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Semaine de Mode : Bal des débutantes

Elles ont fait leurs premiers pas cette année sur le tapis rouge de la Semaine de Mode de Montréal. Pas oies blanches pour autant, ces "débutantes" n’ont pas peur d’imposer leur marque. Françaises et Québécoises, regards croisés sur la nouvelle vague.

À deux, c’est mieux

Rafraîchissante. Si Barilà présentait son premier défilé cette année dans le cadre de la Semaine de Mode de Montréal, la griffe n’en est pas à sa première apparition à l’événement. "Nous avons déjà participé au showroom, mais nous voulions attendre d’être prêtes pour présenter une collection qui laisserait une marque", explique Sabrina Barilà, l’une des deux têtes pensantes de la petite entreprise déjà présente dans 20 points de vente au Québec, 40 en tout à travers le Canada. Habituée de l’industrie de la mode, pour laquelle elle a travaillé de l’âge de 25 à 31 ans, Sabrina a créé en 2007 sa propre compagnie, en partenariat avec sa soeur Claudia. Une gageure dans un contexte où, dit-elle, "il faut se débrouiller tout seul: nous n’avons pas accès au Québec à une machinerie qui nous aiderait à passer au niveau supérieur de production". Conclusion, ajoute-t-elle, il est important de voyager pour s’inspirer: "Les gens à Montréal ont un look très particulier. Mais je trouve la mode européenne plus plaisante esthétiquement et moins conservatrice pour ce qui est des couleurs." La maison s’est donc amusée pour cette collection printemps-été, côté couleurs (mauves, rouges, oranges, lavande, bleus, "je veux de tout!") et matières (tricots ultralégers et cotons côtoient des matières ultrabrillantes, faux cuirs perforés et suède). Les coupes restent irréprochables. À suivre, donc.

Autre entrée remarquée cette année sur le tapis, la marque Annie 50 met du piquant sur la planète mode au Québec. Fondée par Amélie, 33 ans, et Annie, 29 ans, l’entreprise a eu cinq ans le 14 février. Une histoire d’amitié fructueuse puisque Annie 50 a déjà une clientèle fidèle, qui craque pour le style rétro-moderniste de la collection. "Nous nous inspirons des années 50 pour ce qu’elles représentent en termes de féminité, explique Annie, pas forcément pour les coupes." C’est dans le détail qu’il faut aller chercher l’esprit d’Annie 50: imprimés avec gros pois noirs et blancs, lin très présent. "Nous voulons projeter l’image d’une femme à la fois mystérieuse et moderne, active." Présente dans 20 points de vente, dont 15 au Québec, la marque a bénéficié d’un important bouche à oreille et espère bien s’imposer de manière plus large au Canada. L’Europe? "La mode y est plus sobre, plus classique, me semble-t-il, dit Annie. Les matières, plus fluides. En ce qui nous concerne, ce n’est pas pour tout de suite!"

Les nouveaux visages de l’Hexagone

Sophistication. La Semaine de Mode de Montréal invitait cette année une dizaine de designers français à fouler le tapis rouge pour un défilé unique. Parmi les marques sélectionnées, la designer Eun Jung Choi, qui fait ses débuts en présentant sa deuxième collection devant le public. Sud-Coréenne installée à Paris depuis quelques années, elle se démarque déjà par sa maîtrise des coupes et sa capacité à saisir l’air du temps. Un talent qu’elle a étoffé en travaillant successivement pour Sonia Rykiel et Chloé, chez qui elle a pu perfectionner son penchant pour la broderie et la maille. De ces influences, mêlées à son parcours, Eun Jung a développé un style "chic et confortable" qui n’exclut pas le jeu des formes et des volumes, y compris dans l’emploi du noir et blanc. Encore à ses débuts, la jeune designer porte un regard curieux sur la création outre-Atlantique mais avoue ne pas connaître grand-chose des créateurs d’ici.

Autre histoire, autre structure. La marque Ethos Paris a bouleversé le paysage du prêt-à-porter parisien en imposant l’emploi de textiles bios et équitables. Créée par Annie Leroux, une Californienne basée à Paris, en 2002, l’entreprise a pris un tournant décisif avec l’arrivée de la designer Johanna Riplinger, ex-styliste chez Guy Laroche. Le défi: développer des collections dont le style n’a rien à envier aux grands noms du prêt-à-porter en utilisant uniquement des matériaux éthiques, tout en restant compétitif dans un marché super concurrentiel. Résultat: quatre gammes, de la plus classique à la plus créative, et des modèles hyper-tendance, qui n’ont rien à envier à des marques solides comme le Comptoir des Cotonniers. Du bio hype, à des années-lumière de la tendance grano, et des velléités de développement sur le territoire nord-américain… on piaffe d’impatience!

www.barilaclothing.com
www.annie50.com
www.eunjungchoi.com
www.ethosparis.com