Andy Thê-Anh dévoilait sa collection printemps-été 2010 dans le cadre de la Semaine de mode de Montréal (SMM). Cette fois, pas de défilé flamboyant, simplement une présentation révélant les 15 looks clés de la saison. Contrecoup en cette période d’incertitude économique? Pas du tout! C’est plutôt que le couturier a nommé un nouveau président à la tête de son entreprise, en pleine restructuration. Au menu: vent de fraîcheur et expansion internationale.
Voir: Étienne Lecompte, MBA en gestion des entreprises de luxe, est votre nouveau président. Comment cette association s’est-elle présentée?
Andy Thê-Anh: "Je dirais que c’est une suite logique en lien avec la croissance de l’entreprise. Mon nouvel associé a seulement 29 ans, et il revient de Paris pour relever ce défi. Il comprend très bien l’industrie. Je me suis d’ailleurs toujours associé à des gens qui ont un background en entreprise et une large vision des affaires. Parce que, en bout de ligne, la mode est une industrie."
La maison vivra une importante restructuration stratégique. Ça veut dire quoi concrètement?
"Depuis l’année dernière, nous avons misé sur une distribution plus sélective au Canada. Voilà qui change la façon dont nos clients voient la collection. Ils font de plus grosses commandes parce qu’ils profitent de l’exclusivité. Depuis ce printemps, on a aussi une salle de montre permanente aux États-Unis. Du côté de nos boutiques, l’apparence va tranquillement changer. Tout ça est en marche afin de transmettre une image claire et précise de qui nous sommes."
Vous comptez conquérir avec plus de vigueur le marché international. Comment perçoit-on la griffe à l’extérieur du Canada?
"Aux États-Unis, ça va bien. Ce pays est proche de nous et nous avons sensiblement la même façon de penser. Pour une troisième saison, quelqu’un nous représente en Grèce et nous recevons aussi de très bonnes réactions concernant nos robes de soirée dans les pays arabes. Mais certains marchés européens sont plus complexes à rejoindre. Pour être franc avec vous, s’implanter en France ou en Italie, on oublie ça! Là-bas, les commerçants sont plutôt protecteurs et impérialistes."
Cette nouvelle vision d’entreprise a-t-elle influencé vos créations?
"De plus en plus, je vais délaisser le côté gestion pour me concentrer sur le design. Je veux amener du changement, mais je ne crois pas en la révolution, plutôt en l’évolution. Pour le printemps prochain, la collection est plus proche de moi: un peu plus structurée – j’adore la structure! Le changement passe toujours par les détails dans la façon technique de concevoir le vêtement plutôt que par les garnitures."
Comment décrire cette série présentée à la SMM?
"L’idée de la collection m’est arrivée alors que je lisais le livre Bleu: Histoire d’une couleur, de Michel Pastoureau. C’est un essai analytique sur la couleur, du Moyen Âge jusqu’à maintenant. J’ai ensuite découvert que le bleu était la couleur à porter préférée de bien des femmes. Je propose une gamme qui passe du bleu franc au bleu ciel, toujours jumelé à nos couleurs de base habituelles: le blanc, le noir et le gris."