une formation qui allie les affaires traditionnelles et la gestion de carrière artistique. C’était nouveau sur le marché."

Lier le monde artistique et celui des affaires n’est pas évident. Avez-vous rencontré de la résistance?

"C’était carrément tabou à l’époque! On ne pouvait pas considérer les artistes comme des entrepreneurs. Mais la demande a été immédiate. À tel point que je n’ai pas pu dès la première année répondre à toutes. Par ailleurs, puisque cette formation était axée sur la relève, j’avais affaire à de jeunes artistes, qui avaient moins de préjugés que leurs aînées. Aujourd’hui, la formation s’adresse à des femmes de tous les âges. C’est très enrichissant. Mais une partie de notre travail reste de les aider à faire la paix avec certains termes, comme ‘finances’, ‘marketing’, ou ‘droits des affaires’!"

Comment se déroulent les sessions?

"Les cours durent 12 semaines et sont reconnus par le ministère de l’Éducation. L’objectif est bien évidemment de permettre à ces femmes d’acquérir les compétences nécessaires pour devenir entrepreneure. La formation est donc très individualisée et les cours, très denses: comment se présenter comme artiste? résoudre les problèmes de diffusion? obtenir des subventions?, etc. Un jour par semaine, nous nous rencontrons; le reste du temps, elles doivent travailler sur leurs projets individuels."

La formation est très axée sur l’aspect pratique?

"Dès le départ, les femmes qui participent au programme doivent arriver avec un projet, ou au moins une idée, même si elle n’est pas totalement définie. Ça va de la chanteuse d’opéra à la ‘drummeuse’ rock, en passant par des artistes en arts visuels, dont certaines déjà bien établies, qui exposent dans des galeries ou dans les musées, mais qui ont besoin de se restructurer. D’autres sont en début de carrière et veulent apprendre comment gagner leur vie avec et sans leur création. Nous leur donnons donc des outils pour devenir autonomes financièrement, afin qu’elles ne deviennent pas des artistes vieillissantes et pauvres (rires)."

Des exemples de réussites?

"Il en existe des dizaines! J’ai eu une violoncelliste de talent qui s’était blessée et ne pouvait plus devenir pro. Elle a développé des cours et des ateliers de sensibilisation à la musique classique auprès du grand public, en plus de conserver une activité artistique au sein d’un quatuor. On rencontre des scénarios très différents les uns des autres. Une artiste en arts visuels, qui galérait depuis quatre ans après son bac, a fini après notre formation par obtenir une subvention des arts et lettres et une expo solo."

Coût des sessions: 340 $
Information Mon projet d’affaires: 514 273-8740

ARTISTE ET FEMME D’AFFAIRES

Mance Lanctôt est artiste peintre. Elle a suivi un programme de coaching d’affaires pour femmes artistes: "Après avoir travaillé comme designer, j’avais envie de créer pour moi, de me lancer dans une carrière d’artiste, mais je ne savais pas comment m’y prendre pour que cette démarche soit rentable. En 2007, j’ai vu une annonce dans le Voir, pour la formation de coaching d’affaires, qui était donnée par Lucie Laviolette dans le cadre du Centre d’entrepreneuriat féminin du Québec. J’ai décidé de m’inscrire après avoir participé à une journée d’information. En 12 semaines, j’ai appris à monter un dossier, à comprendre comment fonctionnent les droits d’auteur, à identifier ma clientèle, à définir mes objectifs et à établir mes prévisions budgétaires. Ce qui est formidable dans cette formation, c’est l’apport d’intervenants professionnels et spécialisés dans leur domaine, qu’il s’agisse de comptabilité ou de législation. Par ailleurs, le fait de travailler en groupe m’a permis de construire un réseau de contacts, au sein duquel je reçois conseils et encouragements. Concrètement, après cette formation, j’ai obtenu deux expos solo et vendu plusieurs tableaux. Je gagne encore ma vie comme graphiste, mais je continue à viser une carrière d’artiste à temps plein!"