Vie

Éric Pelletier : Comprendre avant de construire

De la bibliothèque de Charlesbourg au Musée de la Gaspésie, l’architecte Éric Pelletier est surtout reconnu pour ses réalisations institutionnelles. Mais son approche, axée sur l’intégration du bâtiment à son milieu, est tout aussi applicable au résidentiel…

Saint-Roch, entre Saint-Vallier et Arago. Anciennement: un garage. Maintenant? Un loft. À la demande du propriétaire, l’équipe d’Éric Pelletier architecte a ni plus ni moins réinventé l’endroit. À l’intérieur, un espace chaleureux, au centre duquel on trouve une cour intérieure. Le coeur de la structure, autour duquel tout le reste est greffé: sommeil, cuisine, séjour. À l’extérieur, une intervention contemporaine qui s’intègre bien à la dynamique du quartier. "La réflexion a porté sur le côté industriel. On a tenté de se positionner en s’assurant que les qualités de l’édifice soient maintenues, pour ne pas le dénaturer mais en même temps l’actualiser dans un vocabulaire qui n’était pas nécessairement industriel", explique l’architecte Éric Pelletier.

Pour celui qui avait cofondé, en 1995, la firme Croft Pelletier, l’essentiel reste l’intégration de la construction dans son milieu, naturel ou urbain. "Il faut comprendre les éléments qui sont en place, savoir comment les intégrer. Le loft, en pleine ville, on l’a fait replié sur lui-même. Dans d’autres cas, il faut plutôt s’ouvrir sur les lieux, mettre les gens en immersion dans leur environnement." En fait, selon lui, impossible de sortir le bâtiment de son environnement immédiat. "J’ai toujours privilégié une approche rattachée au contexte urbain, social, historique, naturel. Je joue sur la perception des choses: je veux que les gens voient qu’il se passe quelque chose. Qu’ils voient la différence, s’arrêtent et essaient de comprendre. J’aime quand on est obligé de se questionner, qu’il y ait autre chose que du copier-coller, mais avec un respect de la continuité, de l’évolution naturelle des choses."

Bien entendu, il ne faut pas se gêner pour sortir des carcans traditionnels. Exemple? Pour une maison en pleine nature, au bord d’un lac, l’architecte a placé le salon au troisième étage. Raison invoquée: aller chercher le maximum du paysage. Créer un espace à la cime des arbres. Ou encore, dans le cas d’une maison réalisée à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, arriver à ce que la nature face office d’ornementation. "Cette maison est en pleine forêt. Quand les feuilles tombent, avec l’arrivée de l’hiver, les gens des environs voient ce grand volume rouge apparaître. De l’extérieur, il paraît un peu mystérieux. De l’intérieur, on a véritablement l’impression de vivre dans les bois. Dans des cas comme celui-là, on va essayer de respecter le site, d’y intervenir le moins possible", note Éric Pelletier.

Dans tout ça, l’essentiel reste le dosage des gestes. Leur gradation. Il faut mettre l’accent sur l’espace plutôt que sur des matériaux dispendieux. Cibler les interventions. Une approche qui permet de réaliser des petits miracles avec des budgets pas toujours faramineux. "Il y a moyen, avec un budget raisonnable pour une résidence, de faire quelque chose avec un projet d’architecture. Autant pour une résidence que pour un édifice public, on va travailler en fonction du budget. Ça fait partie du défi."

Éric Pelletier architecte
362, chemin de la Canardière
418 649-0415
www.epelletier.com