Christopher Brosius déteste les parfums qu’on sent à un coin de rue, tout comme les effluves de musc synthétique le rendent malade. Par contre, il adore la senteur des plants de tomates ou celle de la neige. "J’ai toujours préféré les odeurs réelles", confie l’inclassable parfumeur new-yorkais. Sa ligne de parfums ironiquement nommée I Hate Perfume est composée d’intrigants parfums tels que I am a Dandelion, qui embaume la pissenlit, ou Memory of Kindness, qui évoque justement la fraîche odeur des plants de tomates. À mille lieues de l’industrie du parfum qui offre trop souvent des produits formatés, la démarche de Christopher Brosius s’apparente davantage à celle d’un artiste. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait été le premier parfumeur dont l’oeuvre soit exposée dans un musée, en l’occurrence le Cooper-Hewitt de New York, et que l’on puisse désormais sentir ses créations à la boutique-galerie Commissaires. Dans sa galerie de Brooklyn, qui est aussi son laboratoire, l’alchimiste crée des parfums à partir de 300 accords, dont les plus inusités sentent les tortillas ou le roast-beef. Si Christopher Brosius convient que personne ne voudra porter un parfum qui sent le roast-beef, il affirme que cet accord ne laisse personne indifférent puisqu’à tout coup il a droit à la remarque: "Ça me rappelle la cuisine de ma mère!" "J’aime les parfums qui racontent des histoires", confie le parfumeur qui s’est d’ailleurs inspiré de souvenirs pour créer la collection Secret History, qui compte entre autres At the beach 1966, un mélange de sable mouillé, de coquillages et de crème solaire. De 69 $ à 118 $, à la galerie Commissaires, 5226, boulevard Saint-Laurent, www.commissairesonline.com.