Quand il est question de retour au travail après une absence prolongée pour problèmes de santé mentale, la formule "Prêt, pas prêt, j’y vais!" ne s’applique pas. Le premier danger auquel s’exposent les travailleurs est de se retrouver à la case départ. "Plusieurs employés retrouvent leur emploi là où ils l’avaient laissé, et dans certains cas, la charge de travail est encore plus importante", explique la professeure à l’Université Laval Louise Saint-Arnaud.
Ainsi, 45 % des personnes qu’elle a rencontrées dans le cadre d’une étude sur le sujet qualifiaient encore leur situation d’à risque. La différence avec ceux qui jouissaient d’un bon retour au travail? "Ceux qui ont réussi à imposer des changements dans leur ancienne routine se portent habituellement beaucoup mieux." Mais pour apporter des changements, encore faut-il être en mesure d’identifier les situations problématiques au bureau. "Avant même d’envisager un retour au travail, il faut savoir reconnaître les éléments perturbateurs qui sont en partie responsables de la détérioration de notre état", précise Louise Saint-Arnaud. Il faut parfois anticiper le retour avant même de quitter le travail. "Plus on tarde à accepter sa situation et son besoin de s’arrêter, plus la situation s’aggrave au bureau. Le retour ne peut qu’en être affecté."
Une rencontre avec le supérieur immédiat s’impose avant de reprendre son horaire habituel. "Il ne faut pas hésiter à inclure une tierce personne dans la rencontre pour faciliter le dialogue. Souvent, le patron se trouve en conflit d’intérêts sans le vouloir." Louise Saint-Arnaud croit qu’il faut aussi se méfier du retour progressif. "Il n’y a pas que le nombre de jours qui doive être progressif, la tâche de travail aussi. Sinon, l’employé aura encore l’impression d’être inefficace dans ses fonctions et sera tenté de revenir encore plus vite à la semaine de 40 heures." La professeure suggère aussi de garder le remplaçant en place le temps que l’employé permanent se sente complètement remis. Évidemment, toutes ces exigences commandent des efforts qui peuvent sembler énormes pour des gens qui sortent d’un épisode dépressif. Mais cette reprise de contrôle engendre aussi une reconstruction de l’estime de soi grâce au sentiment d’efficacité.