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Guide cadeaux : 100 000 ans de beauté : La beauté des âges

Les Éditions Gallimard et L’Oréal font paraître 100 000 ans de beauté, une fascinante encyclopédie qui retrace l’extraordinaire variété des gestes esthétiques depuis les débuts de l’humanité.

C’est une première, un ouvrage de référence inédit: une encyclopédie de la beauté qui regroupe 400 articles, signés par les plus grands spécialistes du domaine, et jette un regard sérieux, scientifique et historique sur l’histoire de la beauté.

Premier constat: l’homme n’a pas de plus vieille obsession que celle du paraître. L’idée de beauté existait avant que l’art naisse. L’histoire de la beauté est plus vieille que l’histoire de l’art. "Dans l’histoire de l’humanité, l’explosion figurative a eu lieu relativement tard. Mais très tôt, les hommes se sont parés, ont donné des qualités esthétiques à leurs outils, à leurs bijoux. On note, dès la préhistoire, une recherche de la symétrie qui correspond à une certaine idée de la beauté, à une vraie volonté d’harmonie", explique Elizabeth Azoulay, la directrice de la publication.

Modelage du corps

S’il y a un fil conducteur entre les âges et les cultures, c’est l’extraordinaire plasticité du corps humain et ce qu’on attend comme avantages de sa manipulation. Sont cités, dans ces ouvrages, des exemples particulièrement impressionnants: les Olmèques, qui modifiaient la forme de leur crâne; les pieds bandés des Chinoises. Pour l’homme, le corps est une matière première, on le transforme pour marquer son appartenance à un groupe. Selon Elizabeth Azoulay, "on touche là la question fondamentale des motivations de l’embellissement. Le rôle premier des codes esthétiques est de servir comme carte d’identité d’un groupe."

Autre élément important au coeur de notre pratique de la beauté: l’homme est le seul animal qui n’a pas de périodes reproductives. "Il fallait donc organiser les choses, renforcer l’appartenance aux genres afin de mieux les distinguer. On rentre alors dans le domaine de la stratégie individuelle: modifier son apparence physique pour être plus attirant."

La beauté, alors, n’est pas que l’affaire des femmes. "C’est une hypocrisie de penser que les hommes ne s’intéressent pas à la beauté, constate Elizabeth Azoulay. C’est une vision que nous avons héritée de la révolution bourgeoise et victorienne des choses. Les hommes se sont toujours habillés, coiffés, maquillés même, avec beaucoup d’attention."

Demain

Préhistoire, Antiquité, âge classique, modernité, c’est toute l’histoire humaine qui est ici racontée. L’histoire de la beauté, c’est l’histoire de l’intimité. Le cinquième volume du coffret est peut-être le plus surprenant. On tente d’y imaginer l’avenir du paraître. Des oeuvres et réflexions d’artistes et de designers d’avant-garde: Orlan, Sophie Calle, Pascal. "Nous nous sommes demandés quelles étaient les questions de civilisation qui porteraient à redéfinir la beauté. L’allongement de la vie sera une donnée importante. Il nous faudra un corps qui dure, présentable jusque dans sa vieillesse. Le deuxième aspect est celui de la frontière entre les genres, qui est de plus en plus poreuse. Un troisième sera la notion de la virtualité, de la représentation identitaire au sein d’un vaste conglomérat technologique. L’enjeu majeur de l’avenir sera peut-être de se distinguer de la machine."

100 000 ans de beauté
dirigé par Elizabeth Azoulay
Éd. Gallimard, 5 volumes, 2009, 230 $