Vie

Collectif A&D : Environnement graphique

Le nouveau collectif A&D présente sa première exposition à la Société des arts technologiques. L’occasion de se rendre compte à quel point le design graphique prend une place prépondérante dans nos vies.

Après la tribune d’expression que constituent les soirées Pecha Kucha et le soutien commercial que met en place depuis un an le collectif EDI, voici Art & Design (A&D), une nouvelle initiative pour faire sortir de l’anonymat certains designers graphiques. L’idée est simple et efficace puisqu’il s’agit de diffuser le travail de designers et de photographes par le biais d’une série d’expositions, de catalogues imprimés et d’un site Web. "L’objectif est de montrer autant les créations personnelles des participants que leur travail commercial", explique Patrick John-Lord Joseph, l’un des quatre cofondateurs d’A&D.

Pour leur première exposition d’un soir qui se tiendra à la Société des arts technologiques, les quatre fondateurs d’A&D ont choisi de présenter, comme le dit Patrick John-Lord Joseph, leurs "coups de coeur", soit cinq photographes, quatre illustrateurs et quatre designers graphiques. Cette exposition se retrouvera ensuite à l’hôtel W jusqu’en décembre. Son catalogue imprimé, fait en collaboration avec le Centre Canadien d’Architecture, Design Montréal, Infopresse, la Société des designers graphiques du Québec et Icograda, sera disponible au Centre canadien d’architecture, dans les chambres de l’hôtel W et, plus tard, à travers le réseau de la maison d’édition Taschen.

SCULPTURES GÉANTES

Ce qui frappe particulièrement dans cette exposition, c’est la mise en évidence du lien qui s’établit de plus en plus entre le design graphique et une façon de concevoir l’objet et l’espace urbain. On pourrait presque dire que nos environnements quotidiens deviennent de plus en plus graphiques…

À titre d’exemple, l’agence de design Transistor s’est illustrée par la réalisation de murales très graphiques qui se fondent dans l’architecture d’un lieu. Qu’il s’agisse d’habiller une boutique de vêtements, de représenter une métropole chez un particulier ou d’évoquer un concept de festival de musique underground, le design graphique vient donner une identité à un espace donné. De son côté, le tandem montréalais Seripop, que l’on connaît pour ses affiches de concerts et ses pochettes de disques, s’est lancé dans la création de sculptures géantes en papier qu’il pose au milieu d’espaces graphiques dans lesquels les murs et le sol sont maculés de signes cabalistiques très colorés.

"C’est une représentation du côté éphémère de la ville qui se transforme en permanence, nos sculptures étant par nature fragiles et jetables", commente Chloe Lum. Ils ont d’ailleurs l’intention de les transporter à l’extérieur cet hiver pour ramener Montréal à une représentation graphique éphémère. Le collectif Rita est aussi bien connu pour ses installations urbaines graphiques, avec notamment le découpage virtuel à gros pointillés blancs de l’église Saint-James en 2006 ou, l’été dernier, les enseignes lumineuses indiquant le taux d’occupation des bancs publics du parc des Compagnons-de-Saint-Laurent. Et pour eux, un aménagement intérieur peut aussi être graphique, comme l’a démontré leur habillage de la Cinémathèque lors des derniers Rendez-vous du cinéma québécois.

GODASSES DESIGN

Mais le graphisme peut également se réaliser dans l’objet, à l’instar de la chaise "dossier" (filière) que Rita présente à l’exposition A&D. D’ailleurs, l’un des deux membres du collectif vient de partir un an en Suisse pour faire des études en… design d’objet. Le lien entre design graphique et design d’objet est devenu aujourd’hui si fort que les organisateurs d’A&D ont décidé d’en faire un des thèmes de leur exposition. Le collectif s’est associé à la marque de chaussures de sport Creative Recreation pour inviter certains designers à modifier des chaussures de la marque selon leur inspiration. "Nous voulions prouver que les designers de Montréal pouvaient produire quelque chose de très créatif pour une marque connue, à l’image de ce que Kanye West a fait pour Louis Vuitton", explique Patrick John-Lord Joseph. C’est un exercice dans lequel excelle le couple de graffiteurs déjantés 123Klan (qui ne nous présentera que des affiches à l’exposition), qui a réalisé en 2007 une version "explosée" de la chaussure Adidas traditionnelle pour la bannière Footlocker.

www.artdesignmontreal.com